5e dimanche de Pâques -28 avril 2024
Évangile selon saint Jean (15, 1-8)
L’heure des adieux est arrivée. Et avec elle le temps des mots chargés de vie, des mots d’éternité. Heure de Jésus qui s’en va vers le Père et heure de l’Église fondée sur ces derniers entretiens du Maître. Heure des choses essentielles : « celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ».
Heure de l’intimité et de la communion au-delà de tous les mots ; seuls les mots du poète et les vieilles images de la Bible peuvent en dire le poids : « Je suis la vigne et vous êtes les sarments ».
L’heure où il nous est révélé que la foi est au-delà des mots et qu’elle tient tout entière dans un attachement du Maître.
Les textes liturgiques de ce dimanche nous rappellent cette vérité élémentaire. La rencontre de Paul le persécuteur avec Jésus ressuscité, le coup de foudre sur la route de Damas a converti l’homme acharné en disciple zélé. Choc d’une découverte d’un grand amour. « Paul cherchait à entrer dans le groupe des disciples ». C’est le témoignage de Jean, l’apôtre bien-aimé, transformé par l’expérience d’une communion totale avec son Seigneur et qui résume tous les commandements en un message d’amour.
L’Évangile de la Vigne et des sarments nous laisse percevoir la force des liens qui peuvent s’établir entre Jésus et ceux qui ont mis en lui leur foi. La communion avec le Maître fait passer dans leur vie d’homme l’intensité même de l’amour de Dieu.
« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » !
« Nous devons aimer ! « c’est le commandement de la Bonne Nouvelle, le testament des premiers témoins qui ont expérimenté la conversion radicale de l’Évangile. L’amour dilate le cœur, exige toujours plus, nous transforme et nous transfigure pour nous modeler sur l’unique modèle qui est l’Amour fait chair : « Celui qui demeure en moi, et moi en li, celui-là porte beaucoup de fruit ».
Une vie continuelle anime le sarment, l’empêchant de ne jamais arrêter cette mutation qui le faire croitre. « Quand l’amour vous fait signe, suivez-le, bien que ses voies soient dures et escarpées.
Et ne pensez pas que vous pouvez guider le cours de l’amour, car l’amour, s’il vous trouve digne, dirigera votre cours » (K. Gilbran)
« Si vous demeurez en moi, vous porterez du fruit, si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment ». La foi a la saveur de la passion, et lorsque Jésus met en avant l’intimité qui doit exister entre lui et ses disciples, c’est pour lui l’heure des adieux et de la croix ; son intimité avec ses disciples lui coûte cher.
Il faut laisser « prendre » en nous la Bonne Nouvelle pour qu’elle devienne notre vie, comme un instinct. « Ayez en vous les sentiments du Christ Jésus recommandera saint Paul. La parole de Jésus comme la sève déploie une puissance insoupçonnée.
Pâques s’ouvrira sur la Pentecôte et le témoignage de ceux qui consacrent leur vie à la même passion que celle de Jésus.
« Hors moi vous ne pouvez rien faire » ! Oui notre cœur est à l’étroit, mais comme la source : en ses profondeurs se renouvellent sans celle l’Amour qui est la source de notre vie, l’Amour créateur et sauveur. « C’est la gloire de mon Père que vous portiez du fruit » ! Libérons en nous les puissances de l’amour, le plus beau fruit que l’homme puisse offrir à ses frères.
Le fruit qui mûrissant sur la croix, tandis que coulait la source du cœur ouvert d’avoir tellement aimé.
Michel Teheux