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Réjouis-toi de la miséricorde divine

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 30 mars
  • 4 min de lecture

4e dimanche du Carême - 30 mars 2025

Évangile selon saint Luc 15, 1-3.11-32



Chers Frères et Sœurs,


En ce quatrième dimanche de Carême, l'Église nous invite à une pause dans la marche de notre désert intérieur. En effet, la couleur liturgique se teinte de rose – cet entre-deux entre le mauve de la pénitence mise en suspens et le blanc de la résurrection pas encore accomplie –, les textes respirent l’espérance, et l’Église nous rappelle que le Carême n’est pas une fin en soi, mais bien un chemin vers la Vie. Plus précisément, ce jour particulier du Carême rompt avec la tonalité austère de la pénitence pour nous inviter à une joie anticipée : celle de la Pâque du Seigneur. Ce dimanche, c’est donc celui du « Laetare » que l’on traduit par « Réjouis-toi » tiré du livre d’Isaïe (Is 66,10). Ainsi, cette rupture joyeuse dans notre chemin de conversion vient nous rappeler que le but ultime du Carême n'est pas la tristesse, mais la réconciliation, le retour à la maison du Père et la plénitude de la joie pascale. C'est dans cet esprit, teinté de rose et de joie, que nous est donnée aujourd'hui la parabole du Fils Prodigue, une histoire qui révèle toute la profondeur de la miséricorde divine comme signe de l’Amour du Père pour ses enfants.


En effet, le Fils prodigue demeure un exemple, une figure inspiratrice pour notre chemin de conversion, car il illustre le parcours du pécheur. Dans son désir d’indépendance, il s’éloigne de son père, gaspille son héritage et finit par toucher le fond. Notons d’emblée que cette descente aux enfers peut symboliser nos propres égarements, nos propres faiblesses, notre propre errance quand nous nous détournons de Dieu et croyons pouvoir vivre sans Lui. Mais dans l’épreuve, ce fils réalise surtout son erreur : il prend conscience que son bonheur était auprès de son père. Ainsi, son retour qu'il imaginait marqué par la honte et la soumission se transforme en une attitude de repentir sincère : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ». Et pour nous ? Cette confession ne peut que résonner au plus profond de notre être. En effet, le Carême demeure cette invitation personnelle à ce même retour improbable de notre foi en Dieu. Il ne s’agit pas simplement de subir ce temps de désert et de privations régies par l’unique effort de volonté pour Le retrouver, mais bien d’une prise de conscience de nos faiblesses et de nos fragilités ancrées au plus intime de notre cœur et de notre foi. Bref, un élan de simplicité capable de nous retourner complètement, un élan de conversion qui nous ramène progressivement à la simplicité de l’essentiel : l’Amour… L’Amour de Dieu, de soi et des autres.


Bon, poursuivons ! La véritable surprise de cette parabole, c’est l’attitude du père. Alors que nous pourrions attendre un reproche ou une sanction de sa part, c’est un accueil inconditionnel qu’il offre à son fils : il court à sa rencontre, l’embrasse et organise un festin. Quel merveilleux témoignage d’Amour ! Un Père qui ne garde pas rancune, qui attend patiemment, qui ne se lasse jamais d'espérer le retour de son enfant. En ce sens, cette image vient briser toute logique humaine en incarnant à la perfection la miséricorde divine qui précède et dépasse notre propre conversion… miséricorde qui rassemble à nouveau un père et son enfant autour d’un festin. Ainsi, pour nous aujourd’hui, ce dimanche du Laetare, prémices de la joie pascale, est précisément cette anticipation de la joie du pardon et du salut. Ce jour nous rappelle également que la finalité de notre Carême n’est pas la tristesse ou le jeûne pour lui-même, mais la possibilité d'un retour auprès du Père au cœur rempli d’Amour pour ses enfants.


Toutefois, n’oublions pas le second fils dont la réaction ne peut que nous interpeller. En effet, celui-ci, resté fidèle au père, ne comprend pas pourquoi tant de joie est manifestée pour le retour de son frère, celui qui a fauté. Son cœur, fermé à la logique de la miséricorde, s’indigne face à la miséricorde du père. « Pourquoi lui et pas moi ? » En réalité, cette attitude peut nous renvoyer à nos propres difficultés à pardonner et à nous réjouir du salut des autres. Plus précisément, le fils ainé peut représenter tous ceux qui, fidèles extérieurement, ont du mal à accepter que Dieu soit plus grand que leur justice humaine. En ce sens, son exemple vient résonner en nous comme une mise en garde contre un rigorisme qui pourrait nous faire oublier l’essentiel : la joie du salut n’est pas méritée, elle est donnée gratuitement.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, ce dimanche du Laetare, ce dimanche de la joie comme une oasis dans le désert du Carême, est une invitation à la confiance en nous rappelant la finalité pascale de notre chemin de conversion. De même, ce dimanche particulier nous rappelle que la joie chrétienne n'est pas seulement une question de sentiment personnel, mais bien une réalité profonde qui jaillit de la miséricorde de Dieu, de l’Amour inconditionnel d’un Père pour chacun de ses enfants. Voilà pourquoi nous sommes tous appelés à cette joie, que nous soyons dans l'attitude du fils prodigue revenant au Père ou dans celle du fils aîné appelé à s'ouvrir à son Amour inconditionnel.


Que ce jour soit l’occasion d’une pause joyeuse pour nous rappeler que le Carême conduit à Pâques, que la pénitence s’accomplit dans la réconciliation, et que le but ultime de notre foi est cette fête où le Père nous revêt de la robe de la grâce et nous invite à la table du Royaume.


Amen. Maranatha.

 

Frédéric Kienen



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