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La juste justice de Dieu

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 24 oct.
  • 4 min de lecture

30e dimanche du temps ordinaire - 26 octobre 2025

Si 35, 15b-17.20-22a, 2Tm 4, 6-8.16-18 et Lc 18,9-14


Chers Frères et Sœurs,


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Un jour, saint François d’Assise priait dans la petite église de San Damiano. Il s’était jeté à genoux devant le crucifix, le visage couvert de larmes, en répétant sans cesse : « Qui es-tu, Seigneur, et qui suis-je, moi, ton serviteur ? » Dans cette simple prière, tout était dit : la reconnaissance de la grandeur de Dieu, l’humilité du cœur, la vérité d’une âme qui se sait aimée malgré sa pauvreté. Cette attitude de François rejoint le publicain de l’Évangile : celui qui se reconnaît pécheur devient, paradoxalement, le plus juste aux yeux de Dieu. Ainsi, les Lectures d’aujourd’hui nous conduisent justement à méditer sur la justice de Dieu. Posons-nous donc ces trois questions pour nourrir notre méditation : Qu’est-ce que la justice divine ? Pourquoi le publicain est-il plus juste que le pharisien ? Et comment, moi aussi, puis-je devenir juste ?


Première question : Qu’est-ce que la justice divine ? Celle-ci est pertinente car notre première lecture, tirée du livre du Siracide, nous rappelle que le Seigneur est un juge juste… mais d’une justice différente de celle des hommes. En effet, Dieu ne se laisse pas acheter, il ne fait pas acception de personnes : il écoute la prière de l’opprimé, il accueille les larmes de l’orphelin, il prête l’oreille à la supplication du pauvre. Sa justice n’est donc pas celle d’un juge qui pèse les fautes et distribue les peines, mais celle d’un Père qui relève et qui restaure. Bref, la justice divine est une justice qui sauve. Elle ne se fonde pas sur la perfection morale, mais sur la miséricorde. Plus précisément, Dieu cherche non pas à condamner, mais à redonner vie. Ainsi, quand Dieu juge, il ne demande pas : « Qu’as-tu accompli ? »… mais bien : « As-tu laissé mon amour t’habiter ? »


Deuxième question. Dans l’Évangile selon saint Luc, Jésus raconte la parabole du pharisien et du publicain. Le pharisien prie debout, sûr de lui, convaincu de sa supériorité. Il énumère ses mérites : il jeûne, il donne la dîme, il obéit à la Loi. Quelle juste attitude selon lui et le regard des autres ! Or, en réalité, il ne parle pas à Dieu mais uniquement à lui-même. Son cœur demeure fermé, plein de lui-même. Le publicain quant à lui, lui, reste à distance au point tel qu’il n’ose même pas lever les yeux. Il connait sa situation et le regard que portent les autres sur lui. Il ne se justifie pas… il ne se compare pas. Il murmure simplement, s’en remettant entièrement à Dieu : « Seigneur, prends pitié de moi, pécheur. » Et Jésus conclut : « Quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. » Alors, pourquoi le publicain est-il plus juste que le pharisien ? Une idée ? Parce que la justice aux yeux de Dieu n’est pas une question de mérite, mais de vérité et d’humilité. Le publicain se tient dans la vérité de ce qu’il est : un être fragile. Le publicain se tient dans l’humilité en s’ouvrant à la grâce. Il reconnaît son besoin de salut, et en cela, il laisse Dieu être Dieu. A contrario, le pharisien, au contraire, prétend se sauver lui-même. Le publicain est donc juste non pas parce qu’il est meilleur… mais parce qu’il se laisse justifier par l’unique juge juste… par Dieu lui-même.


Troisième question. Et pour nous ? Comment puis-je devenir juste aux yeux de Dieu ? Saint Paul, dans sa lettre à Timothée, nous aide à comprendre ce mystère. Comme un testament, une relecture de sa vie d’apôtre, il écrit : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » Et plus loin encore : « Le Seigneur m’a assisté et m’a fortifié. » Vous l’aurez remarqué, Paul ne se glorifie pas de ses œuvres, mais de sa fidélité à Dieu. Le regard qu’il pose sur lui-même et sur sa mission de témoigner de la Bonne Nouvelle avec courage et fermeté demeure humble car il sait que sa justice ne vient pas de lui-même, mais du Christ. C’est le Christ qui l’a relevé et a sauvé à Damas. C’est le Christ qui a fait de sa faiblesse un lieu de victoire, de miséricorde et d’amour. Ainsi, devenir juste, c’est d’abord reconnaître humblement que nous ne le sommes pas. C’est accepter d’être pauvre devant Dieu, de recevoir de lui la grâce du pardon. C’est ensuite nous confier au Christ, le seul Juste, qui nous rend justes par son amour. C’est enfin vivre dans la foi, en laissant la grâce transformer notre cœur et nos relations. Être juste, c’est accueillir la miséricorde et la pratiquer : celui qui a été pardonné devient capable de pardonner à son tour.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, la justice de Dieu n’est donc pas un tribunal mais une rencontre. Dieu ne nous mesure pas selon nos réussites religieuses ; il écoute le cri de notre cœur. Le pharisien priait debout, mais son cœur restait fermé ; le publicain restait au fond du Temple, mais son cœur s’ouvrait à la lumière. C’est pourquoi Jésus nous invite à cette prière simple et vraie : « Seigneur Jésus, prends pitié de moi, pécheur. Toi seul es ma justice, ma force et mon espérance. » Aussi, comme saint François d’Assise, comme le publicain, mettons-nous à genoux devant le Seigneur et laissons notre prière monter du fond du cœur. Car celui qui s’abaisse sera élevé, et celui qui se reconnaît pauvre sera comblé. Voilà la vraie justice, celle du Royaume de Dieu.


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen


 

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