top of page

Au service de l’Église de Pierre et de Paul

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 29 juin
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 juin

Fête des saints Pierre et Paul - 40e anniversaire de pastorat

Évangile selon saint Matthieu 16, 13-19


Église Saint-Pierre de Huy - 29 juin 2025
Église Saint-Pierre de Huy - 29 juin 2025

« Au dire des gens, qui suis-je ? » Que disent-ils de ma mission ?

Les uns disent : « c’est un prophète ; les autres : c’est Jean-Baptiste… ou Élie…

Au fond, la prédication en Galilée a porté ses fruits : on reconnaît en Jésus un envoyé de Dieu ou un héraut du Messie. Élie, Jean ou un prophète… pour dire le secret de Jésus on se réfère au passé, à ce qu’on a déjà dit de Dieu.

 

Et vous ? Que dites-vous ? Il ne s’agit pas d’affirmer des « on dit », il faut s’engager.

« Et vous » ? seuls pourront dévoiler le mystère de Jésus ceux qui sortiront du « on dit, on nous a appris », pour entrer dans le risque de la rencontre et le plaisir de la relation : « Pour vous, qui suis-je » ?

 

« Pour vous, qui suis-je »,

L’interrogation de Jésus traverse le temps et trouve un écho en chacun de nous en ce jour de Fête.

Nous voudrions nous contenter de répondre par des crédos assurés : « tu es… », des formules apprises et rassurantes. Nous penserions avoir bien répondu, être fidèles à la tradition, mais nous serions encore si éloignés de la foi.

Car la foi est provocation. « Pour vous, qui suis-je » ? Seuls ceux qui se risquent à dire quelques mots, fut-ce des balbutiements, peuvent toucher le cœur de l’autre. Seuls ceux qui osent faire confiance dans les capacités de l’autre peuvent le rencontrer vraiment. Seuls ceux qui osent se jeter à l’eau peuvent connaître quelque chose de la joie de la relation.

« Pour vous qui suis-je » ? Demande provocante, car elle nous oblige à sortir de nous-mêmes pour aller vers Celui que notre cœur aime. Provocation c’est-à-dire pr(en avant, vers), vocation (appel).

 

Nous sommes, en ce jour de fête, provoqués.

Convoqués à croire, c’est-à-dire à aimer. Relation personnelle qui fait passer du « on nous a dit » au « j’accepte faire confiance à la longue tradition des croyants », « je m’engage dans cette lignée de témoins », « je ratifie mon héritage », « je crois ». Il n’y a de foi que dans ce va-et-vient entre le « nous croyons » proclamé en Église et le « je crois » qui m’engage.

 

Convoqués à croire, mais surtout provoqués : il n’y a de foi que pour ceux qui acceptent d’aller de l’avant. La foi est vie, évolution, marche, dynamisme, invention, recherche. Un titre extraordinaire, par un auteur qui est un expert en humanité puisqu’il a couru le monde comme reporter d’Antenne 2 et directeur du journal La Croix, Noël Copin, résume cela de manière magistrale « je doute donc je crois ». Provoqués, appelé à aller de l’avant

 

En fêtant 40 ans de pastorat au service de l’Église de Huy, en cette fête de saint Pierre et de saint Paul que la liturgie unit dans une unique célébration, je veux dire que je veux être au service de l’Église de Pierre, c’est-à-dire celle qui s’enracine dans une longue lignée de témoins, celle dont la route est balisée par cette séculaire allée d’hommes et de femmes qui nous indiquent la direction, qui orientent vers le Christ et son Père. J’ai été ordonné au service d’une Église qui n’invente pas son salut, celle qui est fondée sur le roc d’une confiance vitale, héritière et riche de ces millions de vies d’hommes et de femmes qui se sont appuyés sur la foi de Pierre ; au service d’une Église enracinée dans ses habitudes, sa liturgie, ses institutions. Église de l’ici qui a le goût de la terre et du local, Église de la visibilité et du stable, Église des moissons de l’été.

 

Et je veux dire aussi que je veux être au service de l’Église de Paul, celle qui quitte les terres où elle est née pour se risquer sur les terres plus lointaines, l’Église qui n’est pas restée en Palestine, mais a affronté le monde citadin et les civilisations méditerranéennes, l’Église qui a su s’arracher à sa culture juive, à la maison de famille pour devenir universelle c’est-à-dire la promesse adressée à tous les hommes. Église de Paul, Église itinérante, nomade, pélerine ; je suis au service de l’Église de l’ailleurs et de l’autrement, Église du temporaire, des semailles et du printemps.

 

Église de Huy, nous sommes ordonnés au service de l’Église de Pierre qui bâtit pour durer et de l’Église de Paul qui se risque sur des voies nouvelles pour que chacun puisse entendre proclamer dans sa propre langue les merveilles de Dieu, au service d’une Église qui, à la fois, plante sa tente et court les chemins.

Car l’Église n’est Église de Jésus que si elle est à la foi l’Église de Pierre et l’Église de Paul.

 

« Pour vous qui suis-je » ? L’interrogation nous reconduit à l’Essentiel. Demande qui provoque, nous appelle en nous faisant aller de l’avant.

En cette fête de Pierre et Paul nous sommes provoqués à renouveler notre vocation d’Église locale.

 

Nous serons l’Église de Pierre

celle qui, riche d’une tradition, connaît encore l’enthousiasme des passionnés. Oui nous serons

« fous » de Dieu.

Nous serons l’Église de Pierre, celle des familiers de Jésus, Oui nous nous mettons à l’école de Jésus

pour devenir gardiens de sa Parole.

Nous serons l’Église qui est fondée sur le roc parce que, dans les incertitudes du 20e siècle finissant

Nous croirons que Dieu vient dans la tempête pour nous mener à bon port.

Oui nous serons témoins d’espérance.

 

Nous serons l’Église de Paul

celle qui ose se risquer, risquer ses habitudes et ses manières de faire pour aller vers les hommes

et répondre à leur attente. Une Église pour le monde, lumière des nations selon le Concile.

Nous serons l’Église de Paul qui a à cœur de s’incarner dans l’aujourd’hui au lieu de se réfugier dans la chaleur de ses murs et l’air confiné de ses sacristies.


Oui nous avons de qui tenir : fêter nos patrons c’est d’abord réapprendre notre vocation : ils sont notre modèle c’est-à-dire le patron sur lequel ajuster notre vie.

La fête est alors autre chose que l’émerveillement passager, elle est le recommencement d’une histoire : si nous faisons mémoire c’est pour devenir.

Et un anniversaire, même s’il fête une durée inhabituelle, n’est jamais qu’un jalon du futur : nous n’héritons que des semences pour que demain soit jardin.

 

Michel Teheux




©2018-2025 Unité pastorale de Huy

bottom of page