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Étonnante révolution

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 16 mai
  • 3 min de lecture

5e dimanche de Pâques - 18 mai 2025

Évangile selon saint Jean 13, 31-33a.34-35



L’heure est au testament : Jésus est à la table des adieux.

Déjà le grand conseil a décidé sa mort et sur la colline, aux portes de la ville le gibet d’infamie sera bientôt dressé. C’est l’heure des mots lourds de toute une vie. Le résumé de ce pourquoi on a vécu. C’est la fin d’une vie, au double sens du mot : le terme et la visée.

« Je vous donne un commandement nouveau ».

 

Mais comment oser dire à un monde usé que sa nouveauté réside dans l’amour ? Comment proclamer cette parole, contredite par sa stagnation d’un monde où jamais rien ne semble nouveau ? « Je vous donne un commandement nouveau » !

Vraiment l’amour serait-il aujourd’hui encore source de renouveau pour toutes choses ? Apparemment l’amour est usé, malmené, éteint, mort. Alors quoi de neuf sous le soleil ?

 

Regardez Jésus. Le voici à la table des adieux. Table dramatique où le Fils de Dieu vient de se mettre à genoux comme le serviteur. Judas, lui, vient de sortir. Pourquoi ne pas déjouer son plan ? Mais Jésus ira au rendez-vous. L’amour espère tout. Christ ira vers la mort et se livrera à elle. Jusqu’au bout Dieu s’obstinera à parler de vie, de paix et d’amour.

 

Ce soir-là, Jésus a pris le plis et puis il a livré son testament : « Aimez-vous comme je vous ai aimés » ! Son dernier regard sera encore pour dire la miséricorde ; son dernier souffle murmurera le pardon. Il avait relevé la femme perdue et accueilli les enfants, il avait fait table commune avec les publicains et les gens de petite vertu, sa vie, déjà livrée, avait bouleversé les cœurs et provoqué les « qu’en dira-t-on » ?

Révolution de l’amour qui ouvre l’avenir : la femme peut vivre à nouveau, Zachée peut encore se réjouir et Matthieu devient disciple. L’amour est plus fort que le péché. Révolution de l’amour, car lui seul peut accomplir quelque chose et changer la face de la terre. L’amour est vainqueur de toute mort.

 

Aujourd’hui nous réaffirmons que l’amour peut changer la terre. Oh ! l’amour ne sera pas un nouveau slogan, aussi vite dépassé que les autres. Car le seul vrai lieu de l’amour se nomme Golgotha et c’est au pied de la croix que nous découvrons l’autre face du monde. Lorsque Jésus, ce soir-là, donnait son testament, il y avait Judas et Pierre, la troupe armée et les prêtres en fureur ; et là-bas, il y avait la colline prête pour recevoir la croix. Lorsque Dieu dit : « je fais toutes choses nouvelles », nous sommes loin des slogans et des manifestations sans lendemain. L’amour, qui est le testament de Dieu, coûte le prix d’une vie consacrée, livrée à cet amour.

Gloire de l’amour et gloire de la croix, indissolublement liées.

 

Testament… Dernier mot de vie pour résumer la vie.

Mais le testament se fait recommandation et commandement : Aimez-vous comme je vous ai aimés » ! L’invitation qui instaure l’ordre nouveau tient en cela : les disciples devront imiter le Maître, le nom de nouveau tient dans ce mot qui a un goût de révolutions et d’éternité « comme ». La recommandation deviendra un signe distinctif, un label et une preuve : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ».

 

Comment rendre manifeste la révolution pascale ? Il n’est pas anodin de remarquer que la liturgie pascale, au moment où elle nous ouvre les horizons universels de la mission et du monde nouveau, pascal, ramène au Cénacle, pour le repas testament devenu un ordre de mission. Le monde nouveau, pascal, commence lorsque l’Église accepte en chaque eucharistie d’être l’épouse du Fils bien-aimé, crucifié et relevé de la mort.

Là elle reçoit mission d’aimer du même amour qui fait exister Dieu et de partager ses raisons de vivre. A naître de Dieu et pour Dieu. Notre marque de fabrique, notre label tiennent en ce mot « Aimer ».

Pour la gloire de Dieu et le salut du monde.


 

Michel Teheux




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