Retour aux sources - Des passionnés
- Michel Teheux
- 13 avr.
- 2 min de lecture
Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur - 13 avril 2025
Évangile selon saint Luc (19, 28-40)

La « Grande Semaine », comme aimaient à l’appeler les Anciens et comme le dénomment aujourd’hui ceux qui, comme moi, pensent que la liturgie est éducatrice de bon sens chrétien, la « Grande Semaine » vient de commencer.
Et elle s’ouvre par un chemin à parcourir.
Chemin de croix, mais aussi chemin de l’Amour donné jusqu’au bout, de la vie livrée en testament d’une alliance que rien ne peut remettre en question.
Pour nous, baptisés dans la mort et la vie du Christ Sauveur, commence aujourd’hui un retour aux sources bouleversant.
Durant cette semaine, nous allons contempler Jésus. Le regarder. Et que verrons-nous ?
Un homme à genoux, serviteur qui lave des pieds souillés de poussière et de sueur.
Un visage ruisselant de sang que nous voyons se décomposer dans les supplices de l’angoisse de l’abandon.
Un condamné, injustement jugé, une victime d’un idéal trop haut, un mort s’ajoutant aux millions d’innocents assassinés.
Contemplant Jésus, nous admirerons sans doute en lui - comme le disait Peguy » - « la très parfaite imitation de l’homme par Jésus Christ ».
Mais ce n’est pas seulement par un amoureux souci de communion à la condition douloureuse de l’homme que Jésus se fait serviteur, entre en agonie, s’abandonne aux attaques de mépris et de la haine.
Au Jardin des Oliviers, dans le corps de garde de la police romaine, comme sur la croix où trois heures durant il étouffe, Jésus ne recherche pas seulement la parfaite imitation de l’homme.
Là, comme dans toute sa vie, il est l’image visible du Dieu invisible, manifestation, épiphanie de la Gloire de Dieu.
Cette Semaine, devant ce Jésus, il nous faut reconnaître, sans que nous puissions nous l’expliquer, que Dieu, dans la profondeur mystérieuse de sa vie, ressemble à quelqu’un qui se met à genoux et sert, à un homme en agonie et à celui-là qui meurt abandonné.
En « recourant au visage » (André Chédid), nous découvrirons alors le secret de Jésus : Dieu nous a aimés jusque-là.
« Grande Semaine », cette semaine, parce que nous allons être amenés à l’essentiel.
Ce que nous célébrons dans cette Semaine Sainte, c’est le mystère de Jésus étendu à notre propre vie : nous sommes aimés de Dieu. À la folie.
« Grande semaine », cette semaine, car, contemplant ce que Dieu nous donne à voir en Jésus, fixant notre regard sur la face de Jésus, comment ne serions-nous pas altérés par cette contemplation ? Parce que nous aurons longuement et intensément regardé Jésus se reflètera en notre vie quelque chose de son mystère.
« Grande Semaine » parce qu’elle sera une semaine baptismale : elle nous plongera à nouveau dans le secret de notre vie : « pour nous, vivre, c’est le Christ » !
Le baptisé ne peut être qu’un passionné.
Michel Teheux