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La prière de la foi

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 6 oct.
  • 4 min de lecture

27e dimanche du temps ordinaire - 5 octobre 2025

Évangile selon saint Luc 17, 5-10


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« Seigneur, augmente en nous la foi » !

Ils avaient demandé cela comme on demande un supplément d’énergie ; ils ont parlé de la foi comme des ouvriers à gage qui réclameraient un supplément de salaire pour faire face aux nouvelles conditions de travail. mais Jésus leur a répondu en les provoquant : « La foi ! Si vraiment, vous en aviez gros comme un grain de moutarde… » !

 

Si Jésus les bouleverse ainsi, c’est qu’il veut déraciner en eux l’image qu’ils se font de la foi. Croire n’est pas ce que nous pensons spontanément. La foi n’est pas d’abord une sorte de conviction, qu’on perd aujourd’hui pour la retrouver et l’affermir demain. La foi n’est pas seulement une confiance maintenue contre vents et marées. La foi ne part pas d’abord de nous-mêmes ! « Quand vous aurez fait tout cela, dit Jésus, dites-vous bien que vous êtes des serviteurs quelconques ».

 

La foi est d’abord un accueil. Accueil du don que Dieu nous fait de lui-même. Et c’est pourquoi la foi est toujours un commencement, une création. La foi est une naissance. Elle bouleverse l’ordre des choses : le serviteur se verra inviter à la table du Maître et il sera appelle « Ami ». La foi inaugure un monde nouveau ; elle est bien plus que le respect d’un devoir ou la simple reconnaissance de l’ordre des choses… Foi bouleversante ! Dieu n’est pas un supérieur à respecter, mais un ami à aimer. La loi n’est pas une liste d’interdis, mais la charte d’un nouveau mode de vie, toujours au-delà de ce qu’on peut en exprimer. La prière est autre chose qu’un marchandage avec le ciel ; elle est action de grâce et don d’une vie offerte.

 

« Seigneur, augmente en nous la foi « ! Inlassablement, au cours des siècles, l’Église répète cette humble prière. « Augmente en nous la foi », car nous sommes de ce monde et tu apportes la nouveauté de ton Royaume ! Comment pourrions-nous, laissés à nous-mêmes, passer avec Jésus sur « l’autre rive, sur le versant de Dieu » ? « Augmente en nous la foi » !  car voici tant et tant d’années que nous nous appliquons à prier et il nous tarde de voir ton Règne devenir réalité.

 

« Augmente en nous la foi » ! Si cette prière vient sur nos lèvres, ne serait-ce que, déjà, quelque part en nous, nous avons goûté à cette nouveauté et expérimenté la violence de la foi ?

 

Ne serait-ce pas que, déjà la grâce a entraîné la part la plus profonde de notre être sur l’autre versant ? Si nous ne nous résignons pas devant nos réussites trop fragiles, nos échecs et nos abandons, si, avec un étonnant entêtement, nous reprenons notre labeur, n’est-ce pas que la force de la foi, déjà, nous a touchés et entrainés sur l’autre rive, celle du Royaume de l’amour ?

 

« Augmente en nous la foi » ! Ces simples mots ne viennent pas de nous-mêmes ; un Autre les a mis sur nos lèvres ! Cet appel vient de ce Royaume désiré, qui fait sans cesse renaître en nous, en dépit de nos échecs et de nos lâchetés, l’immense désir d’aimer.

 

Par la foi s’instaure dans le monde un ordre nouveau, qui se cherche et continuera à se chercher. La foi est espérance de ce qui, un jour, sera établi à jamais : le Royaume de Dieu !

 

Par grâce

 

« Si vous aviez la foi gros comme un grain de moutarde… » leur avait dit Jésus. C’est vraiment bien peu de chose ; un tout petit rien, quantité négligeable, mais quelle saveur !

 

Si vous aviez un peu de foi ! Mais la foi n’est pas ce que vous pensez. La fidélité du croyant n’est pas celle du bœuf au labour, qui va droit devant soi sans broncher et sans rien inventer. La foi est un regard, une lumière, une façon de voir le monde comme Dieu le regarde, une façon de vivre hors du commun. Le croyant est un original qui se laisse faire par Dieu ; avec Dieu il est, comme on dit : « bien dans sa peau ». Tout ce qu’il fait, il sait que c’est grâce à Dieu. Il est de connivence avec Dieu. Serait-ce dire que nous n’avons plus qu’à nous asseoir et à attendre puisque nous sommes des serviteurs inutiles.

« Lorsque vous aurez tout fait dites-vous que vous êtes des serviteurs inutiles » ! Lorsque vous aurez tout fait… car l’amour ne peut être découvert que là où il a patiemment été enfanté : il est tout à la fois un don et une recherche, une grâce et un enfantement. La Parole est à la foi reçue et renvoyée, apprise et inventée. La prière est à la fois révélation et invocation, illumination et combat. Lorsque vous avez tout fait…

Que serait l’amour sans les gestes qui l’incarnent, la parole sans les mots qui la cherchent, la prière sans le désir du cœur, la fois sans la vie ? Lorsque vous avez osé inventer la charité, balbutier les mots qui vous laissent insatisfaits, lorsque vous avez laissé grandir votre désir de trouver Dieu et monter en vous le souffle de l’Esprit, alors, dans l’émerveillement et comme par surcroît, vous avez découvert que l’amour est toujours devant, la parole étonnante rencontre, la prière une séduction et la foi une révélation. Vous avez tout fait, et tout vous est donné. Par grâce.

 

 

Michel Teheux



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