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Photo du rédacteurMichel Teheux

Seizième dimanche du temps ordinaire

Dernière mise à jour : 13 sept. 2023



Le grand souffle d’optimisme traverse ces paraboles.

C’est l’optimisme de la création. Dieu vit que cela était bon.

C’est l’optimisme des commencements et des recréations, des conversions : Dieu croit au paradis et à la puissance de vie qu’il a inscrite depuis toujours dans le cœur des hommes.

C’est l’optimisme qui n’a rien à voir avec la naïveté des inconscients : Dieu a toujours été réaliste.

C’est son réalisme qui est puissance créatrice. Il connaît les égarements possibles et les échecs prévisibles d’une part des semailles mais Dieu n’a jamais permis que l’hiver développe ses rigueurs sans préparer, quelque part, un printemps.

Certes l’ivraie et le bon grain se mêlent, mais nous sommes dans le temps de la patience et de l’espérance, confiants dans la force du Royaume.


La patience et l’espérance sont des vertus.

C’est-à-dire qu’elles sont révélées. Elles ne naissent pas d’espoirs vaille que vaille entretenus mais elles s’enracinent dans la conviction – la foi – que Dieu est à l’œuvre en cet âge.

Dieu connaît les déchéances des hommes mais il sait encore plus ce que l’Esprit peut faire germer : là où le mal a abondé, la grâce a surabondé. Assurance pascale : la vie est plus forte que la mort et nul ne pourra dire comment la moisson fleurira.


Homme de la résurrection, le chrétien, ne peut être qu’un optimiste. Je ne dis pas que nous avons moins de soucis que les autres, ni que « tout ira bien », ni que « tout le monde il est gentil ». Nous ne sommes pas des rêveurs, dans le sens où nous fuirons la réalité pour nous réfugier dans un ciel illusoire ; nous sommes des rêveurs en ce sens que le rêve permet d’entrevoir des réalités cachées. Si nous manquons à l’espérance, qui pourra dire le poids de tant de gestes de vie ?

Qui pourrait encore croire que tant de tentatives pour que grandisse la justice porteront inévitablement du fruit lorsqu’elles sont entravées par tant d’injustices flagrantes ?

Qui pourrait encore croire que la vérité est porteuse de vie lorsqu’elle est contredite tous les jours par le mensonge érigé en système ou les compromissions petites ou grandes ?

Qui pourrait encore ensemencer la vie lorsque tant de forces de mort travaillent le monde ?

Si nous venions à manquer à l’espérance, alors oui le monde serait malheureux.


Nous avons vocation à la patience car elle est en nous l’écho de la liberté créatrice de Dieu. Dieu espère en la meilleure part de nous-mêmes et c’est pour cela que notre espérance est la plus forte même si nous savons très bien que nous sommes capables de générosité et de mesquinerie. Ne manquant pas de réalisme, nous choisissons le réalisme de Dieu qui est l’autre mot de sa puissance créatrice.

Oui nous choisissons le parti de la vie et de la bonté de toutes choses lorsqu’elles sont orientées vers la lumière de l’Evangile parce que nous avons la responsabilité d’être des hommes et des femmes de résurrection.


Ayez donc de la patience. Vis-à-vis de vous-mêmes : vous valez bien plus que ce qu’il paraît; laissez monter en vous ce grand désir de faire quelque chose de beau de votre vie, c’est lui qui est l’écho des espoirs que Dieu met en vous ; et tout ce qui contredit ce désir, regardez-le avec un brin d’humour : il faut bien que l’enfant se brûle les doigts pour apprendre la chaleur du feu.


Ayez la patience vis-à-vis des autres. Il faut du temps pour faire un homme, il y a tant de richesses qui ne demandent qu’à être dévoilées, tant de possibilités à être désenchaînées !


Ayez de la patience vis-à-vis du monde. Il ne se fera pas en un jour et il faut du temps pour que le levain fasse gonfler la pâte. Regardez-le avec les yeux de Dieu qui s’extasiait et s’écriait, au premier matin : « Que cela est beau » !


Et ayez de la patience vis-à-vis de Dieu : une mère viendrait-elle à oublier son enfant, lui ne vous oubliera pas. Il veut que chaque homme soit sauvé ; non seulement qu’il ait une place vaille que vaille dans son éternité, mais que sa vie terrestre soit baignée dans la Bonne Nouvelle du Christ. Car Dieu ne peut se satisfaire de prosternements d’esclaves.

Laissez-moi le temps, vous dit Dieu. Seule la mort est pressée, moi j’ai tout le temps devant moi pour vous faire grandir et devenir des hommes nouveaux.


Et puis, si vous découvrez des herbes amères en votre vie, n’oubliez pas qu’on peut quelquefois tirer des mauvaises herbes des tisanes odorantes ou de précieux médicaments…

C’est peut-être pour cela que le Maître du Royaume laisse grandir aussi l’ivraie.

Qui sait, elle aussi aura peut-être un avenir insoupçonné et réjouira-t-elle les moissonneurs ?



Michel Teheux




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