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Photo du rédacteurMichel Teheux

En aimant

6e dimanche de Pâques - 5 mai 2024

Évangile selon saint Jean (15, 9-17)


Les aveux de Jésus sont émouvants. À l’heure des adieux, il livre son cœur, le plus intime de lui-même. Il lève la voie sur ses relations avec le Père et sur la qualité de la communion qu’il instaure avec ses disciples.

« Comment le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ».

Provocantes sont ses invitations à lui répondre par une attitude semblable à la sienne, un amour identique : « Aimez-vous comme je vous ai aimés ». Et cette formule lapidaire qui « sent » l’intention divine : « Demeurez dans mon amour ».

 

Aimer… L’amour est un choix, la rencontre de deux libertés qui se disent en écho : « Je te choisis » ! Le choix de l’un ne prend corps que par le choix de l’autre.

Ils sont aimés… et il faudra que les disciples apprennent la mesure de l’amour de Dieu, du « sans condition », de la gratuité absolue de ce qui pousse Dieu vers nous. Ils ne pourront saisir une part de ce mystère qu’en expérimentant l’absolu scandale de ce « sans condition » dans le scandale de son accomplissement.

Ils devront vivre le drame du Golgotha pour que leur sort révèle jusqu’où va l’Amour de Dieu. La croix est la signature qui scelle l’alliance, la marque de fabrique de Dieu.

 

Ce scandale de la croix révèle qui est Dieu aux yeux des croyants ; mais plus encore il révèle – si j’ose dire -, Dieu à lui-même : dans la croix, Dieu découvre, étonné, la profondeur de sa volonté et l’incarnation de son mystère trinitaire. Le Père, étonné, contemple dans le Fils offert, ce qu’est son amour de père.

 

L’amour ne s’accomplit que dans l’appel de l’amour : « Aimez comme je vous ai aimés » !

Il faut que Dieu laisse résonner longuement en nous la folie insensée de sa passion pour que nous puissions commencer à le choisir, à l’aimer sans autre raison que d’être en son amour.

Alors Dieu ne sera plus un besoin encore moins une « gourmandise », il deviendra notre désir, notre amour.

 

Loin d’être un ordre, ce « Aimer comme » est une humble prière, la demande qui surgit de l’intérieur de l’amour lui-même. Car dans chaque « je t’aime » s’entend « m’aimes-tu aussi » ?

« Aimez-vous comme je vous ai aimés » est la supplication de Dieu bien plus qu’un commandement.

 

Cette prière est l’envers de la profondeur en laquelle Dieu nous aime. Elle dit que Dieu, pour être vraiment ce qu’il est, Amour, a besoin de la réponse que nous donnerons à son alliance.

Dieu, pour être Dieu, Amour, suscite, appelle notre amour : notre foi aimante conduit Dieu à sa perfection.

 

« J’ai fait de vous ce que vous êtes » pourrait être une revendication hautaine et tyrannique d’un Dieu omniprésent. Mais parce que cette attestation nait de l’amour offert et quémandant une réponse, parce qu’elle se conjugue avec le « Pierre, m’aimes-tu » ? L’affirmation de Jésus peut devenir le lieu le plus accompli de notre existence : nous sommes aimés et, en cela même, appelés et rendus capables d’aimer. Sauvés.


Michel Teheux



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