Seigneur, augmente en nous la foi !
- Frédéric Kienen

- 5 oct.
- 3 min de lecture
27e dimanche du temps ordinaire - 5 octobre 2025
Am 6, 1a.4-7 ; 1Tm 6, 11-16 et Lc 16,19-31

« Augmente en nous la foi ! »… Tel est le cri des apôtres à Jésus sur le chemin de Jérusalem, là où il donnera sa vie pour notre salut. À cet instant, les apôtres peinent encore à comprendre son enseignement. Ils peinent à le suivre… Et nous aussi, nous pourrions faire nôtre cette prière dans notre quotidien.
En effet, comme Habacuc, nous pourrions dire : « Combien de temps, Seigneur, vais-je crier vers toi sans que tu répondes ? » Quand nous voyons tant de violence, tant d’injustice, tant de souffrance dans notre monde, nous pourrions croire que Dieu se tait. Et pourtant, il nous répond et nous encourage : « Le juste vivra par sa fidélité ». Autrement dit : « Tenez bon, faites-moi confiance, ne lâchez pas ma main. Je demeure avec vous. » Ainsi, pris dans ce balancier entre confiance et doute, nous le savons : notre foi est souvent fragile, petite comme une flamme qui vacille. Alors, comme les apôtres, nous redisons nous aussi : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Ah ! la foi… ou plutôt notre foi. Elle qui demeure à notre mesure, c’est-à-dire petite dans ce vaste monde et pourtant si puissante car investie par le feu l’Esprit Saint ; silencieuse comme le vent et pourtant si présente quand elle s’exprime dans l’humilité du service ; si rayonnante autour de nous lorsque nous la témoignons autour de nous.
En réalité, c’est cette foi qui demeure à notre mesure que Jésus nous annonce avec l’image de la graine de moutarde. Si minuscule et pourtant capable de devenir un grand arbre. Ainsi, la foi n’est pas d’abord une accumulation de certitudes ni un savoir théologique. C’est un acte de confiance qui s’enracine dans la Parole de Dieu, même quand on ne comprend pas tout. Dès lors, cette foi, si petite soit-elle, ouvre un passage à la puissance de Dieu ; où avec elle et par elle, ce qui paraît impossible devient possible. Non pas pour « faire des miracles » au sens magique du terme, mais pour laisser Dieu agir à travers nous. C’est donc par Lui que la foi peut déplacer les montagnes de la peur, de la résignation, de l’égoïsme ou de l’injustice.
Une seconde piste nous est donnée lorsque Jésus ajoute une seconde parabole, celle du serviteur. De prime abord, celle-ci peut nous choquer. Imaginez la scène : après une rude journée de travail, ce serviteur doit encore préparer le repas de son maître. Toutefois, ne nous méprenons-pas. Jésus n’essaie pas de justifier les rapports maître-esclave mais il veut nous parler de notre relation avec Dieu, où devant lui, à l’image de son Fils qui s’est donné pour chacun de nous, nous lui rendons grâce en nous mettant à son image au service de la Bonne Nouvelle… de son Amour. Marie l’avait compris aussi et l’a d’ailleurs exprimé en ces termes : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. » Bref, la vraie foi s’accompagne toujours d’humilité et de disponibilité.
Enfin, Saint Paul nous encourage à « raviver le don de Dieu » reçu à notre baptême. Et ce don ? C’est son Amour. Mais pour que cet Amour soit véritable, (je ne vous apprends rien) il doit être autant reçu que partagé. Ainsi, la foi, qui porte et s’ancre dans ce don, n’est pas un trésor à garder pour soi, mais bien un feu à partager. Ainsi, c’est bien la foi qui nous donne la force de témoigner de cet Amour… même au cœur des épreuves. Bref, en reprenant les mots de Paul : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi. » Voilà qui résonne fortement en ce mois d’octobre, mois de la prière du rosaire autour de Marie avec qui notre foi se nourrit de sa prière et grandit en la partageant.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, nous pouvons retenir et méditer encore sur le sens de notre foi qui nous anime et nous réunit encore aujourd’hui. Tout d’abord, la foi n’est pas une performance à réaliser, c’est une relation à accueillir. Ensuite, la foi peut nous paraitre toute petite comme une graine, mais elle porte en elle une puissance de vie. Enfin, la foi est humble comme un serviteur, mais elle ouvre le cœur de Dieu. Ainsi, même si notre foi est parfois vacillante ou fragile sous le poids de notre monde, elle peut devenir force quand nous la vivons ensemble et que nous en témoignons. Alors, avec les apôtres, avec l’Église tout entière, redisons ensemble d’une même voix : « Seigneur, augmente en nous la foi ! Donne-nous d’oser te faire confiance, de vivre dans l’humilité et de témoigner avec joie de ton Évangile. »
Amen. Alléluia !
Frédéric Kienen



