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La révélation de Dieu

Photo du rédacteur: Michel TeheuxMichel Teheux

Jour de Noël — 25 décembre 2024

Évangile selon saint Jean 1, 1-5.9-14


Église Saint-Remi, Huy - Crèche de Noël

Je ne crois pas en Dieu !

Frères et sœurs, c’est la Bonne Nouvelle de Noël !

Nous ne croyons pas en Dieu comme on nous a appris Dieu.

Comme un étranger. Comme un potentat tout-puissant, dominateur surveillant depuis son 7e ciel, divin organisateur de l’ordre créé.

Nous ne croyons pas en Dieu comme le sentiment religieux nous a éveillés au sentiment de Dieu ; garant de l’ordre moral, dispensateur de grâces et souverain rétributeur, garant de l’ordre social, suprême alibi de toutes les dictatures.

Nous ne croyons pas en Dieu qui serait Dieu, c’est-à-dire d’autant plus divin qu’il serait moins humain, un Dieu qui ne serait Dieu qu’en entrant en concurrence avec l’homme. Nous ne croyons pas en Dieu qui serait Dieu contre l’homme.

Car aujourd’hui, en cette nuit, Dieu nous dit son nom, il nous dit qu’il n’est pas Dieu, pas Dieu comme Dieu, comme Dieu est censé être Dieu. Car Dieu nous dit qu’il porte comme nom personnel le nom d’un homme : Dieu de Jésus de Nazareth.

Car Dieu nous dit par son nom ce qu’il est : Emmanuel, Dieu-avec-nous.

 

Dieu de Jésus de Nazareth…

Ce n’était pas un fils de roi pour lequel eussent sonné les longues cornes des buccins et retenti les cymbales des mercenaires. Des circonstances de sa naissance, on ne sait donc à peu près rien. Même pas la date exacte. Ce fut pendant le règne d’Hérode, si l’on en croit Luc et Matthieu, les seuls évangélistes à s’être intéressés aux premières années de Jésus.

Or Hérode, c’est certain, est mort en -4, et l’an 2000 ne serait donc pas l’an 2000. Quant au jour, il fut fixé symboliquement au 25 décembre par l’Église parce que c’est le moment de l’année où le soleil commence à l’emporter sur la nuit. La date importe peu. L’important, c’est la phrase de l’Évangile de Luc racontant que marie enfanta son fils premier-né et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle.

 

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »…

Le Verbe se fait fils d’homme.

Ce jésus est un bébé, semblable à tant d’autres bébés, qui fait pipi dans ses langes, tête le sein de sa mère et réveille ses parents la nuit. Il n’est salué d’abord, selon Luc que par des bergers, souvent considérés alors comme des voyous, des gens de peu en tout cas, et, selon Matthieu, par des astrologues venus de l’Est dont la réputation n’était guère plus brillante.

 

Le Verbe se fait chair : Dieu s’appellera Dieu de Jésus de Nazareth.

Aujourd’hui nous célébrons ce grand mystère : Dieu se reconnaît comme Dieu lorsqu’il prend visage d’homme ; Dieu, depuis le premier matin de l’univers où il s’émerveillait en regardant l’homme sorti de ses mains à son image et à sa ressemblance a besoin d’un vis-à-vis, d’un être en face de lui pour dire son nom.

Dieu n’existe pas en lui-même, suffisant, satisfait : Dieu n’existe pas comme Dieu, pour Dieu, mais avec l’homme, pour l’homme.

 

Mystère inouï de cette Fête de Noël qui condense la longue histoire de l’alliance.

Dieu parce qu’il est en lui-même dialogue, amour, trinité, Dieu dit aux hommes une Parole inattendue : A Noël Dieu nous dit : j’ai besoin de vous, j’ai soif de vous.

Révolution de Dieu : Dieu est infiniment pauvre puisqu’il est infiniment amoureux.

Nous ne croyons pas en un Dieu tout-puissant, mais en Dieu qui est quémandeur de notre oui, riche seulement de ce que nous lui donnons.

Révolution de Dieu : Dieu est souverainement lié puisqu’il est infiniment amoureux.

Nous ne croyons pas en un Die immuable, mais en Dieu qui trouve son bonheur dans la rencontre, Dieu d’alliance.

 

Dieu aujourd’hui nous dit qu’il n’est pas Dieu !

Aujourd’hui Dieu nous dit que son règne c’est la gloire de l’homme puisque Dieu ne trouve son bonheur que dans le bonheur de l’homme.

Dieu aujourd’hui nous fait cette révélation : tout ce qui atteint l’homme le touche, lui, en son être le plus intime.

 

 

Michel Teheux

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