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Le miracle de la foi

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 12 oct.
  • 4 min de lecture

28e dimanche du temps ordinaire - 12 octobre 2025

2R 5,14-17 ; 2Tm 2,8-13 et Lc 17,11-19


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Chers Frères et Sœurs,


Les Lectures de ce dimanche nous font contempler deux récits de guérison mis en parallèle : celui de Naaman, le général syrien guéri de sa lèpre par le prophète Élisée, et celui des dix lépreux guéris par Jésus sur la route de Jérusalem. À l’époque, être lépreux, c’était non seulement être malade, mais aussi être exclu. Par cette maladie, le corps se détruisait peu à peu. Mais c’était surtout le lien social, familial et religieux qui se rompait. Les gens sains s’éloignaient du lépreux pour ne pas être « contaminés » à leur tour, non seulement physiquement, mais aussi moralement. En effet, ils pensaient que la maladie était le signe d’un péché caché, devenant ainsi pour les générations de croyants un symbole. Plus précisément, le symbole de tout ce qui ronge l’humanité : nos divisions, nos haines, nos indifférences, nos enfermements. Par conséquent, guérir un lépreux est bien plus qu’un acte médical. C’est rendre au malade sa dignité, le réconcilier avec lui-même, avec les autres et avec Dieu. Deux histoires de guérison donc… mais surtout deux histoires de foi, et c’est bien là que se joue le véritable miracle… le miracle de la foi.


Penchons-nous maintenant sur nos deux récits. Avez-vous remarqué que, dans les deux cas, la guérison physique est racontée très brièvement, presque en passant. Bref, comme tout miracle qui se respecte, nous ne savons pas comment cela se produit, cela dépasse notre entendement.


Pour Naaman, « sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant » ; pour les dix lépreux, « en cours de route, ils furent purifiés ». Dès lors, notre approche rationnelle et logique du monde est mise à mal et nous conduit à suivre un autre chemin, le chemin de foi, pour saisir pleinement le sens du miracle ainsi que son origine. Tout d’abord, c’est en faisant confiance que Naaman obéit à la parole d’Élisée, sans toutefois comprendre pourquoi il doit se plonger sept fois dans le Jourdain. De même, les dix lépreux obéissent à cette injonction de Jésus avant même d’être guéris : « Allez vous montrer aux prêtres ! » Ils partent, ils marchent… ils font confiance. Et c’est en marchant qu’ils découvrent leur guérison miraculeuse. Ils marchent, oui ! Mais surtout ils font confiance à la Parole de Jésus. Même si sa Parole peut nous sembler parfois déraisonnable, ils croient en Lui, ouvrant ainsi entièrement leur cœur au point d’atteindre la source cachée de laquelle peut jaillir toute guérison. À ce stade de notre méditation sur la foi, nous pouvons retenir ceci : la foi, c’est croire. C’est oser faire confiance à la Parole de Jésus… avancer sans preuve… marcher sans voir. Ainsi, chaque fois que quelqu’un choisit de croire malgré le doute, d’espérer malgré la souffrance, d’aimer malgré la blessure, il peut atteindre sa source cachée, ouvrant ainsi la porte au miracle.


Ouvrir la porte… mais à qui ? C’est ce que nous révèle également Jésus. En effet, rappelons-nous : sur les dix guéris, un seul revient vers Lui, en glorifiant Dieu à pleine voix. Comble de l’ironie, cet homme est un Samaritain, un étranger à la foi juive ou plutôt à la Loi juive. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il était plus ouvert à suivre l’élan de son cœur ? En attendant, ce qui compte vraiment, c’est qu’il nous montre le chemin de la foi par sa louange envers Celui qui abreuve sa source cachée. En ce sens, lui seul ne se contente pas d’être guéri car il entre en relation avec Celui qui l’a guéri : Dieu lui-même. Il reconnaît en Jésus la présence même de Dieu, il se prosterne, il adore. C’est la raison pour laquelle Jésus lui dit : « Relève-toi, va : ta foi t’a sauvé. » Seul le Samaritain est sauvé, ce qui le différencie des neuf autres qui n’ont été « que » guéris. Pourquoi ? Parce qu’il est le seul à avoir reconnu la source du don, parce qu’il a laissé la foi devenir action de grâce ; parce que, dans le chemin de foi, il nous montre la différence entre recevoir un bienfait (c’est-à-dire la guérison miraculeuse) et reconnaître Celui qui en est l’auteur (c’est-à-dire le miracle de la foi). Ainsi, par son attitude, ce Samaritain nous révèle que la gratitude, c’est la mémoire du cœur qui fait de la foi un lieu de rencontre et de transformation. Dès lors, en complétant avec le message de l’épitre de saint Paul, notre foi n’est donc pas d’abord une idée ni une morale fondée sur une Loi à suivre, mais bien une rencontre vivante avec le Ressuscité. Et croire en Lui, c’est déjà participer à Sa victoire sur le mal, sur la mort, sur toutes nos lèpres intérieures.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, tant Naaman que le Samaritain nous rappellent que Dieu agit aussi au-delà des frontières visibles de son peuple. Son Esprit souffle où il veut. À leur exemple, ils nous montrent que la foi n’est pas un privilège réservé à quelques-uns : c’est un don offert à tous. Ainsi, chaque fois qu’elle naît dans un cœur humain, connectée et abreuvée par sa source cachée qui est le cœur de la foi, un miracle se produit : celui de l’Amour de Dieu qui se révèle au monde. Le véritable miracle n’est pas donc d’être guéri, mais bien de croire en l’Amour de Dieu, d’un Père attentif à tous ses enfants. Le véritable miracle, c’est croire que Dieu agit dans nos fragilités… croire qu’il y a encore de la vie, même au cœur de nos blessures… croire qu’une parole de confiance peut nous relever, comme le Samaritain… croire que, habité par cet Amour agissant, nous pouvons aussi relever notre prochain. Alors, en ce dimanche, demandons au Seigneur non pas d’abord des miracles visibles, mais bien le miracle de la foi… cette foi qui nous fait vivre, marcher et aimer.


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen



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