top of page

« Pas de passe-droits »

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 25 août
  • 3 min de lecture

21e dimanche du temps ordinaire - 24 août 2025

Évangile selon saint Luc 13, 22-30


ree

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés » ?

Hypocrites ! Du moment que vous et les vôtres êtes sauvés, que vous importent les autres ? Vous recourez volontiers à la comptabilité spirituelle, à la tradition qui rassure, à l’éducation qui prouve, à l’appartenance qui sauve. Vous brandissez vos certificats de baptême et vos pédigrés.

 

Évidemment vous serez scandalisés lorsque vous verrez se presser ceux des iles lointaines. Vous crierez à l’injustice quand les mécréants, les pécheurs et les étrangers entreront dans le Royaume. « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés » ? Vous pensiez en être, n’est-ce pas, parce que vous pouviez me dire : « Nous avons mangé et bu avec toi » ; Et bien je vous le dis : « je ne sais pas qui vous êtes « !

 

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Il ne s’agit pas de se présenter avec des certificats de bonne vie et mœurs. Pour entrer dans le Royaume, nul passe-droits ! Une seule condition : passez par la porte. Elle s’appelle « Jésus ». Voici le mot de passe : un homme, non une théorie ; un amour non un système.

 

« Je suis la porte » et la porte n’ouvre pas sur un enclos réservé à quelques-uns, domaine privé de quelques privilégiés, chasse gardée de quelques justes. Jésus ouvre au monde de Dieu et au monde de l’homme. La Porte ouvre sur la campagne verdoyante et sur le grand vent. De l’horizon arrivent les caravanes étrangères.

Chacun entend proclamer dans sa langue la Bonne Nouvelle de sa délivrance. Un peuple, né de l’Esprit, voit s’ouvrir un monde de paix et de renouveau. « Efforcez-vous d’entrer par la porte ». « Je suis la Porte », dit-il, et je fais éclater les murailles de la crainte, de la culpabilité et de l’étroitesse. Dieu est hors des murailles : il le montera au jour où il sera mis en croix aux portes de la ville, hors les murs de la cité. Si quelqu’un passe par moi, il sera sauvé, il entrera dans la terre où souffle de Grand Vent. L’Esprit de Dieu ; Bienheureux ceux qui auront livré leur vie à l’amour. Ils ne savent pas très bien où cela les menait, ni comment faire. Mais ils y avaient mis tout leur cœur. Aujourd’hui ils découvrent que ce chemin mal assuré ouvre sur un horizon de lumière et de joie.

 

« Celui qui m’aime et qui garde mes commandements, mon Père l’aimera, et nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure ».

Malheureux vous qui avez souri devant Celui qui vous appelait à aimer toujours plus, devant ce prophète d’utopie qui vous invitait à prendre cette route aléatoire.

Pleurez maintenant car le saut est dans la tendresse.

 

« Je suis la Porte », dit-il et sa Parole fait tomber les murs. La porte est le lieu où l’on passe et où l’on se réunit. Qui passe par lui est uni à une communauté où les liens intérieurs de connaissance, d’amour et de partage sont plus forts que ceux tissés par les contraintes et les prescriptions. Un peuple se presse dans la salle du festin. Innombrables, inattendus, ils sont passés par la Porte. Pauvres, désarmés, dénudés. Le Maître les revêt de la robe de miséricorde. Et derrière la Porte fermée se lamentent ceux qui se sont carapaçonnés de leurs bons droits, drapés dans le manteau dérisoire de leur justice étroite.

 

« Je suis la Porte ». Et la Porte filtre le chameau et le riche suffisant. Porte exigeante qui mène au chemin escarpé de la croix. Jésus marche vers Jérusalem. La ville est à l’horizon. Elle sera pour lui la ville de la prison, de la torture, de la mort.

Malheureux ceux qui n’auront pas tout laissé pour l’Évangile. L’amour, quand il est reconnu, est toujours plus exigeant. La Porte ouvre sur un chemin de croix.

 

Jérusalem est à l’horizon. Les hommes, forts de leur foi, penseront conserver la clef du Royaume en faisant taire celui qui venait ouvrir la Cité de tous les démunis.

Mais Dieu lui-même a ouvert la tombe scellée. Beaucoup entrent. Innombrables, inattendus. Les pécheurs, qui ne savaient pas, l’emportent sur les vertueux qui relevaient la tête. Les étrangers, tenus à l’écart, deviennent le peuple nouveau. Aux jours du péché, Dieu avait placé deux anges pour garder le paradis perdu.

Désormais, Dieu lui-même devenait la Porte et le Passage : pour ceux qui mettent leurs pans dans ceux du Fils, la Porte étroite est devenue le seuil du Royaume.

 

Michel Teheux



©2018-2025 Unité pastorale de Huy

bottom of page