3e dimanche du temps ordinaire - 26 janvier 2025
(Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 et Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)

Chers Frères et Sœurs,
J’ai une petite question pour vous : Savez-vous quelle dédicace particulière célébrons-nous aujourd’hui ? Pas d’idée ? En fait, depuis 2019, le pape François a institué ce dimanche (le troisième du temps ordinaire) comme un jour dédié entièrement à la Parole de Dieu. Plus précisément, c'est une journée pour approfondir, célébrer et proclamer la Parole de Dieu et la richesse des Écritures qui, ne l’oublions pas, demeurent les témoins privilégiés de l’Histoire du Salut ; les témoins privilégiés de la Révélation de Dieu pour l’humanité ; les témoins privilégiés de la vie du Christ qui s’actualise au cœur de notre foi au quotidien. Ainsi, en ce jour consacré à la Parole de Dieu, nous sommes invités à méditer sur le sens et la place que cette Parole occupe dans notre vie de baptisés. En ce sens, les Lectures de ce jour viennent éclairer notre réflexion en nous rappelant que la Parole de Dieu n’est pas une parole comme les autres, car elle est vivante, efficace et transformatrice. Dès lors, méditons ensemble sur ces précieux témoins de l’Amour que Dieu révèle à chacun de nous pour y découvrir ce rappel qu’ils nous adressent.
Tout d’abord, sous la plume de Néhémie, nous voyons Esdras, le scribe, rassembler le peuple autour de la lecture solennelle de la Loi. Ce moment est d’une gravité et d’une beauté extraordinaires : hommes, femmes et enfants prêtent une oreille attentive et le peuple se tient debout (comme nous lors de la proclamation de l’Évangile) pour écouter, car cette posture exprime le respect et la reconnaissance que l’on doit à la Parole de Dieu. Mais ce qui frappe surtout, c’est la réaction du peuple. À l’écoute de la Loi, certains pleurent, d’autres s’émerveillent. Pourquoi tant de réactions si vives ? Simplement parce que la Parole touche leur cœur, car elle révèle la sainteté de Dieu et les appelle à une conversion. Pourtant, Esdras et les lévites leur disent : « Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas, car ce jour est consacré au Seigneur. La joie du Seigneur est votre rempart. » Ainsi, nous pouvons déjà saisir que cette voix du passé (+/- 2500 ans) nous enseigne et nous invite encore aujourd’hui à accueillir la Parole comme une source de joie et d’espérance… même lorsqu’elle nous corrige ou nous interpelle. Ce récit nous rappelle donc que l’écoute de la Parole doit être une fête, une source de vie et de réconfort pour nous. Mais, approfondissons encore notre méditation.
L’Évangile de Luc commence par souligner l’importance de transmettre fidèlement ce qui nous a été enseigné. Il s’adresse à Théophile pour l’assurer que le récit qu’il propose repose sur des témoignages fiables. Cela nous rappelle que la Parole que nous lisons dans l’Écriture est solidement enracinée dans une tradition vivante, transmise de génération en génération par l’Église. Le second passage de l’Évangile nous transporte dans la synagogue de Nazareth, où Jésus proclame un passage du prophète Isaïe. Après avoir lu les paroles annonçant la venue du Messie qui apporte la bonne nouvelle aux pauvres, la libération aux captifs et la lumière aux aveugles, Jésus déclare : « Aujourd’hui, cette Écriture que vous venez d’entendre s’accomplit. » Quelle audace de sa part devant ses contemporains et quelle révélation pour nous car Jésus s’identifie véritablement à la Parole annoncée par Isaïe. Il est dès ce moment reconnu comme la Parole de Dieu incarnée, celle qui prend chair et se rend proche de nous. De plus, par cette déclaration, Jésus révèle que les Écritures ne sont pas seulement des textes anciens liés au passé, mais bien des textes révélant une Parole vivante qui s’accomplit dans chaque instant présent ; une Parole avec une puissance telle qu’elle est encore assez puissante pour transformer nos vies ici et maintenant.
Dès lors, si la Parole de Dieu est un tel trésor, vous conviendrez qu’elle ne peut rester enfermée dans nos églises ou dans nos cœurs. Elle doit être partagée, vécue et annoncée. Voilà pourquoi le pape François nous exhorte particulièrement aujourd’hui (et demain, vous l’aurez compris) à devenir des témoins vivants de la Parole, c’est-à-dire en la mettant en pratique dans notre quotidien autour de nous. Tant Néhémie que Luc insistent d’ailleurs sur la dimension communautaire de l’écoute et du partage, où tout le peuple s’est rassemblé comme nous durant cette célébration pour entendre la Parole et pour qu’ensemble ils se réjouissent. Ainsi, cette insistance nous rappelle que la foi ne se vit pas en solitaire : elle prend racine dans une communauté unie par l’écoute, la rencontre intérieure et le partage des Écritures et de sa Parole de vie.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, cette journée consacrée à la Parole de Dieu demeure cette invitation à faire des Écritures un des piliers de notre vie chrétienne. Par conséquent, prenons le temps de l’écouter, de la prier, de la méditer et surtout de la mettre en pratique. Ainsi, comme le peuple d’Israël à l’époque d’Esdras, réjouissons-nous de ce don merveilleux qu’est la Parole. Ainsi, comme Jésus à Nazareth devant ses pairs, osons proclamer avec audace que cette Parole est vivante et répond à chacun de nous personnellement. Bref, que cette Parole vivante s’actualise et s’accomplit dans notre quotidien d’aujourd’hui et de demain.
Que le Seigneur nous donne la grâce de grandir dans l’Amour de sa Parole, de la laisser transformer nos cœurs et de la partager avec ceux qui nous entourent. Car, comme nous le rappelle le psaume : « Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie. »
Amen. Alléluia.
Frédéric Kienen