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Avec la vieille et la jeune

Photo du rédacteur: Michel TeheuxMichel Teheux

Dernière mise à jour : 22 déc. 2024

4e dimanche de l’Avent — 22 décembre 2024

Évangile selon saint Luc 1, 39-45



Un regard qui porte loin.

Un regard qui va au fond des choses.

Le regard de deux femmes qui, grosses de leur enfant tout proche, voient les choses autrement.

Regard de deux femmes mères qui savent ce que donner la vie veut dire, qui connaissent le poids des choses et font foi à demain.

Qui donc pourra dire la fécondité de l’espérance mieux que ces deux femmes lourdes de vie à enfanter ?

 

Élisabeth, la stérile, la femme du prêtre, la vieille Élisabeth, fille de l’ancienne alliance, a quitté sa robe de tristesse.

« Voici que l’hiver est passé, c’en est fini des pluies. La saison des chansons arrive… Lève-toi ma bien aimée ! » (Ct 2,11-13)

La vieille cousine s’est dressée, emmenée par la vie qui, de l’intérieur, la pousse en avant : c’est déjà le précurseur qui la conduit vers celui qui accomplit la Promesse séculaire.

 

Regardant les enfants, les femmes enceintes, Marie, elle, traversait les villages.

Tout le pays, même les arbres et les collines, semblaient à l’unisson de sa joie : l’enfant, celui du Très Haut, en elles la faisait bondir d’allégresse. Magnificat éternel qui embrassait les siècles de l’histoire : « Dieu fait un moi de grandes choses, Saint est le nom de l’éternel ».

L’Esprit qui avait présidé à la création du monde et recouvert aux premiers jours la terre sortie du chaos, cet Esprit l’avait couverte de son ombre et, dans la patience de son corps qui enfantait la vie, la chair de la jeune femme tissait ce qui manquait à Dieu pour aimer les hommes en vérité, un corps d’homme.

Elle était partie en toute hâte, avec un petit baluchon. Et sous ses pas, la terre se couvrait de fleurs et de chansons.

 

Sur le pas de la porte, Marie salue Élisabeth.

Et la maison du vieux prêtre déborde de joie. Autrefois, la cité Sainte, la Sainte Sion, avait exulté parce que l’Arche de l’Éternel avait été amenée en ses murs.

Aujourd’hui, la vieille femme stérile, la vieille Élisabeth peut se dépouiller de son vêtement de deuil et, comme l’ancêtre Davide, danser devant la nouvelle arche d’alliance, cette jeune femme de Nazareth, nouveau sanctuaire de Dieu.

 

Les deux regards se croisent.

D’où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?

Extase de celle qui pensait ne plus pouvoir enfanter et qui reconnait en la jeune fille la promesse qui devient sienne.

Et elle, la féconde, la Vierge comblée, laisse son regard creuser le sens du mystère : c’est l’enfant, en elle, qui est source de joie.

Et si elle parle bien d’elle-même en entonnant son cantique, c’est parce qu’elle parle si bien de Dieu qui en elle fait merveille !

 

Frères et sœurs,

Laissez votre regard aller au fond des choses.

Avec Élisabeth, la stérile, dont la vieillesse parle si bien de notre monde blasé, portez votre regard vers la jeune femme accourue de Nazareth.

C’est elle qui annonce que Dieu peut tirer du neuf de l’ancien.

Oublions nos vieilleries, nos assurances sans lendemain, nos certitudes stériles, nos calculs savants et nos mérites illusoires.

Avec Élisabeth, la femme de l’Ancienne Alliance, accueillons la fécondité de l’Alliance Nouvelle : elle a la jeunesse des mots nouveaux pour dire Dieu, l’inattendu des engouements de cœur, la candeur des enthousiasmes non calculés, la fraîcheur d’une Bonne Nouvelle, la grâce de l’émerveillement.

 

Aujourd’hui, avec ces deux femmes, recueillons-nous : ce que nous avons porté dans la patience de nos vies assumées, de notre foi engagée, de notre travail accepté, l’enfant que nous aurons ainsi enfanté, nous savons qu’il nous faut, finalement le recevoir.

 

La Bonne Nouvelle n’est rien moins que ceci notre vie, toute notre vie, est don de Dieu. Tout est grâce. 

 

Michel Teheux



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