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Pharisien, mon frère

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 25 oct.
  • 3 min de lecture

30e dimanche du temps ordinaire - 26 octobre 2025

Évangile selon saint Luc 18, 9-14


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Frères, il y aura toujours des pharisiens parmi nous !

Comment en serait-il autrement ?

Nous venons à la messe, nous respectons la morale, nous sommes des gens bien élevés. Il y a, dans le monde, bien pire que nous !

Grâce à Dieu ! Certes, nous ne sommes pas de ces pharisiens vaniteux ou inquisiteurs ; nous ne sommes pas gonflés de suffisance comme le pharisien de la parabole. Nous sommes des pharisiens de petite taille ; mais qui de nous ne s’est secrètement réjoui quelque part au fond de son cœur, d’être ce qu’il est ?

Il suffit de regarder dans quelles abominations tombent les autres pour avoir motif de se réjouir sur soi-même. « Je te rends grâce, Seigneur ! ».

 

Des hommes montèrent au Temple pour prier. C’est sans doute dans la prière que notre cœur est mis à nu, y compris dans cette prière à peine prononcée que chacun se redit en soi, comme un refrain qu’on fredonne à longueur de journée.

Le pharisien prie, et nous avec lui. Il se met, nous nous mettons au centre de notre prière ; nous nous octroyons un satisfecit et un prix de mérite. Quant à Dieu, il est là pour reconnaitre notre bon droit. Si Dieu est juste, il ne peut que nous justifier, nous rendre justice. Mais Dieu rend justice aux pauvres !

 

Le publicain, lui, prend la mesure de son indignité et regarde vers Dieu, qui peut le sauver malgré cette indignité.

Il s’adresse à un Dieu Sauveur. Mais il n’y a de sauveur que pour celui qui se trouve en perdition !

 

Et voici précisément le danger de pharisaïsme. On a appris au pharisien qu’il faut éviter le péché, qu’il faut multiplier les sacrifices et les bonnes œuvres, qu’il faut mettre la Règle en pratique. On le lui a appris, et il le fait. Il le fait tellement bien qu’il en est fier. Il est en Règle, et il lui suffit que Dieu soit juste, peu importe que Dieu soit miséricorde et pardon, puisqu’il n’a pas besoin d’indulgence. Avec Dieu, ses rapports sont ceux de la stricte justice.

Dès lors, le pharisien peut prendre sur lui le rôle difficile, mais nécessaire, de redresseur de torts, de juge moral, de gardien des lois. Lui, qui a su vaincre les passions et le péché. Il se doit de dénoncer ceux qui s’écartent du droit chemin. Il doit juger. « Regarde, Seigneur, ce vilain publicain… » !

Il sait, lui, le pharisien ; nous savons, nous, les purs, ce qu’il en coûte de rester intègre… Il nous est donc permis de juger. Mais, faisant cela, nous avons perdu Dieu.

 

Deux hommes entrèrent à l’église pour prier. L’un était religieux de la stricte observance, membre des Équipes de la Sainteté. L’autre était pécheur public ; vous avez le choix pour préciser sa situation. Il se tenait à distance, à distance des hommes : il balbutiait sa prière : il ne faisait pas l’éloge de sa faute ; il souffrait de ce que les hommes le montrent du doigt.

Savait-il, ce publicain, que Dieu était venu jusqu’à lui, tout près de lui, pour lui dire, par la voix de Jésus : « Zachée, il me faut aujourd’hui manger chez toi et me reposer auprès de toi » ?

 

Frères, le privilège des publicains, c’est qu’eux seuls peuvent comprendre le sens de ce que nous chantons : « Dieu de tendresse et Dieu de pitié, Dieu plein d’amour et de fidélité, Dieu qui pardonne à ceux qui t’aiment ». On ne comprend pas ce dont on a besoin, et le pharisien n’aura jamais besoin de pardon.

 

Frères, mes chers frères pharisiens, serons-nous un jour capables de dire, en y croyant : « « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir… » ?

 

 

 Michel Teheux



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