« Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix ! »
- Frédéric Kienen
- 6 juil.
- 3 min de lecture
14e dimanche du temps ordinaire - 6 juillet 2025
Évangile selon saint Luc 10, 1-12.17-20

Chers Frères et Sœurs,
Permettez-moi de commencer notre méditation par une histoire simplement sincère et vraie. Un jour, dans une petite ville, un professeur demanda à ses élèves : « Qu’est-ce que la paix ? » Les enfants répondirent : « C’est quand il n’y a pas de guerre », « C’est quand tout le monde est content », « C’est quand on dort tranquille. » Mais un garçon leva timidement la main et dit : « La paix, c’est quand ma maman me prend dans ses bras quand je suis triste et qu’elle ne dit rien. Elle reste là. » Le silence envahit la classe. Le professeur sourit. Ils venaient de recevoir une définition très juste et profonde : la paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflit, c’est une présence qui rassure, qui console et qui enveloppe.
En réalité, c’est précisément cette paix-là que les Lectures de ce jour veulent nous faire découvrir. Cette paix que le baptême a déposée en nous comme un don afin que nous devenions à notre tour des porteurs de paix dans notre monde. Mais d’où vient cette paix et qu’implique-t-elle dans notre vie ? Prenons ensemble le temps de méditer cette question.
Dans la première lecture, Isaïe utilise une image étonnante : Dieu est comme une mère qui console son enfant. « Vous serez portés sur la hanche, vous serez choyés sur ses genoux. » Nous pouvons déjà saisir par cette image maternelle que la paix de Dieu n’est pas froide ni distante. Pourquoi ? Car La paix est le signe concret et incarné de Son Amour. Ainsi, la paix s’exprime avant tout dans la tendresse et la proximité. Plus précisément, la paix de Dieu est enveloppante car elle touche le cœur blessé et vient le guérir. Bref, la paix de Dieu ne dépend pas des circonstances extérieures : elle jaillit et s’exprime dans notre vie comme le fruit d’un amour constant et fidèle.
Saint Paul, quant à lui, nous ramène à la source de toute paix véritable : la Croix du Christ. « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ. » Il précise ainsi que la paix qui s’abreuve de la Croix n’est pas une paix naïve, une paix qui nie la souffrance, mais bien une paix née du pardon et de l’amour jusqu’au bout. La Croix nous montre ainsi que la paix ne s’impose pas par la force, mais se donne dans l’amour. Et par notre baptême, nous sommes marqués de cette Croix dans notre être tout entier – corps, âme et esprit –, comme une signature sur notre vie. Une signature qui nous engage dans notre quotidien et nous rend capables, à notre tour, d’aimer, de consoler et de donner la paix « dans la charité du Christ », comme nous le faisons durant l’Eucharistie.
Enfin, vous l’aurez compris, la paix ne se limite à notre seule communauté, à ce moment de Communion que nous vivons ensemble aujourd’hui dans notre collégiale. La paix que nous recevons du Christ et que nous partageons engage notre vocation missionnaire d’aller porter cette paix dans notre monde. Voilà pourquoi, dans l’Évangile, Jésus envoie ses disciples deux par deux en leur donnant une mission claire : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison. » Notons qu’Il ne dit pas : « Convertissez-les d’abord », ni «Corrigez-les », mais bien : « Apportez la paix. » Cela veut dire : soyez des porteurs de la présence aimante de Dieu… soyez des porteurs d’amour, à l’image du commandement d’aimer « Dieu et son prochain comme soi-même », c’est-à-dire à notre mesure, avec nos forces et nos faiblesses. Ainsi, comme les disciples, nous ne sommes pas envoyés avec des discours compliqués, mais avec une paix vivante et habitée… une paix qui vient et se nourrit de notre union au Christ… une paix qui se transmet surtout par notre manière d’être, par notre regard, notre douceur et notre écoute.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, souvenons-nous de l’enfant de tout à l’heure. Il disait : « La paix, c’est quand ma maman me prend dans ses bras quand je suis triste. » Et si elle était simplement là, notre mission de baptisés ? Être pour le monde les bras de Dieu qui rassurent, qui relèvent, qui écoutent sans juger ? Des bras qui ne tapent pas, mais qui consolent ? Car, par notre baptême, nous sommes devenus ces visages, ces mains et ces voix qui portent et apportent la paix du Christ.
Alors demandons au Seigneur la grâce de vivre pleinement notre vocation de baptisés : porter la paix partout où nous passons, une paix simple, douce, mais vraie ; une paix qui vient de Dieu et puise sa source dans la Croix de celui qui s’est offert par Amour pour chacun de nous.
Amen. Alléluia !
Frédéric Kienen