32e dimanche du temps ordinaire
- Michel Teheux

- 9 nov.
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Dédicace de la Basilique du Latran — 9 novembre 2025

Il y avait sept frères et leur infortunée belle-sœur… On veut mettre Jésus à l’épreuve. Mais lui atteste que tous les critères sont bouleversés : vous ne pouvez parler du Royaume avec des images ; à vin nouveau, offres neuves.
Les Sadducéens ne croyaient pas à la résurrection des morts. Pour eux, ce dogme était une invention sans fondement dans la tradition. Avec l’exemple tiré de la loi de Moïse, qu’ils respectent comme de bons traditionalistes, les Sadducéens tendent un piège à Jésus. Celui-ci coupe court à toute imagination inutile : le monde que Dieu instaure n’a rien à voir avec les normes anciennes. Ce que Dieu promet n’est pas le prolongement rendu parfait d’un monde limité : le monde de Dieu est au-delà de nos catégories. C’est bien pour cette raison que ce monde doit être révélé, c’est-à-dire donné, offert.
Serait-ce dire que notre monde aux yeux de Dieu n’a aucune importance ?
À quoi bon tenter d’inventer la fidélité puisque, de toute façon, dans l’au-delà on vivra autrement ? Pourquoi consacrer ses forces et ne pas ménager ses peines pour construire un monde meilleur puisque, de toute façon tout sera bouleversé ? Faudrait-il faire nôtre l’attitude des premiers chrétiens qui attendaient le retour du Seigneur dans la vigilance et la prière et se désintéressaient du temps présent ?
Faut-il nous tourner vers demain et considérer notre terre comme une vallée de larmes ? Au regard de la foi, notre monde a une valeur extraordinaire : il est la parabole de demain ! Certes il y aura une rupture entre ce que nous construisons et ce qui nous sera révélé, mais la communion future est déjà esquissée dans les fraternités présentes. La paix définitive qui s’appelle réconciliation avec Dieu et justice entre les hommes s’enfante déjà dans le labeur courageux pour changer la face de la terre. Demain sera nouveau, mais ce sera la découverte, suscitant l’émerveillement, de la valeur cachée et secrète du temps présent. Comme l’homme est déjà tout entier dans l’enfant qu’il a créé tout en étant radicalement différent et nouveau, la terre de Dieu, donnée en germes dès aujourd’hui, sera l’épanouissement plénier du projet de Dieu.
Comment parler de cet ordre nouveau sinon en expérimentant dans notre cœur que nous sommes déjà passés sur l’autre rive, avec le Christ ressuscité ? En lui nous sommes vainqueurs des forces de mort même si elles nous emprisonnent encore : l’être ancien s’en est allé ! Par notre expérience pascale, le monde apprend ce qu’il n’osait vraiment imaginer : la mort est contre nature.
Dans l’humilité de notre foi et la faiblesse de notre espérance, nous disons que nous appartenons à un monde nouveau, si bien que nous pouvons appeler frères ceux qui nous sont étrangers à cause de leur culture, de leur naissance ou de leurs opinions. Si bien que nous pouvons dire que nous sommes un seul corps malgré tout ce qui nous sépare encore. Si bien que nous pouvons dire que nous sommes des saints malgré notre péché personnel et collectif. Nous voyons la mort encore partout à l’œuvre et pourtant nous ne cessons de dire : « Il est ressuscité ».
Tout dans la question posée à Jésus tourne autour de la mort. C’est elle qui détermine les décisions et fixe les règles. Parce que nous croyons à la résurrection de Jésus, tout est désormais polarisé par ce retournement : c’est la vie qui est le moteur de notre vie ! Oui, nous sommes des passionnés de la vie : nous sommes des vivants, de bons vivants ! Et si nous croyons en la vie c’est parce que nous expérimentons que la résurrection de Jésus est le secret lumineux du monde : notre Dieu est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu des vivants. C’est pour cela que nous aimons la vie.
Michel Teheux



