Vers le salut promis… en franchissant la porte de l’Amour
- Frédéric Kienen

- 25 août
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21e dimanche du temps ordinaire - 24 août 2025
Is 66,18-21 ; He 12,5-7.11-13 et Lc 13,22-30

Un jour, en 1544, saint Ignace de Loyola a reçu une lettre venue de Cochin en Inde. Dans celle-ci, saint François Xavier, grand missionnaire jésuite lui écrivait comment, durant sa mission, il avait rencontré les habitants d’un village qui n’avait jamais entendu parler de l’Évangile. Touché par leur soif de vérité et de vie, saint François Xavier leur a annoncé le Christ avec passion et beaucoup ont demandé aussitôt le baptême. Dans cette lettre, malgré la joie qu’il éprouvait, notre missionnaire avouait également combien il se sentait débordé devant l’ampleur de sa mission au point d’écrire à l’attention de ses frères restés au pays : «J’aurais envie de courir dans les universités d’Europe, crier comme un fou et dire à ceux qui étudient : tant d’âmes attendent la Bonne Nouvelle… et vous, que faites-vous ? »
En réalité, chers Frères et Sœurs, ce témoignage de saint François Xavier illustre parfaitement l’esprit des Lectures de ce dimanche : le salut est offert à tous, où Dieu veut rassembler tous les peuples dans son amour… mais encore faut-il que certains se lèvent pour annoncer l’Évangile, et que chacun accepte de suivre le Christ fidèlement, en passant par la « porte étroite » de l’amour. Aussi, méditons ensemble sur ces trois points : le salut, le regard du Père envers ses enfants et les bienfaits de son Amour.
Premièrement, c’est par la bouche du prophète Isaïe que Dieu annonce son dessein final pour nous, ses enfants : « Je viens rassembler toutes les nations, de toute langue ; elles viendront et verront ma gloire. » Bon… un premier constat rassurant s’impose pour nous. Le salut n’est pas réservé à un peuple exclusif ni à une élite. En effet, le salut, celui de contempler sa gloire à la fin des temps, est pour tous. Déjà l’Ancien Testament annonçait ce dessein universel : Dieu veut que chaque homme, chaque femme, chaque peuple soit invité à la fête de son Royaume. Ainsi, nous-mêmes, ici et aujourd’hui et demain, nous sommes le fruit de cette promesse car quelqu’un, un jour avant nous, a quitté sa maison, a annoncé l’Évangile… et nous avons reçu la Bonne Nouvelle. Aussi si nous souhaitons le meilleur pour nos enfants, nos petits-enfants et les générations à venir, c’est à notre tour que le Seigneur nous envoie aussi comme témoins pour annoncer ce même salut, capable d’apaiser nos cœurs sur notre vie future et de donner un sens et une finalité joyeuse à notre vie.
Deuxièmement, la lettre aux Hébreux (qui, au cas où vous ne le sauriez pas, n’a pas été rédigée par saint Paul) nous rappelle que la marche avec Dieu durant notre vie n’est pas toujours facile. Comme un Père qui éduque et veille sur ses enfants, Dieu nous façonne parfois à travers l’épreuve. Dès lors, Il nous invite à saisir la foi avec un certain réalisme, c’est-à-dire non pas uniquement un confort mais plutôt comme une école de persévérance et de croissance dans notre de foi. Ainsi, quand la route paraît rude, quand la porte semble étroite, souvenons-nous que ces épreuves ne sont pas des obstacles en vue de nous écraser, mais bien des opportunités pour affermir nos pas chancelants et nous apprendre à aimer vraiment.
Troisièmement, nous touchons la question de l’Amour. L’Amour perçu comme une porte étroite car il demande d’être donné et reçu, entretenu et partagé. Quel défi ! Surtout pour nous qui sommes souvent sollicités dans notre vie spirituelle par des questions matérielles ou humaines. Voilà pourquoi, dans l’Évangile, quelqu’un demande à Jésus : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Et Jésus répond : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » Ainsi, vous l’aurez compris, le salut n’est pas une question de statistiques ou de mérites à accumuler de façon épisodique ou quand nous y pensons. De même, beaucoup pensent connaître le Seigneur… mais n’ont pas vraiment marché à sa suite car, comme des enfants rebelles, ils refusent ou éludent les exigences du Père. Bref, le salut est bien une question de fidélité à cet Amour : l’Amour de Dieu reconnu comme un Père ; l’Amour des autres reconnus comme frères et sœurs ; et de soi-même… comme une fille… comme un fils. Cette porte étroite, celle de l’Amour, ce n’est donc pas une barrière, c’est le choix ou plutôt notre choix de l’amour concret, de la fidélité quotidienne et de la mission d’annoncer le salut vécu humblement.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, nous pouvons retenir ceci : le salut est offert à tous… indubitablement. Voilà la bonne nouvelle ! Cependant, il nous revient d’y répondre et d’en être les messagers. Ainsi, comme saint François Xavier, qui brûlait du désir d’annoncer l’Évangile à ceux qui ne connaissaient pas encore le Christ, nous aussi, dans nos familles, nos quartiers, nos lieux de travail, nous sommes appelés à témoigner que le Père aime chacun de ses enfants. Alors, osons, nous aussi, entrer par la porte étroite avant l’ultime fin des temps au moment où cette porte va se fermer, celle de l’amour vrai, persévérant et généreux. Nous découvrirons alors la joie de voir, autour de la table du Royaume, « des hommes et des femmes venus de l’Orient et de l’Occident, du nord et du midi », tous rassemblés dans la gloire de Dieu comme la plus grande, joyeuse et heureuse famille.
Amen. Alléluia !
Frédéric Kienen



