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Croire en l’espérance

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • il y a 1 jour
  • 3 min de lecture

33e dimanche du temps ordinaire - 16 novembre 2025

Mi 3,19-20a ; 2Th 3,7-12 et Lc 21,5-19


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Un soir, au Carmel de Lisieux, une jeune sœur demanda à sainte Thérèse comment elle faisait pour garder autant de confiance, alors qu’elle traversait elle-même une période de grande obscurité intérieure. Thérèse lui répondit : « Quand je ne vois plus rien, quand tout semble fermé, je fais simplement un acte d’espérance. Je dis à Jésus : “Je crois que tu m’aimes plus que je ne peux le comprendre.” Et cela me suffit pour avancer. » Cette sœur, touchée, lui demanda : « Et si l’épreuve dure longtemps ? » Thérèse sourit et dit : « Alors je fais un deuxième acte d’espérance … puis un troisième. L’espérance, c’est avancer même quand on ne voit pas le chemin. » Cette simplicité désarmante est en réalité une force gigantesque car, au cœur de la nuit, Thérèse choisissait encore la confiance. C’est cela, l’espérance chrétienne : un petit acte de foi répété qui ouvre un chemin dans nos obscurités.

 

Chers Frères et Sœurs,


À l’approche de la fin de l’année liturgique, la Parole de Dieu tourne nos regards vers cet obscur inconnu, vers « la fin des temps ». Non pas comme une menace, mais comme l’accomplissement du projet d’amour de Dieu. Et pourtant, ce langage peut paraître sombre, surtout dans un climat mondial chargé d’inquiétude. En effet, si nous voulions lire l’actualité pour nourrir la peur, nous y trouverions facilement des arguments : conflits qui s’enlisent, crises écologique, énergétique et migratoire, menaces sur la biodiversité. Or, Jésus ne nous invite jamais à la peur ; il nous appelle à l’espérance. Pas une espérance naïve ou facile, mais une espérance solide et enracinée en Dieu.


En effet, comme nous aujourd’hui, Jésus connaît parfaitement les drames de son temps : l’oppression romaine, la violence latente, les tensions sociales. Son regard porte même loin car il sait que l’histoire humaine sera encore bouleversée et que ses disciples seront parfois rejetés et persécutés. Nous l’avons entendu, dans l’Évangile, alors que les disciples admirent la beauté du Temple, Jésus annonce sa destruction. Un séisme spirituel pour Israël ! Puis il évoque d’autres épreuves, d’autres crises, qui ne sont pas la fin du monde mais les secousses d’une histoire en marche.


Pourtant, malgré ce sombre tableau d’épreuves à venir, Jésus demeure habité d’une confiance totale en son Père. Pourquoi ? Car sa lucidité et sa confiance en la force de l’amour – la force de la vie qui vaincra toute mort – n’éteint pas son espérance. Au contraire, sa foi en son Père la rend plus vraie et plus profonde. Pour ce faire, Jésus nous donne trois consignes. Tout d’abord, de garder notre discernement ; « Ne vous laissez pas égarer » … car L’espérance ne se nourrit pas de rumeurs ni de catastrophisme. De plus, de ne pas céder à la peur ; « Ne soyez pas terrifiés » … car les crises n’ont pas le dernier mot. Enfin de tenir bon ; « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » … car l’espérance est une fidélité active.


Ainsi, vous l’aurez compris, l’espérance chrétienne n’est jamais une attente passive. Saint Paul le rappelle aux Thessaloniciens en leur affirmant qu’ils ne peuvent pas attendre le Christ les bras croisés. Ainsi, l’espérance pousse à agir, à prendre soin du monde, à lutter contre la misère, à travailler à la paix, à s’engager pour la transition écologique, à panser les blessures de l’humanité. L’espérance, pour Jésus, n’est donc pas un sentiment mais une force. Plus précisément, l’espérance donne de l’énergie, du courage et de la créativité. L’espérance nous empêche de nous laisser enfermer dans la résignation ou la fatalité. L’espérance nous rappelle que, malgré les chocs de l’histoire, Dieu poursuit son œuvre ; qu’aucune nuit n’est trop épaisse pour Lui ; qu’aucune situation n’est sans issue pour Celui qui ressuscite les morts.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, face aux drames qui secouent notre monde (et parfois aussi nos vies), Jésus nous invite à tenir bon, à garder l'espérance tout en ayant un regard lucide. Aussi, demandons au Seigneur de faire grandir en nous cette espérance-là : persévérante, enracinée dans la foi et contagieuse. Cette espérance qui nous permet de tenir debout, de traverser les épreuves et d’ouvrir des chemins de lumière dans un monde parfois obscur. Parce que, comme Jésus, nous savons que Dieu, en tant que Père aimant, n’abandonne pas ses enfants. Au contraire, il est demeure chaque à nos côtés, afin que son projet de vie se réalise à travers nous, si nous tenons bon dans la foi, l’amour … et l’espérance.


Amen. Alléluia !


Frédéric Kienen





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