3e dimanche de l'Avent - Évangile selon saint Jean (Jn 1, 6-8, 19-28)
« Je ne suis pas le Messie » ! La protestation est claire, provocante : démenti qui risque de rabattre les enthousiasmes trop prompts à s’emporter, confession qui éclaire la lucidité du prophète : « Je ne suis pas le Messie » ! Le prophète devient porte-parole, annonceur, découvreur.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
L’homme de Dieu ne peut parler que de l’action de Dieu : « Il y a au milieu de vous celui qui est encore inconnu, mais qui est la promesse accomplie, l’avenir déjà réalisé.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
L’Eglise de tous les temps, n’aura rien d’autre à dire. Dieu vient vers l’homme, et il vient sans s’imposer. Il vient pour se faire reconnaître : Dieu avec-vous, Emmanuel : Jésus vient et son visage est l’icône parfaite de Dieu ; il n’apparaître d’abord que comme un visage d’homme. Le visage de Dieu sera d’abord un visage qui porte les traces de Nazareth et de trente années d’incognito, passées près de Marie dans un hameau perdu d’une province mal cotée par les sages de Jérusalem. C’est un visage qui porte la marque des années de labeur passées dans l’atelier de Joseph, au milieu des artisans et des petites gens qui sont sans histoire. Oui, le visage de Dieu est ce visage caché : une histoire commune, ordinaire, sans histoire.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
Et le jour où il parlera, en parcourant les routes de la Galilée et de la Judée, ce qu’il dira sera tellement inattendu que l’enthousiasme populaire retombera vite. On n’écoute pas longtemps les prophètes qui parlent de manière extravagante : Et Dieu connaître le dénuement extrême : celui qui est la lumière du monde connaître les ténèbres du Vendredi - Saint.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
Visage dérisoire de l’homme bafoué, qui est celui de Dieu crucifié ; visage douloureux de l’homme écartelé et incompris, qui est celui de Dieu disant la parole extrême de son amour ; visage ordinaire d’un homme ordinaire, qui est le visage d’un Dieu qui ne fait pas d’histoires !
Nous aurions préféré un Messie vainqueur, un maître à penser génial, un gourou aux pouvoirs mystérieux. Mais nous voici avertis : nous ne trouverons qu’un Enfant couché dans un berceau de pauvre, un homme qui partage les choses communes des hommes, un condamné sur le gibet d’infortune.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
Comment pourrons-nous oublier la leçon du Baptiste qui est l’Ami de l’Epoux ? Notre foi ne sera jamais une adhésion à des vérités péremptoires ; elle ne sera jamais un comportement dont l’évidence s’imposerait : elle ne sera jamais une prière qui connaîtrait d’avance son itinéraire. Notre foi esquissera toujours une ébauche de la vérité qui se désire : elle s’incarnera dans des comportements qui se cherchent et elle balbutiera les mots d’une prière qui est l’humble réponse de l’amour.
« Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » !
Oui, notre foi, au lieu de nous arracher à notre condition d’hommes, nous y renvoie : car c’est là, dans cette condition épousée, que peuvent se découvrir les germes d’un monde nouveau.
« N’éteignez pas l’Esprit » ! Laissez-le faire irruption dans vos certitudes ancrées et vos jugements arrêtés ; laissez-vous questionner par ceux qui cultivent le pardon, luttent contre la misère, combattent pour la justice, secouent les inerties et les sécurités. Laissez-vous rajeunir, car il n’y a pas d’autre moyen pour nous de rejoindre Jésus que de nous plonger dans notre vie d’hommes, puisque lui, le premier, a été baptisé dans les eaux où se plongeaient les pauvres et les pécheurs en mal d’espérance.
Il n’y a pas d’autre lieu pour trouver Dieu que notre existence fidèlement épousée, avec ses arêtes et ses échecs, ses espoirs et ses réussites, car dieu est pour l’éternité le Dieu de Jésus, Dieu incarné.
Alors ayant vécu notre vie dans la vérité de notre vocation, nous entendons la proclamation de la valeur secrète de notre existence : « Ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait » ! Et cela encore sera grâce, bonté d’un Dieu qui depuis toujours et pour toujours a épousé notre vie d’hommes.
Michel Teheux
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