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Le fossé de l’indifférence comblé par le pont l’Amour

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 27 sept.
  • 4 min de lecture

26e dimanche du temps ordinaire - 28 septembre 2025

Am 6, 1a.4-7 ; 1Tm 6, 11-16 et Lc 16,19-31


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Chers Frères et Sœurs,


Connaissez-vous le premier saint millénal canonisé le jour de notre rencontre décanale ? J’ai nommé saint Carlo Acutis, ce jeune Italien mort à quinze ans, passionné d’informatique et surnommé à ce titre le « geek de Dieu ». Mais pour quelle raison je vous en parle aujourd’hui ? En réalité, Carlo avait compris très tôt que la foi n’est pas seulement une idée ou une prière, mais un amour vécu. À l’âge de neuf ans, quand il voyait des personnes sans-abri dans les rues de Milan, il n’a pas détourné les yeux. Avec son argent de poche, il leur achetait un peu de nourriture et des sacs de couchage pour les leur donner, afin qu’ils puissent affronter le froid de la nuit. Il disait souvent : « Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies ». Lui avait choisi de vivre en original, c’est-à-dire à l’image du Christ qui aime et qui se donne. Ainsi, par ses petits gestes, ses fines paroles, Carlo révèle un des grands maux de notre société moderne et le thème des Lectures de ce jour : l’indifférence.


Tout d’abord, comme sous la forme d’un témoignage vivant de ce mal, nous voyons le prophète Amos qui parle à des personnes bien installées, à l’aise, vivant dans l’abondance et l’insouciance. Ces « vautrés » mangent, boivent, écoutent de la musique, se parfument… mais tout cela sans jamais se soucier du désastre qui frappe leur propre peuple s’ils continuent sur cette voie. Toutefois, ne nous méprenons pas, ce qu’Amos dénonce, ce n’est pas la joie de vivre ni les biens matériels en eux-mêmes, mais plutôt le repli sur soi, l’oubli des autres, l’aveuglement volontaire. Dans l’évangile cette fois-ci, Jésus reprend cette même critique des « vautrés » mais de façon plus subtile, sous la forme d’une parabole. Ici, le riche n’est pas nommé — comme pour dire qu’il aurait pu être n’importe lequel d’entre nous —, alors que le pauvre a un nom : Lazare, qui signifie « Dieu aide ». En soi, ce riche n’a pas commis de grands crimes : il n’a pas battu Lazare, il ne l’a pas chassé de sa porte. Il l’a simplement… ignoré. Il a laissé l’indifférence devenir une barrière si infranchissable qu’elle perdure même après leur mort. Alors voilà le vrai drame : non pas la richesse, mais l’absence de regard, de compassion ou de geste. Ainsi, comme un avertissement, Jésus nous prévient que si nous vivons de la sorte, si nous laissons se creuser un fossé entre nous et nos frères, c’est-à-dire le fossé de l’indifférence… ce fossé risque de devenir éternellement infranchissable.


Face à ce danger, saint Paul donne à Timothée un pont pour franchir ce fossé et lutter contre ce penchant bien humain de l’indifférence : celui du combat de la foi. Attention… il ne s’agit pas d’un combat contre des ennemis visibles, non ! Paul engage Timothée vers un combat spirituel, intérieur et quotidien. Il le rassure également en lui affirmant qu’il ne sera pas démuni. Pour ce faire, Paul lui énumère les armes de ce combat : la justice, la piété, la foi, l’amour, la persévérance, la douceur. Et aujourd’hui, ces armes, il nous les remet encore. En effet, nous savons combien il est facile de tomber dans la tiédeur, dans la paresse spirituelle… dans l’indifférence justement. Plus précisément, notre combat consiste à rester éveillés, à garder un cœur sensible, à mettre notre confiance dans le Christ et non dans les biens qui passent. En ce sens, Carlo Acutis, encore adolescent, avait déjà compris que la vie ne vaut que si elle est donnée. Son « arme » la plus puissante ? C’était l’Amour vécu concrètement, mais aussi son attachement à l’Eucharistie qu’il appelait « mon autoroute vers le ciel ». Ainsi, le combat de la foi… ou plutôt notre combat, c’est cela : choisir chaque jour de mettre Dieu et les autres au centre, et non pas soi-même.


Chers Frères et Sœurs, aujourd’hui encore le Christ nous rappelle son seul commandement, celui de l’Amour. Il ne nous demande pas de sauver le monde à nous seuls, mais bien de faire le premier pas, là où nous sommes à notre mesure. La Bonne Nouvelle ? C’est que ce fossé de l’indifférence peut être comblé par nos mains. Ainsi, combler le fossé, cela peut commencer par ouvrir les yeux et le cœur, peut-être en voyant vraiment le Lazare qui est devant notre porte, dans notre famille, dans notre quartier, dans notre paroisse ; en voyant vraiment un voisin seul, une personne âgée oubliée, un jeune en difficulté. Combler le fossé, c’est aussi poser de petits gestes qui paraissent insignifiants mais qui, aux yeux de Dieu, changent tout : une visite, un sourire, une parole d’encouragement, un peu de temps donné, un service rendu. Alors, c’est vrai… nous n’avons pas tous les moyens d’acheter des sacs de couchage comme Carlo… mais nous avons tous la capacité d’aimer concrètement. Enfin, combler le fossé, c’est garder le cœur tourné vers Dieu dans la prière. Car c’est Lui qui nous apprend à aimer… car avec Lui, nos gestes peuvent devenir source de vie éternelle. Alors, demandons au Seigneur de nous donner des yeux pour voir, un cœur pour aimer, et du courage pour agir. Ainsi, le fossé de l’indifférence qui nous séparent de l’autre deviendra un pont. Et ce pont ? C’est le Christ lui-même, qui nous conduit à la Vie éternelle.


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen



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