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L’essence de la Communion entre Dieu, l’homme et la femme

Photo du rédacteur: Frédéric KienenFrédéric Kienen

Dernière mise à jour : 12 oct. 2024

27e dimanche du temps ordinaire - 6 octobre 2024

Évangile selon saint Marc 10, 2-16



Chers Frères et Sœurs,

 

Bien que nos Lectures du jour semblent le suggérer, car elles sont souvent choisies par les couples, je vous rassure, nous ne célébrons pas un mariage aujourd’hui. Ces Lectures cependant peuvent nous rappeler l’essence même de la « Communion », c’est-à-dire d’être tous unis en assemblée par, en et pour le Christ. Comment ? En abordant la question fondamentale de l’unité et de la complémentarité dans le cadre de nos relations humaines et de notre foi. Plus précisément, elles nous parlent du projet de Dieu pour l’humanité, en soulignant notre vocation à l'unité dans la diversité à saisir dans sa dimension spirituelle (et non simplement morale ou biologique). Nous invitant ainsi à réfléchir sur ce lien indissoluble entre foi et humanité, au-delà de toute distinctions de genre, de culture ou d’ethnie. Je vous propose donc de plonger dans ces Lectures, d’examiner et de méditer leur message sous le prisme de l’unité de la foi. L’unité de la foi comme complémentarité, comme projet de Dieu… Bref, l’unité libérée de toutes différences qui nous révèle le sens profond de la communion.


Tout d’abord, notre extrait de la Genèse ouvre la question de la complémentarité à partir de la nécessité pour tout homme ou femme d’être en relation. En effet, Dieu, voyant qu'il n'est pas bon que l'Homme soit seul, déclare : « Je vais lui faire une aide qui lui correspondra ». Petit rappel pour certains ou point de découverte pour d’autres, le premier Homme – dont on parle ici est bien avec un grand « H »… C’est l’humanité qui est visée… Plus précisément, il s’agit de l’Adamah, du « terreux » étymologiquement parlant, de l’argile façonnée et unie en un bloc ; bloc ingenré dans lequel Dieu va insuffler la vie avant de créer du côté (et non de la côte) l’homme et la femme comme deux vis-à-vis, afin qu’une relation nouvelle puisse émerger sous le signe de l’égalité parfaite. Cette création de l’homme et de la femme à partir du même Adamah ne laisse donc aucune place à une hiérarchie entre eux. Au contraire, il y a véritablement une interdépendance, une complémentarité dans une relation réciproque. Dès lors, au moment où cette relation s’exprime dans leur volonté de former à nouveau « une seule chair », nous saisissons ici qu’il ne s'agit pas seulement d'une union physique, mais bien d'une communion totale – comme une unité de cœur, d’esprit et de vie – devenant ainsi un symbole, c’est-à-dire une ouverture à la transcendance et au tout Autre d’où l’union y puise son sens. Ainsi, en tant que créatures faites à l'image de Dieu, nous sommes tous invités à vivre cette même communion fondée sur la même dignité et la même vocation à l'amour présentes en chacun de nous.


L'Évangile de Marc est une actualisation de cette question de l’unité de la foi révélée par Jésus. Dans un premier temps, les Pharisiens l’interrogent sur la légitimité pour l’homme juif de « renvoyer sa femme »… auquel Jésus les renvoie au projet initial de Dieu tel qu'il est présenté dans la Genèse. Remarquons ici que Jésus insiste non pas sur l’acte de répudiation en lui-même (sur sa moralité, sa légalité), mais bien sur les conséquences spirituelles de la séparation autant pour l’homme et la femme que leur relation personnelle avec Dieu. Car, pour Jésus, l’unité de l’homme et de la femme, issus du même adamah repose sur la dignité, l’égalité. Dès lors, quelle valeur attribuer à cet « acte de répudiation »… que seul l’homme juif peut réaliser ?


Dès lors, vous m’aurez compris, pour Jésus, la question des Pharisiens dépasse le seul cadre légal ou moral. En portant sur l’essence même de la relation et de la dignité, elle est de l’ordre du spirituel, car elle vient toucher le cœur de tout homme, femme et enfants. La réponse de Jésus est un rappel que toute division dans les relations humaines, toute relation où nous répudions l’autre – que ce soit entre les époux ou les conjoints, les parents avec leurs enfants, entre amis ou amies –… bref, toute rupture dans une relation interpersonnelle est un échec à refléter l’unité et l’Amour de Dieu. Cette quête d’unité est donc une manifestation réelle de la foifoi qui transcende les genres, les origines, car elle puise sa source dans l’Amour… Amour qui révèle la dignité et l’égalité entre chacun par le simple fait d’être un enfant de Dieu.


Pour illustrer son propos, Jésus reprend la même pédagogie utilisée au moment où les apôtres se demandent entre eux « qui est le plus grand ». En effet, Jésus accueille non pas un… mais plusieurs enfants auprès de Lui pour les bénir et les présenter à ses apôtres comme des modèles de foi ; nous rappelant ainsi que, pour Jésus, les enfants sont des symboles de pureté, d’humilité, d’innocence et de réceptivité de la foi. Ainsi, en affirmant que le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent à ces enfants, Jésus souligne une foi simple et ouverte, une foi qui n'est pas enfermée dans des catégories sociales, raciales ou de genre.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, oui… il est vrai que, dans notre monde moderne, cette unité de la foi est souvent mise à l'épreuve par des tensions sociales, politiques, culturelles ou idéologiques. Nous pouvons nous sentir submerger par toutes ces questions qui désunissent et empêchent la relation aux autres – telles que les distinctions de genre, les inégalités sociales ou économiques, les abus, les conflits identitaires – tout ce qui désunit et crée des divisions dans la société. Or, Dieu nous invite à dépasser ces barrières en nous garantissant son soutien, sa présence, son Amour si nous acceptons en confiance, en acte de foi, de le voir et le recevoir. À l’image du Christ pour qui il n’y a plus « ni homme ni femme, ni juif ni païen » (Ga 3, 28), car nous sommes tous unis par cette même foi, où chacun vient compléter l’autre… où chacun est en communion. Jésus nous appelle ainsi à une foi qui rassemble, une foi qui dépasse les différences humaines et s’ancre dans l’amour et la réconciliation. Que cette unité soit notre guide, non seulement dans nos familles, mais aussi dans toutes nos relations humaines et dans notre mission de chrétiens dans le monde d’être des témoins vivants de la Bonne Nouvelle et de l’Amour de Dieu.


Amen. Alléluia.

 

Frédéric Kienen



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