« Il arrivera dans l’avenir ! »
- Michel Teheux

- il y a 7 jours
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1er dimanche de l'Avent - 30 novembre 2025
Évangile selon saint Matthieu 24, 37-44

« Non, non, rien n’a changé… » et la chanson n’a pas vieilli !
Pas besoin de remonter au déluge ! Chacun sait que rien ne peut changer vraiment dans sa vie personnelle – chacun à son tempérament et nous pouvons tout juste l’apprivoiser et l’aménager quelque peu – rien ne peut changer dans la vie du monde – une guerre en chasse une autre, l’homme reste un loup pour l’homme, l’injustice continue à diviser les sociétés –
« Non, non, rien n’a changé… » !
Comment ne pas nous laisser aller à l’engourdissement qui engendre la fatalité ?
Nous nous assoupissons mais comment ne pas nous endormir à la vue de tant de déchéances qui font notre honte et de désespérances qui sont notre souffrance ?
Comment ne pas laisser tomber les bras devant une tâche démesurée ?
Peut-être pourrions-nous rêver, pour oublier tant d’adversité mais la dure réalité nous tient suffisamment éveillés pour que nous ne puissions-nous abandonner à l’illusion.
« Il arrivera dans l’avenir » !
Le cri retentit, comme une Bonne Nouvelle, un Evangile !
Isaïe parle pour un temps de crise : un avenir d’épreuves s’annonce pour le petit Royaume de Juda. Et pourtant le prophète annonce la paix. Non pas une paix caduque, pour quelques années, jusqu’à la prochaine guerre. Non quelque « grand soir » où les prolétaires d’hier deviendront les dominateurs de demain. Non un « ça ira mieux demain » trompeur. Mais la paix dans la foi, par l’attachement à Dieu.
« Il arrivera dans l’avenir « !
Le prophète n’ignore rien des épreuves qui sont nôtres mais, au cœur même de ce temps de crise, il est porte-parole d’une Bonne Nouvelles. La paix sera offerte. Paix de Dieu offerte devenant trêve dans la suite des malheurs. Paix inespérée qui transforme les fusils en perches à haricots et les superforteresses volantes en cargo pour nourrir les enfants d’Éthiopie.
« Il arrivera dans l’avenir ! »
Ce n’est pas un futur aléatoire, un possible qui ne serait peut-être que rêve et illusion, détrompé par la réalité.
Non ce « il arrivera » a un nom : Jésus.
Dans cet homme, par lui, l’avenir de Dieu s’est inscrit en lettres de chair. Ce « il arrivera » est arrivé en lui qui est la Paix de Dieu et la grâce des hommes.
Nos occupations quotidiennes ne peuvent nous sauver ; manger, boire, procréer, bref ce qui fait la trame de nos vies ne peut fonder notre rêve et nous tenir debout.
Notre véritable salut est d’un autre ordre : le don de Dieu manifesté en Jésus, premier-né d’un monde nouveau.
Nous sommes sauvés non parce que nous aurions pu entretenir vaille que vaille nos rêves et nos illusions mais parce que Dieu lui-même vient au secours de nos recherches de nos cheminements.
Non la nuit n’aura pas le dernier mot parce que l’aurore déjà est victorieuse. Non notre sommeil et nos engourdissements ne sont pas notre dernier mot parce que la clarté venue d’ailleurs nous a déjà touchés pour que nous reprenions notre veille.
Il arrivera, comme une aurore…
Aurore de Pâques où la mort fut vaincue sans grand bruit, espérance restaurée, aussi frêle que ce jour naissant.
Il arrivera, comme une aurore…
Jour de bonheur enfanté, péniblement sans doute mais combien victorieusement, dans nos marches incertaines.
Amour triomphant dans nos amours hésitantes ou malmenées, justice éclatant dans nos justices sans lendemains, paix instaurée déjà dans nos armistices fragiles.
Il arrivera !
Et si vous ne voyez pas les arbres reverdir, c’est que vous vivez encore comme au temps de Noé, à ras du sol, simplement comme des hommes alors que les deux pieds par terre vous devriez avoir la tête dans les nuages, au ciel, pour voir comme Dieu regarde.
Vous mangiez et buviez, et il vous est dit : « Debout ! Regardez ! »
Nous allons construire une maison, une cité de paix, Jérusalem nouvelle, un monde qui pourra être la gîte d’un nouveau-né.
Alors, parce que nous aurons veillé dans la foi, pourra retentir, non plus comme une promesse mais comme une proclamation, ce que nous entendons dans la douce nuit de Noël : « Gloire à Dieu et paix aux hommes puisqu’il les aime » !
Michel Teheux



