1er dimanche du Carême - 9 mars 2025
Évangile selon saint Luc 4, 1-13

Chers Frères et Sœurs,
Alors que nous entrons effectivement dans le temps du Carême, l’Église nous invite à méditer sur les prémices de notre foi, cette foi baptismale qui demeure le fondement de notre marche avec le Christ sur le chemin de notre conversion. Ainsi, à la lumière des Lectures de ce jour, nous découvrons ce rappel que la foi n’est pas seulement un assentiment intellectuel, mais surtout une réalité vivante qui doit être cultivée, éprouvée et offerte à Dieu comme les prémices de toute notre existence. Aussi, en ce jour, affermissons nos premiers pas à la suite de Moïse dans ce temps de désert (un expert en la matière pour y avoir passé plus de quarante années), de saint Paul et du Christ lui-même.
Dans le livre du Deutéronome, Moïse nous rappelle le fondement de toute foi lorsqu’il exhorte le peuple d’Israël à présenter devant Dieu les prémices, c’est-à-dire les premiers fruits de la terre, en signe de reconnaissance et de fidélité. En d’autres termes, en invitant son peuple à se souvenir qu’il a été libéré d’Égypte par la main puissante de Dieu, la profession de foi de Moïse engage un acte de mémoire qui devient liturgique. Par ces mots, les prémices, comme acte d’offrande et de mémoire, deviennent un symbole, non seulement comme les premiers fruits du labeur à déposer, mais surtout comme l’expression d’une foi qui reconnaît Dieu comme source de toute bénédiction. Mais quel impact cette première profession de foi de Moïse a-t-elle pour nous aujourd’hui ? Celui de fouiller au plus profond de nous-mêmes, tels des archéologues, pour déblayer le sable des prémices de notre propre foi, de ce premier don reçu lors de notre baptême. Notre foi baptismale, celle que nous professons d’ailleurs lors de chaque Eucharistie, demeure ce premier don que Dieu nous fait ; un don qui, tel un fruit, ne demande qu’à grandir et à mûrir. Ainsi, Moïse nous rappelle que Dieu nous invite aujourd’hui et demain à cultiver ce don, à le nourrir par la prière, par la Parole et les sacrements ; et ce, afin de faire grandir nous aussi les fruits que nous pourrons Lui remettre telles les prémices du peuple d’Israël. Entrer en Carême, c’est donc revenir aux fondements de cette foi, en reconnaissant avec gratitude l’œuvre de Dieu dans nos vies.
Dans la lettre aux Romains, saint Paul poursuit cette nécessité en nous enseignant comment cette foi en maturité se traduit dans notre existence. Cependant, pour pouvoir maturer, rappelons-nous déjà que notre foi n’est pas une simple adhésion intellectuelle, mais bien une réalité qui transforme toute notre vie. Plus précisément, si l'Esprit du Christ habite en nous, il nous donne accès à une nouvelle vie. Dès lors, en laissant le souffle de l’Esprit balayer le sable de notre cœur pour nous renouveler entièrement, cette vie nouvelle peut devenir également le fruit d’une foi vivante, vie qui s’exprime autant en paroles qu’en actes. Ainsi, par cette prise de conscience de cette vie, de cette croissance – bref, que notre foi n’est pas statique – nous pouvons saisir que la foi pour favoriser sa croissance passe également par un combat intérieur, une purification constante, un renoncement au péché afin d’alléger notre marche vers la vie en Dieu. Entrer en Carême, c’est donc ce temps – parfois difficile certes – du combat spirituel et pourtant nécessaire pour grandir si nous voulons marcher plus loin vers Dieu.
Cet aspect du combat intérieur, du combat spirituel est particulièrement visible dans l’Évangile de Luc, où nous voyons Jésus, rempli de l’Esprit, affronter le tentateur au désert. Comment Jésus lui répond-il ? Par la Parole de Dieu, par une foi inébranlable en son Père. Il nous enseigne ainsi que la foi se nourrit de la Parole, se fortifie dans l’épreuve et nous permet de triompher des tentations. En d’autres termes, ce passage vient éclairer les zones d’ombres durant notre propre marche dans le désert du Carême. En effet, à l’image du Christ, nous sommes appelés nous aussi à avancer dans le désert de nos vies, en tenant ferme dans l’épreuve, en nous appuyant sur la Parole de Dieu et en repoussant les séductions du Malin. Mais que faire si nous nous égarons ? Le Christ nous montre que la victoire de cette traversée du désert à sa suite ne repose pas sur nos propres forces seules… mais sur l’abandon à Dieu et la fidélité à sa Parole.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, les prémices que nous offrons à Dieu au quotidien sont d’abord celles de notre foi… une foi vivante, éprouvée et renouvelée dans l’épreuve, à l’image de Moïse et du Christ. Voilà c’est qu’est le Carême : un chemin vers Dieu dans notre désert intérieur. Ainsi, c’est en retrouvant les prémices de notre foi, la foi de notre baptême comme le premier fruit de l’Esprit, que nous pourrons vivre ce Carême comme un temps de purification et de croissance spirituelle ; un temps où chacun de nous est appelé à nourrir sa foi, à l’alimenter par la prière, le jeûne et le partage, et à la fortifier en affrontant nos propres tentations.
Que notre marche vers Pâques soit un temps de croissance spirituelle afin que nous puissions offrir à Dieu l’offrande vivante de notre existence habitée par sa présence, l’offrande de notre foi vivifiée par son Esprit.
Amen. Maranatha.
Frédéric Kienen