Service de Dieu
- Michel Teheux

- 18 juil.
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16e dimanche du temps ordinaire - 20 juillet 2025
Évangile selon saint Luc 10, 38-42

Jésus a pris la route, il fait halte sur le chemin qui le mènera à Jérusalem, au terme de sa mission. Béthanie, l’heure de la paix, dans la maison de l’ami, Marthe et Marie, les deux sœurs l’accueillent.
Marie est assise aux pieds du Seigneur, dans l’attitude du disciple attentif à recueillir la Parole du Maître. Elle écoute sa Parole, la savoure, la médite, est séduite. Comme le peuple au temps de sa jeunesse.
Marthe, elle, s’affaire, accaparée par les multiples occupations du service. Une femme généreuse et dévouée, comme le samaritain dont Jésus vient de louer la charité. Comme les maîtresses de maison trop inquiètes de tous les préparatifs pour bien recevoir, elle oublie l’essentiel : le visiteur.
Elle court à la cuisine, des fourneaux à la salle, de la salle à la réserve : l’hôte, c’est celui dont on doit s’occuper et servir, celui dont il faut prévenir tous les désirs.
Tout sera tellement bien préparé que rien de neuf et d’inattendu ne pourra arriver.
Quand l’Eglise se met à imiter Marthe, on dirait une entreprise à la chaîne, où tout est programmé : le menu sera respecté, le savoir-vivre un peu factice évitera les impairs, tout « se passera bien » mais la fête s’arrêtera une fois éteints les lampions.
Eglise qui donne raison à la sagesse et à la prudence, à l’organisation et au savoir-faire. Eglise des stratégies missionnaires et des moyens de pression.
« Tu t’agites bien trop » ! « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée » !
Eglise qui boit la Parole de Dieu, elle a la candeur des enfants qui oublient tout lorsqu’ils écoutent une histoire qui les émerveille et les fait comme sortir de la réalité pour les faire vivre, ailleurs, autrement.
Eglise dont les yeux s’ouvrent, séduite par un voyageur qui s’arrête chez elle. Eglise de la vraie contemplation, celle qui va à l’essentiel. Eglise libre qui préfère la brise âpre du chemin aux saveurs trop connues et sans sel des cuisines trop fermées.
Eglise qui préfère l’inconfort de la tente des nomades à la sécurité des demeures trop stables qui deviennent vite des fardeaux et des prisons.
Eglise de la passion et du cœur : Marie qui contemple Jésus courra jusqu’au tombeau alors que la raison des hommes se rit d’une pareille espérance. Marie savoure les Paroles de Jésus et les mots gravés au plus intime d’elle-même seront source d’émerveillement et de joyeuse assurance : au-delà des évidences et de la mort, elle pourra découvrir l’inattendu de Pâques.
Eglise de la contemplation qui voit au-delà de la dure réalité humaine.
Eglise qui découvre l’impossible nouveauté pascale et l’autre face des choses.
Eglise de l’étonnement, fille de Sara qui donnera naissance à Isaac, l’enfant du rire.
Car, au fond, le dernier mot de l’Eglise n’est-il pas qu’il vaut mieux rire ? Car la stérilité du monde peut se changer en moisson abondante !
Car les pleurs du jardin de Gethsémani peuvent devenir des larmes de joie au matin de Pâques ! Car les chemins du désert sans fin, toujours à retracer, peuvent s’arrêter dans la tente du rendez-vous !
Eglise de Dieu, tu as choisi la meilleure part : elle ne te sera pas enlevée ; ton espérance s’enracine dans la promesse de Dieu lui-même.
Michel Teheux



