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Le paradoxe de la Croix

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 15 sept.
  • 3 min de lecture

24e dimanche - La Croix Glorieuse - 14 septembre 2025

Évangile selon saint Jean 3, 13-17


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Chers Frères et Sœurs,

 

La fête d’aujourd’hui nous place au cœur d’un paradoxe où la croix est à la fois le signe de la plus grande souffrance et le signe de la plus grande espérance. En effet, pour les contemporains de Jésus, la croix était l’instrument de supplice le plus honteux, réservé aux criminels. La croix était donc un objet de terreur et de désaveu complet pour qui la subissait. Et pourtant, paradoxalement, c’est bien ce signe de mort que Dieu choisit pour en faire le lieu où se révèle son Amour infini. Dès lors, méditons ensemble ce paradoxe entre la mort et la vie, l’abaissement et l’élévation, qui au final, nous révèle la Bonne Nouvelle, l’Amour de Dieu comme le cœur battant de notre foi.


Tout d’abord, dans le Livre des Nombres, nous entendons l’histoire du peuple d’Israël découragé et qui se plaint (encore) dans le désert. En réponse à ses plaintes incessantes, Dieu envoie des serpents brûlants qui mordent et tuent ceux qui Le récrimine. Mais Dieu donne également à Moïse par son intercession un signe de salut : un serpent de bronze élevé sur un mât avec la promesse que ceux qui le regardent avec foi vivront. Bon ! Ne nous méprenons pas… ce n’est pas le métal qui sauve, mais bien le regard tourné vers ce signe que Dieu donne… un signe élevé, qui détourne les yeux du danger pour les fixer uniquement sur Celui qui guérit. Ainsi, ce serpent en bronze, élevé comme un signe de guérison, annonce déjà la Croix… car tous ceux qui lèvent les yeux vers ce signe paradoxal — le serpent, symbole de mort — trouvent la vie.


De plus, dans l’Évangile, Jésus actualise ce paradoxe en révélant le sens véritable de cette élévation : l’Amour. « De même que le serpent fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ». En d’autres termes, la Croix peut être saisie comme l’antichambre de notre foi, comme l’instrument par lequel la Gloire véritable peut être révélée, celle de la Résurrection. Par conséquent, par l’élévation de Jésus, la Croix devient signe et source de vie, non plus seulement contre la morsure des serpents comme au temps de Moïse, mais bien contre la morsure du péché et de la mort.


Enfin, Saint Paul synthétise magnifiquement notre paradoxe – mort et vie – en précisant ce mouvement de l’abaissement qui élève. En effet, nous l’avons entendu, le Christ s’est abaissé jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Or, c’est précisément parce que le Christ s’est abaissé que Dieu l’a exalté… l’a ressuscité En ce sens, ce qui est d’apparence un scandale – la croix étant la pire mort réservée aux criminels – devient paradoxalement la raison de son élévation. La croix devient donc pleinement signe… comme le trône de la gloire du Christ qui révèle celle du Père, c’est-à-dire comme l’échelle qui unit le ciel et la terre. Ainsi, là où le monde voyait l’échec du Messie, le Sauveur… Dieu révèle véritablement son Amour comme le signe indéniable de la victoire de la vie sur la mort.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, que retenir aujourd’hui en élevant nos yeux vers cette Croix qui nous contemple. Tout d’abord, que la croix, dans nos vies, ce sont nos blessures, nos épreuves, nos fragilités. Certes, spontanément, nous voudrions les éviter ou les oublier. Mais le Christ nous invite à les regarder en face avec Lui, parce qu’il les a déjà portées et transformées, parce qu’il peut nous élever avec Lui pour les dépasser. De plus, chaque fois que nous faisons le signe de croix, vivons ce geste non pas comme un geste ou une habitude… mais bien comme un signe de foi qui dit que l’amour de Dieu est plus fort que la mort… comme une profession de foi où l’Amour nous unit au Père et au Fils et au Saint Esprit. Enfin, dans nos églises ou dans nos vies, levons nos yeux vers ces croix que nous croisons en les contemplant, non pas comme le rappel d’un échec… mais bien comme la plus belle victoire, celle qui nous dit : « Seigneur, tu es avec moi. Tu m’aimes. Et ta croix me sauve. »


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen



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