Voir le monde en 3D comme le Christ
- Frédéric Kienen
- 20 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 juil.
16e dimanche du temps ordinaire - 20 juillet 2025
Gn 18,1-10 a ; Col 1,24-28 et Lc 10,38-42

Un jour, un journaliste américain est venu interviewer Mère Teresa à Calcutta. Il l’a suivie dans les rues pendant une distribution de nourriture et de soins aux plus pauvres. À un moment, il la vit laver les plaies d’un homme couvert de vermine. Ému, bouleversé, il dit : «Moi, je ne ferais pas ça pour un million de dollars. » Mère Teresa le regarda doucement et répondit : « Moi non plus, je ne le ferais pas pour un million. Mais je le fais pour Jésus. »
Chers Frères et Sœurs,
En ce dimanche, la Parole de Dieu nous fait voir le monde comme le Christ en 3D dans l’hospitalité, dans l’écoute et dans la mission. Trois dimensions essentielles de la vie chrétienne.
Nous découvrons d’abord l’hospitalité dans le livre de la Genèse. Abraham nous est présenté comme un homme à la foi généreuse. Il accueille trois étrangers avec empressement, sans savoir qu’il reçoit en réalité le Seigneur lui-même. Il ne demande rien, mais il donne le meilleur. Et c’est dans cet acte d’hospitalité que Dieu lui révèle sa promesse : "À cette même époque, l’an prochain, ta femme Sara aura un fils." Ainsi, cette scène nous rappelle que Dieu se manifeste souvent dans le visage de l’autre, de l’étranger… de l’hôte inattendu. L’hospitalité n’est donc pas seulement une question de politesse, c’est une manière de reconnaître la présence divine dans notre quotidien.
Le dilemme entre écouter ou servir est ensuite mis en avant sous la plume de Luc, où nous y retrouvons cette tension entre le faire et l’être, entre le service actif et l’écoute contemplative. Revoyons la scène. Marthe est préoccupée, affairée au service, tandis que Marie est assise aux pieds de Jésus, écoutant sa parole. Notons que Jésus ne critique pas le service de Marthe — il est nécessaire — mais il lui montre toutefois qu’il y a un ordre à respecter : l’écoute précède le service. Car si nous ne nous nourrissons pas de la parole, notre action risque de devenir agitation. Ainsi, ce que Marie a choisi, c’est la présence, l’attention au moment, à la personne du Christ. Et cela, dit Jésus, ne lui sera pas enlevé. Personnellement, il me semble que, dans nos vies souvent surchargées, cette parole peut nous recentrer. Comment ? En prenant le temps de nous asseoir aux pieds du Christ, dans la prière, dans le silence, dans la méditation de sa Parole… car c’est bien de là que jaillit le vrai service.
Enfin, la mission, à l’image de Saint Paul, le premier grand missionnaire de l’Évangile. En effet, dans sa lettre aux Colossiens, parle de ses souffrances comme d’une offrande pour l’Église. Il révèle le mystère caché depuis toujours : "Le Christ est en vous, l’espérance de la gloire." Ainsi, peu importe le lieu où vous êtes, vous n’êtes jamais seul. Vous l’aurez donc compris, ce mystère de la présence du Christ n’est pas réservé à quelques initiés : il est destiné à tous. Et Paul, comme chacun de nous, est appelé à le faire connaître, non seulement par des paroles, mais par toute une vie donnée, offerte, habitée par le Christ.
Chers Frères et Sœurs, voilà donc la clé pour saisir l’hospitalité, l’écoute et la mission : le Christ en nous. Il demeure présent dans l’hôte accueilli comme chez Abraham, dans la Parole écoutée comme chez Marie, et dans la mission vécue comme chez Paul. Il nous engage ainsi dans ces trois attitudes : l’hospitalité du cœur, qui reconnaît Dieu dans chaque personne ; l’écoute profonde, qui fait de nous des disciples et non seulement des serviteurs ; la mission fidèle, qui annonce le Christ non pas comme une théorie, mais comme une présence vivante en nous.
Aussi, prenons le temps, comme Marie, de rester assis aux pieds du Christ et laissons sa Parole nous transformer. Ainsi, comme Abraham et Paul, nous porterons nous aussi du fruit pour les autres, et Dieu se fera proche d’eux à travers nous.
Amen. Alléluia !
Frédéric Kienen