Présentation du Seigneur au Temple - 2 février 2025
Évangile selon saint Luc 2, 22-32

Chers Frères et Sœurs,
Pas de surprise, vous le savez, aujourd’hui signe le début de la quatrième semaine du temps ordinaire qui demeure pourtant un jour particulièrement extraordinaire. Déjà pour la dégustation des crêpes à venir (à la grande joie des enfants et de nos estomacs) mais surtout, en entrant dans le langage symbolique, par le fait qu’aujourd’hui est le quarantième jour après Noël. Dès lors, ce chiffre « 40 » ne peut que nous interpeller en raison de son importance dans l’Histoire du Salut (par exemple : les 40 ans d’errance du Peuple d’Israël dans le désert, Jésus qui part prier 40 jours dans le désert,…) Bref, vous m’aurez compris, histoire de marquer le coup, nous célébrons ce jour non pas 1… non pas 2… mais bien trois événements particuliers : la Présentation de Jésus au Temple, la Purification de Marie et la fête de la Chandeleur. Mais quel symbole ces fêtes ont-elles en commun ? En réalité, telle une autoroute pour notre foi, ces fêtes nous renvoient à un mystère central : le Christ est la Lumière des Nations, venu pour purifier et sauver son peuple. Dès lors, méditons ensemble ces termes qui relient nos cœurs au Christ : la Lumière, le salut et la purification.
Tout d’abord, le prophète Malachie vient poser le socle à notre méditation en annonçant : « Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. » Un socle qui se saisit et prend pleinement son sens dans l’Évangile d’aujourd’hui lorsque le petit enfant Jésus est porté au Temple. Or, nous savons qu’il n’est pas un simple enfant : Il est le Messie, Dieu fait homme, qui vient purifier son peuple. Cette finalité est également annoncée par le prophète : « Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme l’or et l’argent. » Plus précisément, cela signifie que la venue du Seigneur n’est pas seulement une visite bienveillante à l’humanité, mais qu’il apporte aussi un feu purificateur. Attention ! Compris dans le sens de l’Amour qui vient illuminer l’humanité, ce feu purificateur n’est donc pas lié à la destruction, mais bien à la création. Pourquoi ? Car Jésus vient non seulement pour éclairer notre foi et guider notre esprit, mais aussi pour nous transformer et nous purifier tel un orfèvre en affinant nos cœurs des limailles de nos faiblesses humaines.
Ainsi, afin de comprendre plus précisément le sens de ce feu purificateur, telle la pièce à deux faces que nous tenons dans la main gauche lorsque nous faisons sauter une crêpe, la fête de la Présentation de Jésus au Temple se complète par la « fête de la Purification de Marie ». Avant de poursuivre, cette expression demande un peu d’explication, car les mots « pur et impur » peuvent être mal interprétés et ont un sens particulier. En effet, ces mots ne sont pas à traduire comme « propre et sale », « désinfecté et contaminé », mais bien comme « sacré et profane ». Plus précisément, dans la tradition juive, si la femme accouchée devait être « purifiée », ce n’est pas parce que l’accouchement l’aurait souillée, mais parce que, en donnant la vie, elle a participé à l’œuvre de Dieu. Par conséquent, par l’accouchement, l’acte par excellence du don de la vie, elle entre dans la sphère du « sacré ». Dès lors, le rite de « purification » est réalisé pour l’aider à rejoindre à nouveau la sphère du profane, la sphère de la vie de tous les jours ! (De la même façon, le prêtre « purifie » le calice à la fin de la messe, non parce que le sang du Christ l’aurait souillé, mais pour le ramener dans la sphère de l’objet profane et le ranger à la sacristie). De cette ancienne coutume, nous est restée la prière des « relevailles » que certaines aînées ont peut-être encore connue ; une prière qui avait pour but de réintégrer dans le cercle des fidèles une jeune mère ayant accouché, car elle ne pouvait se rendre à l'église pendant sa période de quarantaine, c’est-à-dire le temps nécessaire à son rétablissement.
Bon ! La digression étant passée, reprenons notre méditation. Telle la tranche de cette pièce qui relie la face de la Présentation de Jésus au Temple – qui révèle la Lumière de l’Amour au monde – à la face de la Purification de Marie – comme le lien tangible entre le divin et l’humain –, nous retrouvons Dieu qui s’est fait l’un de nous pour une raison fondamentale : nous sauver. Mais encore faut-il que nous l’accueillions entièrement avec foi et persévérance lorsqu’il se présente à nous. Ainsi, ce sont cette attente et cet accueil que l’Évangile de Luc nous relate. En effet, force est de constater que la scène de la Présentation est bouleversante : Siméon, un vieillard juste et pieux, qui a vécu toute sa vie dans l’attente du Messie annoncé, reconnaît en cet enfant « le salut préparé pour toutes les nations, lumière pour éclairer les nations païennes. » En ce sens, ce passage nous rappelle que Jésus n’est pas seulement venu pour Israël, mais pour le monde entier. Il est la Lumière du monde qui chasse les ténèbres du péché et de la mort. Il est la Lumière apportée à l’humanité par Jésus qui « a partagé notre condition humaine pour détruire la mort et libérer ceux qui en avaient peur », comme nous l’avons entendu dans la lettre aux Hébreux. Toutefois, face à cette joie et cette fierté d’une mère en réponse à l’annonce Siméon, comme cette autre face d’une pièce, la fête de la Présentation de Jésus au Temple est aussi une annonce de la Croix à venir.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, le rituel de la Présentation au Temple nous rappelle l’humilité du Christ car, bien qu’étant Dieu, il se soumet d’abord à la Loi de Moïse. Mais la Lumière qu’il apporte à l’humanité, tel un feu purificateur capable de transformer nos cœurs, annonce surtout le salut qu’elle révèle ainsi que son chemin pour nous l’offrir… celui de la Croix lorsque Siméon annonce à Marie qu’« Un glaive transpercera ton âme ». De plus, à l’image de la Purification de Marie qui illustre ce lien tangible entre profane et le sacré, Jésus se présente également dans le Temple de nos cœurs pour nous purifier, nous éclairer et nous sauver afin de nous permettre de nous élever vers son Amour. Ainsi, en ce jour où nous allumons des cierges pour rappeler que le Christ est notre lumière, comme Siméon, nous sommes appelés à le reconnaître et à le porter au monde. Aussi demandons la grâce de l’accueillir pleinement et de nous laisser transformer par sa lumière.
Amen. Alléluia.
Frédéric Kienen