top of page

En route sur le chemin du bonheur…

  • Photo du rédacteur: Frédéric Kienen
    Frédéric Kienen
  • 20 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 sept.

25e dimanche du temps ordinaire - 21 septembre 2025

Évangile selon saint Luc 16, 1-13


ree

Un jour, saint François d’Assise marchait avec un de ses frères pour aller prêcher dans une ville voisine. Tout au long du chemin, ils déambulaient dans les rues et saluaient les passants en rendant quelques services. Ici, François aide une vieille femme à porter son fagot de bois ; plus loin, il s’arrête pour parler avec un malade ; là, il sourit aux enfants qui jouent. Bref, après plusieurs heures, ils reprennent la route du retour. À ce moment, le frère, étonné, ose dire : « Frère François, tu avais dit que nous allions prêcher aujourd’hui. Or, nous n’avons pas prononcé un seul sermon ! » Alors François lui répond : « Mon frère, nous avons prêché tout le long du chemin. Les gestes d’attention, les services rendus, les sourires partagés : voilà le vrai langage de l’Évangile. Les paroles ne viennent qu’après. »


Chers Frères et Sœurs, ce moment de vie de saint François, qui vient illustrer nos Lectures de ce jour, nous place directement devant la question fondamentale du bonheur dans nos vies et les moyens que nous sommes prêts à mettre en œuvre pour y accéder. Ah, le chemin du bonheur… toute une mélodie ! Déjà un premier constat s’impose… pas besoin d’être un génie ou un grand philosophe pour reconnaitre le bien du mal ; le bien, inscrit dans nos cœurs, qui nous procure joie et satisfaction et qui ne se révèle qu’à travers notre relation avec les autres et le Tout Autre ; le mal qui nous enferme sur nous-mêmes dans l’autosatisfaction, où tout lien est rompu et où l’autre n’est plus vu que comme un outil ou une exclusion. Deuxième constat, nous disposons naturellement de moyens pour nous mouvoir sur ce chemin du bonheur : notre intelligence et notre sagesse, notre cœur et notre foi. Ainsi, c’est sur base de ces constats que le prophète Amos place une première balise autour de cet adage bien connu : « L’argent, même s’il y participe, ne fait pas le bonheur ! ».


Plus précisément, pour Amos, ceux qui ne pensent plus qu’au profit, prêts à exploiter les plus faibles pour s’enrichir, où leur habileté et leur énergie sont mises uniquement au service de l’argent… ne sont au final plus libres. Pourquoi ? Car seuls la lutte et le pouvoir – c’est-à-dire le « gagner encore plus » – finissent par les enfermer sur eux-mêmes tout en perdant de vue le vrai chemin du bonheur. Et ce chemin me direz-vous ? C’est celui d’être dans le monde, certes, mais surtout avec le monde ; c’est celui non pas simplement de l’agir mais de l’interagir… d’être en relation vers une même direction. Ainsi, c’est en considérant la présence des autres et du Tout Autre sur ce chemin du bonheur que nous pouvons ajuster nos propres forces, car même si seul nous marchons plus vite… ensemble nous marchons plus loin.


C’est d’ailleurs cette nécessité de la direction dans l’usage de nos ressources que Jésus vient illustrer dans sa parabole du gérant malhonnête. Rappelez-vous cet homme qui fait preuve d’une grande habilité que même Jésus reconnait peut-être avec dépit : « Les fils de ce monde sont plus habiles que les fils de la lumière. » En effet, ce gérant réfléchit vite, invente une solution astucieuse et trouve un moyen pour assurer son avenir et sa réputation… toutefois, la direction qu’il a prise ne peut être celle du bonheur mais bien celle de l’autosatisfaction guidée par la ruse et la tromperie qui au final crée la rupture au dépend de l’autre. Nous pourrions même imaginer Jésus exprimer ce paradoxe en ces termes : « Regardez comme ceux qui poursuivent leurs intérêts terrestres savent être ingénieux, créatifs et stratèges. Si seulement mes disciples mettaient la même énergie à annoncer l’Évangile, à bâtir le Royaume… le monde serait transformé ! »


Saint François avait compris lui aussi cette nécessité d’une direction sur ce chemin du bonheur. En effet, annoncer le Christ ne se limite pas à des paroles mais demande de l’inventivité, des gestes concrets, une manière de vivre qui touche les cœurs. En ce sens, à son exemple, être chrétien, ce n’est pas seulement éviter le mal, mais être « malin pour le bien », c’est-à-dire à chercher des façons nouvelles d’interagir et d’être avec notre monde. Bref, d’aimer, d’accueillir et de témoigner la Bonne Nouvelle qui nous conduit sur le chemin du bonheur. D’accord… mais concrètement pour nous ? Par exemple, dans nos familles, cela peut signifier trouver des chemins de réconciliation, des moments créatifs pour prier ensemble. Dans notre travail, c’est choisir de respecter et d’encourager, même quand ce n’est pas rentable. Dans notre société, c’est inventer des manières concrètes de servir ou de rejoindre les plus fragiles. Dans l’Église, c’est oser proposer, inviter, utiliser les moyens modernes pour partager la Bonne Nouvelle.


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, voilà ce chemin vers le bonheur que Jésus veut pour nous. Ce chemin, nous pouvons le construire tous ensemble en mettant en œuvre notre foi. Non pas une foi timide ou triste, mais bien une foi audacieuse, inventive et joyeuse ; une foi qui ose prendre des risques, qui ose déranger les habitudes, qui ose sourire et inventer pour que l’Évangile touche les cœurs. Bref, une foi qui peut grandir avec et pour les autres. Jésus nous invite également à être « malins pour le bien », à mettre autant d’énergie pour Dieu que d’autres en mettent pour leurs affaires. Reconnaissons enfin que la Bonne Nouvelle n’est pas un fardeau mais la source d’une joie qui libère et qui fait vivre ! C’est cela, être vraiment « fils de lumière ».


Amen. Alléluia !

 

Frédéric Kienen



©2018-2025 Unité pastorale de Huy

bottom of page