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« Que soy era Immaculada Councepciou »

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

Gn 3, 9-15.20 ; Ep 1, 3-6.11-12 et Lc 1,26-38


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Chers Frères et Sœurs,


En ce temps de l’Avent, l’Église nous donne de célébrer Marie immaculée, « comblée de grâce ». Cette solennité, profondément enracinée dans la foi chrétienne, nous tourne vers la lumière de Dieu qui prépare l’humanité à accueillir son Fils. Toutefois, ne nous méprenons pas… cette solennité n’est pas un « privilège » isolé accordé dont ne sait où ? Non ! Cette solennité que nous fêtons aujourd’hui demeure un geste de Dieu qui traverse toute l’histoire du salut. C’est ce geste que nos Lectures de ce jour nous permettent de comprendre et de saisir ce mystère en profondeur. Et l’histoire de l’Église — jusqu’aux apparitions de Lourdes en 1858 — nous montre comment ce que la Parole annonce a été lentement reconnu et accueilli dans notre foi.


Tout d’abord, les versets de la Genèse nous placent devant le tableau de l’humanité blessée. Adam et Ève se cachent… le péché a rompu la confiance. Pourtant, c’est au moment même où l’homme et la femme s’éloignent que Dieu prononce une parole de miséricorde et de relèvement, comme un chemin de victoire contre le mal : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme… elle t’écrasera la tête. » Ainsi, cette parole est comme la première étincelle du mystère que nous célébrons ; le mystère d’une jeune femme qui sera totalement du côté de Dieu, pleinement associée à sa victoire. Vous l’aurez donc compris, l’Immaculée Conception n’est pas une invention tardive mais est le point de départ d’une promesse divine, contenue dans l’Écriture dès la Genèse. Dès lors, à travers cette fête, l’Église reconnaît que Dieu a préparé une humanité nouvelle, intacte, préservée du venin du serpent pour que la rédemption puisse entrer dans le monde. Marie immaculée apparaît déjà comme l’achèvement de l’annonce faite à l'aube du monde.


Ensuite, saint Paul nous dit que Dieu nous a choisis en Christ « avant la fondation du monde ». Cette Parole éclaire massivement le mystère de Marie ; dans le sens où son Immaculée Conception n’est pas une improvisation de dernière minute, mais un projet éternel de Dieu. Alors ce que l’Église a défini (bien des années plus tard certes) — que Marie fut, dès le premier instant de sa conception, préservée de tout péché — n’est que la mise en mots de cette vérité biblique : Dieu voulait une créature totalement disponible, un cœur entièrement ouvert à sa grâce. Quand Pie IX proclame ce dogme en 1854 (en regard de cette maxime de la foi : « Lex orandi lex credendi lex vivendi » (qui signifie ce que l’on prie est ce que l’on croit et ce que l’on vit), il ne crée rien. Ce pape met simplement en lumière ce que l’Écriture laissait déjà entrevoir. Et lorsque, quatre ans plus tard, à Lourdes, Marie dit à Bernadette dans le patois local : « Que soy era Immaculada Councepciou » — Je suis l’Immaculée Conception – c’est comme si la parole de Paul prenait chair. Pourquoi ? Car Dieu accomplit son dessein de sainteté dans une vie réelle, humble et toute donnée. L’Immaculée Conception, c’est donc l’humanité telle que Dieu la rêve, c’est-à-dire libre, belle et entièrement tournée vers Lui.


Enfin vient le point de consécration de ce mystère autour du « Fiat », du « oui » de Marie. En effet, l’Évangile nous montre la conséquence directe de cette préparation divine car lorsque l’ange vient, Marie peut répondre pleinement libre : « Voici la servante du Seigneur. » De plus, sa question — « Comment cela va-t-il se faire ? » — n’est pas l’expression d’un doute mais bien d’une foi pure, c’est-à-dire non encombrée par la crainte ou la jalousie que le péché introduit. Ainsi, c’est parce qu’elle est immaculée que son oui peut être entier… que la Parole peut devenir chair en elle.


Alors voilà ! C’est à ce point que se rejoignent nos Écritures, le dogme de Pie IX et Lourdes, où la jeune fille pauvre de Nazareth, humble et cachée, se révèle comme l’espace pur où Dieu peut entrer dans notre monde. Et sur la colline de Massabielle, nous retrouvons cette même humilité et discrétion ; celle d’une enfant pauvre, Bernadette, à qui Marie dit son nom comme pour confirmer devant l’Église entière : « Oui, Dieu a préparé mon cœur pour accueillir son Fils. »


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, en célébrant l’Immaculée Conception en plein Avent, l’Église nous donne une première aurore. Car avant que la lumière du Christ ne se lève à Noël, une lumière délicate apparaît en la personne de Marie, toute pure, toute disponible, toute paix. Là où la Genèse montrait une humanité en fuite, Marie est l’humanité retrouvée. Là où Paul nous annonçait la volonté bienveillante de Dieu, Marie en est le signe vivant. Là où l’ange cherchait un cœur prêt, Marie peut dire « oui » sans ombre. Et le sanctuaire de Lourdes, humble lieu qui nous comble de grâces à l’image de Marie, continue de nous rappeler que cette lumière n’est pas réservée au passé. Pourquoi ? Car la pureté de Marie n’écrase pas mais attire ; car elle nous ouvre un chemin de confiance et de paix dans notre propre Avent. Ainsi, en fêtant et en contemplant aujourd’hui Marie immaculée, nous voyons ce que Dieu veut faire aussi en nous : restaurer, purifier, éclairer ce qui est obscurci par le péché.


Aussi, durant ce temps d’introspection et d’attente vigilante dans notre foi et nos cœurs, demandons à Marie d’ouvrir en nous un espace libre pour la venue du Christ. Qu’elle nous apprenne à prier, croire et vivre son oui, et qu’elle nous donne sa paix et fasse grandir en nous la lumière de Dieu.


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen



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