Vivre du même souffle
- Michel Teheux
- 31 mai
- 2 min de lecture
7e dimanche de Pâques - 1er juin 2025
Évangile selon saint Jean 17, 20-26

Jésus est à la table des adieux et les paroles qu’il prononce sot son testament :
« Qu’ils soient un » !
Pour s’assurer de la cohésion d’une famille ou d’un groupe auquel ils appartiennent, certains exigent une stricte conformité de coutumes, parfois même de convictions intimes ou affichées. « Que tous soient un » ! Nous savons que trop souvent l’Église n’a pas échappé à cette volonté de totalitarisme et d’uniformité. Mais c’est ignorer le fondement de notre unité. Si nous sommes un seul corps, c’est parce qu’une vie soutient notre être et qu’un même sang coule dans nos veines. L’unité est affaire de vie et de souffle, non de doctrines et de règlements : l’Église ne sera jamais un club ou une chapelle.
« Que tous soient un comme toi, Père, tu es en mois et moi en toi » ! Le modèle de notre unité n’est rien moins que l’amour qui unit le Père éternel au Fils unique.
Réaffirmer que notre unité s’enracine à cette profondeur, c’est attester que nul ne peut prétendre épuiser la Vérité de Dieu ni la vérité de sa naissance : nous sommes dépendants les uns des autres pour découvrir, vivre et témoigner le mystère que l’Esprit nous dévoile. Notre unité sera un don parfaitement accompli lorsque, dans la claire vision du Royaume, nous ferons, les uns et les autres, l’expérience plénière du secret de Dieu. Nous ne serons un seul corps que dans cette communion à recevoir, lorsque le Christ sera tout en tous.
En attendant, notre unité est vocation. L’unité n’est pas un paradis pour demain qu’il suffit d’attendre en rêvant. Elle est une œuvre sans cesse à recommencer, une mission de longue haleine sans cesse menacée qui a été contrecarrée. L’unité qu’il nous faut à la fois accueillir, vouloir et réaliser ne se limite pas à la solution des conflits, à la réconciliation ou au rassemblement harmonieux des différences. Elle est aussi témoignage obligé, preuve irréfutable que Dieu nous aime.
« Que tous soient un » ! Lorsque des hommes et des femmes, au-delà de ce qui les sépare, au-delà de leurs expériences personnelles, uniques, voire divergentes, s’attachent à déchiffrer le mystère de Dieu en apprenant des autres quelles est la largeur et la profondeur de l’amour que Dieu nous porte, lorsque des hommes et des femmes, au-delà de leurs options situées dans le temps et dans l’histoire, s’efforcent de donner corps à l’amour inscrit dans leur cœur en ne dressant aucune exclusive, alors le testament du Seigneur qui est sa dernière volonté, devient la source de la vie de l’Église. Car il n’y a pas d’Église fondée en dehors de cette prière de Jésus : « Que tous soient un » !
Michel Teheux