La Parole à tout prix
- Michel Teheux
- 10 mai
- 3 min de lecture
4e dimanche de Pâques - 11 mai 2025
Évangile selon saint Jean 10, 27-30

Le Verbe s’est fait chair, il a planté sa tente parmi nous.
Bonne Nouvelle : Dieu parle, entre en relation. Dieu parle : en lui-même il n’existe qu’en communiquant, Trinité ! avec les autres, Dieu et alliance.
Bonne Nouvelles : Dieu parle et sa parole est promesse de santé pour qui l’accueille et répond : Dieu sauve en nous annonçant que quoi qu’il arrive il continuera à nous parler.
Bonne Nouvelle : la Parole se fait chair. Pour dire la qualité et la volonté de la relation qu’il noue avec nous. Dieu devient un des nôtres. Évangile qui prend les hommes là où ils sont, tels qu’ils sont : les malades peuvent être guéris, les boiteux relevés, les pécheurs aimés. Le Pasteur qui incarne la sollicitude de Dieu, berger de son peuple, s’en va à la recherche de la brebis perdue même s’il doit laisser un moment les quelques autres. Le prédicateur de Dieu s’en va jusque dans les ronciers même s’il doit y déchirer sa tunique et lacérer les pieds qui, selon le psalmiste, portent la Bonne Nouvelles ; l’Envoyé se laissera coucher sur un gibet d’infamie pour incarner le soin que Dieu prend des hommes.
La Parole prend chair. Le pasteur, pour témoigner sa sollicitude, n’a que des mots d’hommes, des gestes d’hommes qui vivent de son appel. Ceux qui le suivent comme berger de la vie, les disciples du Maître, les croyants au Dieu de Jésus, portent la responsabilité du surgissement d’un écho de cette parole salvatrice. L’Église, née de la sollicitude de Dieu pour l’humanité, n’a d’autre raison que de porter dans le temps l’écho de cette parole et d’être la cicatrice qui est la marque de cet appel pour tout homme à vivre bien, à vivre mieux.
L’Église, héritière de la tradition – de la transmission – de la Parole n’est l’Église qu’en tant qu’appelée. Avant de parler de vocations particulières il faut fermement rappeler que la vie de tout baptisé repose sur un appel : on ne naît pas chrétien, on le devient.
L’Église n’est pas le regroupement de gens de bonne volonté, même s’ils prennent comme exemple Jésus de Nazareth, elle est convoquée –c’est son nom : ekklesia assemblée appelée – elle est la communion de ceux et celles qui se reconnaissent appartenir librement au Christ.
L’appel du christ retentit là où nous vivons ; il s’adresse à ce que nous sommes, avec nos compétences et nos échecs. Il retentit non pour nous sauver nous-mêmes, mais pour faire de nous une caisse de résonnance : la Parole doit devenir le trésor de tous.
Pour que l’Église soit cette communion des croyants et pour qu’elle soit la caisse de résonnance de la Bonne Nouvelle, des hommes et des femmes acceptent de servir et de veiller à cette double mission : il n’y a de corps vivant que si certains acceptent d’en devenir l’âme, il n’y a de groupe social sans animateurs.
Ce dimanche, nous prions pour que l’Église soit suffisamment une communion de croyants, pour que, en son sein, certains acceptent de relever le défi de l’aider à vivre.
La Parole ne sera parole que si aujourd’hui les croyants prennent la parole et que si certains acceptent de convoquer leurs frères. La Parole ne sera salutaire, Bonne Nouvelle, événement, que si aujourd’hui les croyants sont témoins d’espérance pour le monde et que si certains acceptent de provoquer leurs frères aux utopies du Royaume.
L’Église dignité de l’Église, son honneur, c’est d’être l’écho actualisé de l’annonce de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, Sauveur.
Sa dignité institue sa responsabilité : elle doit, à tout prix, donner à entendre la Parole.
Michel Teheux