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Fête de la Trinité

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 16 juin
  • 3 min de lecture

15 juin 2025

Évangile selon saint Jean 16, 12-15



Qui pourra comprendre ce qui fait vivre Dieu ?

Seules des images pourront ouvrir au mystère : une semence jetée dans un champ qui porte du fruit sans que le cultivateur puisse dire que c’est son œuvre, un père qui va chaque jour sur la colline pour voir si son fils revient, l’eau qui fait reverdir les déserts et étanche la soif. Qui pourra dire Dieu sinon des paraboles qui ne démontrent rien, ne définissent rien, mais ouvrent à une rencontre !

Qui pourra dire Dieu, sinon un enfant couché dans une mangeoire, un homme à tout faire, charpentier d’une bourgade inconnue de Galilée, un prédicateur vagabond, un condamné à un gibet d’infamie ?

Qui pourrait nous dire Dieu sinon celui qui est né du Père de toute éternité et qui dit ce qu’il a vu : « Je suis venu pour manifester ta Gloire ». « J’ai encore bien des choses à dire » !

Oui, en effet, car que sont quelques mots pour dire l’indicible, quelques paraboles pour décrire le Royaume ?

Qu’est-ce qu’une vie d’homme pour apprendre la vie de Dieu et qu’est-ce qu’une croix pour incarner la folle amoureuse de Dieu ?

Oui, qu’est-ce ? Sinon quelques mots à partager, quelques histoires à se raconter, une vie à découvrir, une croix à adorer ? Car c’est là dans ces mots écoutés, dans cette histoire répétée, dans cette vie qui nous provoque, dans cette croix qui nous conduit au silence, c’est là que nous découvrons un visage.

 

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant ».

L’heure est aux adieux et aux bilans. Et c’est pour reconnaître que le mystère dévoilé ne peut l’être totalement. « Vous ne pouvez les porter maintenant » !

Oui, dites-le-moi : quels mots seraient assez nobles pour pouvoir dire le mystère de Dieu, lui qui fit les cieux, la mer, la terre et ce qu’ils contiennent.

Dites-le-moi : quelle action de grâce pourra être assez puissante pour saisir notre cœur à la mesure du mystère révélé d’un Dieu Amour, follement amoureux de sa créature ?

Dites-le-moi : quelle prière pourra être à la mesure de ce que Dieu fait naître en nous lorsqu’il inscrit en notre cœur son propre souffle ?

« Vous ne pouvez les porter maintenant » ! L’heure est aux adieux et aux bilans : comment l’homme pourra-t-il être à la mesure de Dieu.

 

Comment pourrions-nous entrer en relation sans ébaucher des mots qui s’essayent à dire ce qui ne peut être dit ?

Sans partager une communion qu’aucun geste ne pourra exprimer ni épuiser ? Car c’est là, dans ces mots balbutiants et fragiles, dans ces gestes esquissés et maladroits, dans cette approche toujours à recommencer, c’est là et là seulement qu’est toute la réalité de la rencontre.

Jésus s’en va : l’heure est aux adieux et aux bilans.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter maintenant » !

L’Église garde ces paroles comme son héritage et sa responsabilité. Elle conservera fidèlement quelque chose des premiers mots émerveillés de la foi et transmettra l’Évangile des premiers témoins.

Mots fragiles, mais qui éveillent à ce qu’ils ont voulu faire découvrir de Dieu ;

Évangile de vie pour la vie de la foi.

Elle inventera des mots nouveaux, car la foi n’est pas une répétition de dogmes appris ou canonisés et l’amour ne vit qu’à inventer des mots neufs pour se dire.

 

Elle conservera dans sa mémoire et sa vie quelque chose de l’expérience des premiers témoins et l’apprentissage aux règles de l’Évangile passera toujours par les intuitions de la première Église.

Mais elle sera aussi fidèle à ce que suscite la vie qui jamais ne peut être programmée ;

elle relèvera les défis de chaque temps et inventera les ajustements difficiles de l’Évangile à la

réalité de chaque époque.

 

Elle s’émerveillera devant le mystère révélé dans le visage du Sauveur, mais elle se laissera prendre au feu de l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles. L’Église n’est pas sans traditions, mais elle n’est pas non plus, un conservatoire, elle n’est pas sans avenir, mais elle n’est pas non plus sans héritage.

 

Et puisque seules les images peuvent éveiller au mystère qu’elles découvrent sans épuiser, je vous laisse avec celle-ci. Plus que les dogmes ou les affirmations conciliaires sur Dieu, plus que les traités de théologie sur la Trinité, plus que nos prières qui s’épuisent en mots, elle nous ouvre sur la révélation de Dieu.

Dieu est comme une île inconnue : nul ne peut en déterminer les contours sinon en l’abordant par différents côtés. C’est alors ensemble, par l’expérience de l’Église à travers les temps, qui par la vie multiple de l’Église dans l’espace, c’est alors que peu à peu se devineront les secrets des terres intérieures. Et lorsque, par ces « abordages » successifs, nous connaîtrons l’intérieur de l’ile, lorsque nous pourrons tout porter, ce sera l’Éternité. Et l’émerveillement.

 

 

Michel Teheux



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