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La Croix glorieuse

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 13 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 sept.

24e dimanche - La Croix Glorieuse - 14 septembre 2025

Évangile selon saint Jean 3, 13-17


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Ils regardaient vers lui et ils étaient vainqueurs !

Les Hébreux levaient les yeux vers le serpent de bronze et ils étaient victorieux.

Nous regardons vers lui et nous sommes sauvés.

Nous levons les yeux vers la croix et nous la découvrons glorieuse, pascale.

Nous adorons un Crucifié et nous est dévoilé le salut du monde.

 

Multiples, démesurées.

Souffrances morales et physiques.

Déchéance et poids de la vie.

Mort d’un proche et désillusions qui nous jette par terre.

Perte des raisons de vivre ou dignité bafouée.

Fatalité du désenchantement de lendemains annoncés prometteurs et érosion de l’espérance malmenée au quotidien.

Notre existence ne s’écrit-elle pas si souvent – et souvent sans que nous puissions le prévoir, - en termes d’épreuves ?

 

Faut-il encore insister et pointer d’un doigt accusateur la faim qui dévore des multitudes, l’extermination de tous les gêneurs, les guerres que l’on prétend toujours justifiées, voire saintes, les libérations qui ont peine à voiler les dominations, la puissance des puissants et la misère des misérables instituées en ordre mondial ?

L’histoire crucifie l’homme : quelques que soient les variétés des scénarios c’est toujours la même histoire.

 

En dehors de la ville, à côté de la décharge communale, une croix à contempler. A adorer.

Pour reconnaitre les autres.

Pour transfigurer les autres.

 

Une croix pour reconnaitre les autres.

Ce serait mensonge et tromperie que de regarder aujourd’hui vers le Golgotha sans épouser les déchirements des cœurs désespérés et les révoltes des vies malmenées, sans dénoncer tout ce qui domine ou avilit la dignité d’un homme ou de tous les hommes. Nous ne pourrons célébrer le Vendredi Saint sans être compagnon de douleur, de désespérance, de révolte.

 

Accusé d’incitation à la rébellion et de blasphème, Jésus meurt comme un brigand, comme un terroriste. Sur une croix. Levant les yeux vers la croix, nous recevons vocation d’agitateur.

Portant comme signe de reconnaissance la croix, nous recevons vocation de dénonciation.

Nous recevons une croix pour reconnaître toutes les croix et nous dresser contre ce qui fait que l’homme, en nous et autour de nous, est trop peu homme, trop mal homme, tout ce qui accable ou anéantit l’homme, tout ce qui fait que l’homme n’est pas aimé ou mal aimé.

 

Levant les yeux vers la croix dressée comme un fanal sur l’univers.

Douloureusement, tragiquement, lucidement nous regardons vers un gibet d’infamie pour devenir les frères de tous les crucifiés.

 

Nous regardons vers la croix pour devenir plus humain et des agitateurs d’humanité revendiquée.

Mais aussi pour être des découvreurs : « ils regardaient vers le serpent de bronze et ils étaient sauvés ». Nous levons les yeux vers le Crucifié et la croix du Vendredi Saint, pour toutes les croix qu’elle condense, devient passage. Pâque.

 

L’innocent persécuté, mis au rang des méchants et des mauvais est aussi, et en cela même, à nos yeux de croyants le Sauveur. L’heure de la déréliction la plus extrême est aussi, et en cela même, à nos yeux de croyants l’heure de la gloire et du jugement de Dieu sur l’histoire personnelle et collective des hommes.

 

Nous regardons la Croix au nom de tous les hommes, au nom de tous ceux que nous reconnaissons nôtres au nom de tous les nôtres. Pour transfigurer leurs croix devenues nôtres. Nous osons dire, parce que nous contemplons la croix : le cri des malheureux criant vengeance au ciel est synonyme d’une révolte de Dieu-lui-même.

Nous osons voir, parce que nous contemplons la croix, un au-delà des déchéances physiques et morales.

Nous osons combattre, parce que nous contemplons la croix, même désespérément, toutes les défigurations de l’homme.

 

Au pied de la croix, si nous sommes appelés à être des agitateurs d’humanité revendiquée, nous sommes aussi appelés à devenir les prophètes d’un Dieu crucifié et, croyant en ce Dieu-là, à espérer contre toute espérance au nom et au bénéfice de tous les nôtres. Au pied de la croix nous recevons vocation à croire en l’homme envers et contre tout. Parfois même contre l’homme mais jamais contre Dieu puisque, depuis les jours du Golgotha il n’y a d’autre Dieu qu’un Homme en croix.

 

 

Michel Teheux



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