Le temps du courage : l’Église
- Michel Teheux
- 23 mai
- 3 min de lecture
6e dimanche de Pâques - 25 mai 2025
Évangile selon saint Jean 14, 23-29

« Courage… ! C’est par ce mot que se termine la lettre des chrétiens de Jérusalem à leurs frères d’Antioche. « Courage… » ! Un mot qu’on souhaite à ceux qui en manquent tant soit peu et dans les temps difficiles. On ne le souhaite qu’à celui qui va vivre des temps nouveaux, inconnus. « Courage… ! Sois fort « ! C’est dire « Vis quand même ! Espère quand même ! Avance, recommence » ! Malgré l’envie de fuir, le courage permet de faire face et d’oser donner une forme nouvelle à l’avenir inconnu. « Courage… » ! Ainsi parlent des frères à des frères. Certains ont beau vouloir maintenir des traditions anciennes, s’accrocher à des sécurités héritées du passé, il faut inventer et rendre vivante la nouvelle qui sauve. Le temps de l’Église sera toujours celui du courage.
Courage de risquer une parole sur Dieu. Qui pourrait dire le mystère de Dieu ? Et pourtant ce sont nos balbutiements qui nous permettent de le rejoindre. On ne réduit pas Dieu à des définitions de catéchisme et des doctrines reconnues conformes ; l’Église faillirait à sa vocation si elle n’apprenait aux hommes de tous les temps à prononcer les mots du cœur.
Il est vrai que, souvent, l’amour dépasse les limites de la raison, mais ses débordements ne sont-ils pas le signe de la passion ? L’Église est invitée au courage d’une parole qui soit encore parlante aujourd’hui.
Courage d’inventer une action selon l’Évangile. Personne ne peut prétendre qu’il vit tout l’Évangile, mais chacun a sa vocation d’incarner quelque chose de cette Bonne Nouvelle.
L’Église ne serait plus l’Église si aujourd’hui des hommes et des femmes, au risque de se tromper, ne cherchaient à traduire dans leur vie personnelle et sociale une Parole qui soit une vie. La vie d’aujourd’hui pose à l’Église de nouveaux défis : l’Église se faillirait à sa mission si elle ne relevait ces défis pour inventer une figure d’homme contemporain selon l’Évangile.
« Courage » ! Mais que serait ce souhait s’il ne pouvait s’appuyer sur une promesse ?
« Courage, je suis à tes côtés. Sois fort, tu verras, les temps sont meilleurs, je le crois » !
L’Église a reçu cette promesse : la paix de son Seigneur, l’Esprit Saint, le Défenseur qui nous enseignera tout. Si l’Église n’est pas un monument de pierres précieuses, figé pour l’éternité, c’est bien parce qu’elle est suscitée par un grand Souffle, une respiration qui est sa vie. Dieu est vie, puissance créatrice et création continue.
Le Royaume de Dieu est comparable à une semence et la semence est germe. La vocation de l’Église n’est ni le surgélateur, ni le musée ! ne craignez pas ! L’Église vit de la tradition, mais cette tradition est perpétuelle invention. La fidélité de l’Évangile est une chaîne ininterrompue de morts et de résurrections qui assurent la croissance de l’Église. Oui, l’Église change ! Oui, et grâce à Dieu ! Si les vieilles écailles ne tombent pas et si n’apparaissent pas de frêles pousses sur le vieux tronc, alors c’est que la sclérose est proche et la mort avec elle…
« J’ai vu l’Église, dit le vieux saint Jean : elle est resplendissante de la gloire de Dieu ».
Nous voyons l’Église là où aujourd’hui des hommes et des femmes s’entraînant les uns les autres risquent de donner forme à l’immense amour qui les anime. Ils partagent les mots de tous les jours, ils apprennent à prier avec les mots de Jésus. Ils posent des gestes quotidiens, ils vivent dans l’amour la vie banale des hommes, mais, en cela même, ils donnent chair à la vocation évangélique et inventent, jour après jour, l’humble incarnation de la foi de toujours.
« J’ai vu l’Église » ! disait le vieux saint Jean en regardant les lents ajustements de l’Évangile dans la vie bien concrète et souvent difficile des jeunes communautés chrétiennes : elle ne vit que de l’ordre reçu de son Seigneur, un ordre fondé sur une promesse : « Courage » !
Michel Teheux