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Testament et pain rompu

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ - 22 juin 2025

Évangile selon saint Luc 9, 11b-17



« Vous ferez cela en mémoire de moi » ! L’ordre de Jésus est comme son testament.

Au cours des siècles, l’Église sera fidèle à ce geste reçu du Seigneur ; elle fera la fraction du pain, en mémoire du Seigneur, jusqu’à son retour !

 

« Vous ferez mémoire… » Comment pourrions-nous vivre sans regarder ce qui nous est arrivé, ce qui nous a été donné, ce que nous avons reçu ? Quand l’homme perd la mémoire, il sombre dans la mort ; quand les peuples oublient leur passé, ils ressemblent à des arbres desséchés, faute de racines.

 

Nous faisons mémoire de ce qui nous a été transmis, et c’est la seule manière de rejoindre notre héritage. Notre foi est d’abord une parole entendue, à laquelle nous répondons, un don que nous accueillons. Et notre mémoire n’est pas seulement personnelle ; elle est collective ; c’est ensemble, en Église, que nous faisons mémoire de ce que Dieu a déjà vécu avec les hommes.

 

Nous faisons mémoire. Pourtant, ce commandement n’est pas une invitation à la nostalgie. Nous ne nous tournons pas vers le passé avec une larme au coin de l’œil ; Trop de souvenirs détruisent les hommes parce qu’ils enferment dans la nostalgie de ce qui est passé et n’est plus ; trop de souvenirs sont mortels parce qu’ils empêchent de vivre, de grandir, d’innover ! Mais l’ordre de Jésus ne nous condamne pas à une répétition sans vie, à un geste sans avenir. Si nous regardons vers ce qui nous est arrivé autrefois, c’est pour que notre foi puisse naître aujourd’hui. Si nous célébrons notre passé, c’est pour qu’advienne aujourd’hui ce qui a été manifesté alors. Faisant mémoire de la Cène du Seigneur, nous sommes engagés dans ce qu’elle inaugurait, l’Alliance de Dieu avec son peuple. En rompant le pain, l’Église est fidèle à l’ordre de son Sauveur et elle inaugure aujourd’hui la grande fête de Dieu avec les hommes.

 

« Donnez-leur vous-même à manger… » ! « Faites cela en mémoire de moi » !

Lorsque Jésus prend les cinq pains et rend grâce avant de les rompre pour la foule, il ne les multiplie pas comme le ferait un tout-puissant, tirant sans fin de ses richesses pour en distribuer une part aux affamés ; déjà il pose le geste rédempteur, celui où il donnera sa vie. Car le pain qu’il partage pour les affamés, c’est son corps. Et, seul son corps livré, image de sa vie consacrée à l’amour jusqu’au bout, peut sauver l’homme.

 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger… » ! Si l’Eucharistie de la dernière Cène se célèbre dans le recueillement du Cénacle, celle de la multiplication des pains nous ouvre les portes sur le monde. Y sont invités les pauvres et les rejets, les malfamés et les mal-habillés, les persécutés et les oubliés. Comment pourrions-nous recevoir le pain rompu entre nos mains sans tout mettre en œuvre pour qu’advienne un monde nouveau ?

 

« Faites cela en mémoire de moi » ! Que le recueillement du Cénacle ne nous égare pas !

L’adoration du corps du Seigneur ne pourra jamais être la contemplation pieuse et désincarnée du « divin prisonnier du tabernacle » ; la Fête-Dieu n’engendrerait que la mort si elle ne nous ouvrait pas à notre vocation eucharistique pour le monde ! Si, ce soir-là, Jésus a donné le pain à ses disciples, c’était pour qu’ils deviennent son Église, sa Parole vivante et vitale pour les hommes.

 

Chaque foi que nous célébrons l’Eucharistie en mémoire du Seigneur, il prend notre pain et il prend notre corps, notre vie ; il regarde le monde et il nous dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ! Nous ne sommes heureusement pas seuls ! Notre corps, notre vie, livrés pour la multitude, sont entre les mains de Celui qui se livre chaque jour le premier. Et la Grande Fête de l’Eucharistie devient celle du pain rompu, fête de Dieu pour les hommes.

 

 

Michel Teheux



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