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  • Photo du rédacteurMichel Teheux

L’accusé glorifié !

3e dimanche de Pâques -7 avril 2024

Évangile selon saint Luc (24, 35 - 48)


« Vous l’avez livré et vous avez demandé la grâce d’un meurtrier ».

Mais Dieu a donné sa gloire à son serviteur Jésus ! Frères et sœurs, ne nous y trompons pas : le procès de Jésus n’est pas terminé, et le Golgotha ne fut qu’un moment de la grande accusation. Qu’est-ce que le monde reproche à Jésus, sinon d’être le Fils de Dieu ? Car, des messies, des prophètes, des leaders, il en pleut ! Mais qu’un homme soit Fils de Dieu, voilà qui est inadmissible, quand cet homme meurt en croix. Le scandale, c’est la crois, c’est la vie de Jésus.

 

Oh sans doute, il y eut les miracles, les guérisons et l’enthousiasme des foules ; mais à quoi cela a-t-il servi ? Souvenez-vous : il s’était mis à annoncer l’arrivée de Dieu, comme si Dieu était là, avec tous, sans condition, sans bénédiction et sans cérémonie, sans exiger de certificat de bonne vie et mœurs. Ce n’était tout de même pas pensable que Dieu aille, sans précautions vers les prodigues. Qu’il parle et qu’il agisse au nom de Dieu, passe encore ; mais il avait bradé Dieu et cela été impensable. Cet homme était universellement dangereux. C’était l’ordre tout à la fois social, moral et religieux qu’il ébranlait ; partout, il mettait le feu. On sait la suite…

 

Mais voici que devant tout le peuple, Pierre tente une magistrale récupération ; il convoque tous les prophètes pour prouver que la mort du suspect était prévue, annoncée par Dieu. Et s’il faut en croire l’Évangile de Luc, le Seigneur ressuscité, lui aussi, convoqua la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes comme autant de signes irréfutables.

 

Sans doute. Mais rien n’y pourra. La croix restera la pierre d’achoppement. Scandale et folie ! Les crucifix se dresseront de siècle en siècle comme un signe de dérision. « Nous vous annonçons, nous, un Messie crucifié » !

 

Procès de Jésus, procès de Dieu ! Un Dieu maître et Seigneur, tout puissant et garant du bon ordre sur la terre, soit ! Mais un Dieu qui devient visage humain, au point qu’on ne peut plus dire qu’il est ici ou qu’il est là ? Un Dieu qui ne se laisse plus enfermer là-haut parce qu’il est venu prendre condition d’homme, comment le tolérer ? Un Dieu qui impose des ukases, peut-être ; mais un Dieu qui se tait quand on l’accuse, non !

Un Dieu qui sait tout, pourquoi pas ? Le Dieu de Jésus-Christ est trop aimable, trop humain : il fallait le tuer !

 

Procès de Jésus, procès de l’homme ! Procès de l’innocent rejeté, procès de l’inutile ignoré. Procès de la vie exploitée, procès de l’amour étouffé. Il fallait que le Messie passe par la croix.

Frères et sœurs, si un jour la vie fait le procès de votre espérance, si les fraternités rompues font le procès des mains qui s’étaient nouées, si l’injustice conteste votre labeur pour un monde plus vrai, rappelez-vous la loi de la croix : il fallait que le grain fût rejeté en terre pour que s’épanouisse la fleur de Pâques. Si la vie a pour vous un goût de cendres, n’oubliez pas que le nom de Jésus a été gravé sur le tronc mort de l’humanité et que l’arbre a reverdi dans le jardin de Pâques.

Et si un jour, il vous vient au cœur cette impression terrible que même votre péché plaide contre vous, rappelez-vous que vous avez un défenseur auprès de Dieu.

 

Procès à Jésus… N’oubliez pas : au matin de Pâques, l’accusé est devenu notre avocat, et la mort elle-même s’est mise à reculer devant la vie.

  

Michel Teheux



2024 - HOMELIE 3EME DIMANCHE PAQUES - B
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