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Le Verbe s’est fait chair

Photo du rédacteur: Michel TeheuxMichel Teheux

Dernière mise à jour : 26 déc. 2023

Nativité du Seigneur - Évangile selon saint Jean (Jn 1, 1-18)


La Crèche de l'Église Saint-Pierre. Sculptures de Florence Gossuin

Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, il a planté sa tente parmi nous !

Bonne Nouvelle en ce matin de Noël ! Nouvelle c’est-à-dire annonce inattendue jusqu’alors, bouleversement, révolution !

À l’appel du ciel, allons voir à Bethléem le signe que Dieu nous a donné ! Pour dire ce qu’il est. Et ce que nous sommes !

 

Dieu… Nous l’imaginions comme les hommes peuvent imaginer leurs dieux, des dieux à l’image des hommes.

Tout puissant, lorsque les hommes découvrent leur impuissance devant la fatalité de ce qui leur arrive.

Savoir suprême, lorsque les hommes sont confrontés au mystère de l’univers ou de leur devenir.

Garant dernier de l’ordre lorsqu’il faut déterminer les règles morales indispensables à la vie en commun. Et parfois même garant de l’ordre social lorsqu’il devient le recours de ceux qui veulent imposer leur dictature.

Dieu à l’image des hommes…

Révolution de Noël : Dieu n’est pas Dieu !

 

En ce matin il nous est annoncé cette nouvelle incroyable : le Verbe, la Parole qui est en Dieu, qui est Dieu-parlant, s’est fait chair.

« Ce que dit le Seigneur Dieu » c’est un homme, une histoire.

Un homme de chair et de sang, une histoire bien de chez nous.

Le Verbe s’est fait chair et nous entendons Dieu-parlant dans les paroles de cet homme, nous découvrirons Dieu agissant dans les gestes de ce nazaréen.

Le Verbe qui était en Dieu depuis avant les siècles, la volonté éternelle de Dieu, se manifeste dans cette histoire-là.

 

Le Verbe s’est fait chair !

Dieu, le Dieu éternel, prend chair d’homme.

Ce qui est parfait se révèle dans le démuni, celui qui est saint dans les traits du pécheur, celui qui domine le temps s’incarne dans une existence limitée dans le temps et l’espace, celui qui, au-delà de toute contingence se fait finitude.

Dieu n’est pas Dieu. Pour dire son vrai nom, Dieu quitte son ciel de club méditerrané pour prendre un meublé sur la terre : il a planté sa tente parmi les hommes.

 

Pour se dire Dieu n’aura que la vie d’un homme, que des paroles et des gestes d’hommes pour faire découvrir ce qu’il est, ce qu’il a sur le cœur, ce qui le passionne, ce qui le fait vivre, ce qui le fait exister. Un fils d’homme dévoile l’intimité de Dieu ; le Fils de Dieu sera fils d’homme.

Le Verbe s’est fait chair… Noël met Dieu à l’envers. Et Noël met l’homme à l’endroit !

 

Le Verbe s’est fait chair. Incroyable révolution qui dit que notre présent a valeur d’éternité, que ce qui est limité a une grandeur insoupçonnée, que ce qui est marginal devient la pierre sur laquelle on bâtit où celle qui fait tomber.

Bouleversante annonce : la vie de l’homme devient le lieu de la Parole de Dieu, Évangile vivant.

 

Nous prenons aujourd’hui le chemin de Noël.

Vers un homme et une femme tendrement enlacés, pour nous dire que la vie doit être embrassée, à bras le corps. Vers un enfant, un bébé, un homme en devenir ; pour nous dire que la vie est devant nous.

 

Cette nuit, non pas demain mais à l’instant, dans le tremblement du présent le plus immédiat, nous allons, en allant sur le chemin de Noël, nous mettre à commencer, à partir d’ici.

Étant aller voir à Bethléem le signe que Dieu donne à notre vie d’homme parce que nous l’aurons accueilli dans sa fragilité et enserré pour que son souffle devienne haleine de vie, nous mettrons un pied devant l’autre, quittant la certitude du connu pour nous élancer vers l’inespéré, le risque, l’ouvert. En courant ou en nous traînant, chacun à notre rythme, allant vers l’avant, l’à venir.

 

Car ce tout juste né offre une nouvelle genèse : en prenant le chemin de Noël nous voici conviés à une métamorphose. Remonteront encore les ténèbres, les ombres et les doutes et les soupçons, et même tant de noirceurs, en nous, autour de nous, nous le savons ; mais la clarté qui nous a mis en route vers l’Enfant suffira à soutenir notre avancée.

 

Parce qu’à Bethléem, ce jour-là, Dieu a montré son visage dans le sourire d’un enfant parce qu’il a révélé son parti pris pour la vie ; parce que, ce jour-là, Dieu a jugé digne de lui la vie d’un homme, aujourd’hui nous osons nous dire : notre vie est donc digne de nous. À Noël Dieu nous dit : vous êtes dignes de votre vie d’homme.

 

Noël c’est bien autre chose qu’un doux ravissement devant un berceau, c’est la dignité révélée de notre vie : elle est déjà, en quelque sorte, la chair de Dieu.

 

Ce matin, il s’agit bien moins pour nous de regarder vers le passé pour fêter l’anniversaire de la naissance d’un petit Jésus ; ce matin, convoqués par la Parole qui prend chair en notre vie, nous nous mettons à respirer l’avenir.

En ce matin flotte déjà un air de Pâques.

 

Michel Teheux




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