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Photo du rédacteurMichel Teheux

ÉLUS

3e dimanche du temps ordinaire - Évangile selon saint Marc 1, 14-20



Jésus en choisit Douze. Ils connaissent les vents sur le lac et l’art de dresser la voile dans le vent ; ils avaient appris dès leur jeune âge à tenir dans l’espoir jusqu’au matin, quand la nuit était rebelle. Il les appela. Sans autre apprentissage, il leurs a confié la Parole. Pour eux, la Parole s’est faite chair et histoire, les temps se sont accomplis. Une Parole qui porte le nom et un visage, une Parole qui est santé pour les hommes. Parce qu’elle porte un nom : Jésus, Dieu-avec-les hommes. Ils partiront sur la foi en cet appel ; Sans emmener leur père et leur fortune. Ils déchiffreront la Parole et son Mystère. Sur leur chemin, des aveugles crieront vers la lumière du jour et des esclaves supplieront qu’on les délivre de leurs chaînes ; la Parole décillera les yeux et relèvera, bonne nouvelle pour la terre des hommes. Les temps sont mûrs : le monde ancien est en train de passer.

 

Il les appela. Toute la foi et la vie de l’Eglise tiennent dans cette phrase. Car la question n’est pas de savoir si nous sommes capables de répondre à cet appel et de scruter si nous en sommes dignes. Nous n’avons pas à nous interroger sur la fragilité de notre liberté ou sur notre capacité à engager notre vie entière. L’Eglise naît d’une vocation car c’est tout autre chose de prendre une décision qui repose sur sa seule liberté et tout autre chose est d’appuyer sa décision sur la liberté du Christ. Si Dieu appelle, c’est à lui de savoir qui il appelle et comme il appelle. Quand Dieu prend ce risque avec nous, nous n’avons plus qu’à accepter de prendre ce risque avec lui. Car c’est Dieu qui prend les risques de l’incompréhension des amis : « Voulez-vous, vous aussi, me quitter ? », de la trahison de Judas et des reniements de Pierre. Le pari de la foi d’abord tenu par Dieu. « Il les appela »…

 

« Il passa, il les appela ». Passant, pour qu’ils deviennent passeurs. Les appelés deviennent des envoyés. Dieu a pris le risque de la rencontre avec nous pour que nous devenions des porteurs de parole. Dieu prend le risque de l’Alliance lorsque notre parole est remise à l’autre.

Il y a urgence en notre temps que nous trouvions les chemins nouveaux pour que la Parole qui fait notre bonheur, qui est notre santé – notre santé soit portée – enfanté. Dans une société de plus en plus plurielle et c’est une chance pour que l’homme, tout homme, soit respecté – doit se donner à entendre la voix de l’Evangile.

 

Aurions-nous l’audace, non de dire ce qu’on a toujours dit, ce qu’on attend que nos disions, mais d’être des annonceurs ? Quels sont les lieux où nous donnerions à entendre ce que nous avons reçu ? Quelles sont les initiatives – risquées peut-être et donc sujette à échec – par lesquelles notre parole sera d’aujourd’hui ? Quels renoncements accepterons-nous pour rendre possible ces initiatives ? Quels investissements – en personne, en moyens – ferons-nous pour que la « proposition chrétienne » puisse être entendue dans la cité.

Comme Jonas nous sommes envoyés vers la Grande ville, persuadés que nous pourrions être reçus comme des fous. Nous irons cependant par fidélité à ce que nous avons reçu et, avec la grâce de Dieu, pour le salut de ceux vers qui nous irons.

 

Frères, si vous doutez de Dieu, ne vous laissez pas embarquer dans cette aventure. Car si vous vous êtes donné à vous-mêmes les appuis de votre foi, vous êtes bien malheureux.

 

Il les appela… Et ils se laissèrent embarquer ! La foi est bien une aventure où des hommes et des femmes partent sans assurance, et c’est en chemin qu’ils approfondissent le bienfondé de leur démarche. De siècle en siècle, et d’âge en âge, des hommes porteront la Parole en portant les questions de l’homme. Depuis la Galilée jusqu’à la Parousie, depuis la création jusqu’à la résurrection du dernier jour, des hommes témoigneront que la Parole de Dieu renverse la mort. Ils connaissent la même fragilité que leurs frères, sont bouleversés par les mêmes souffrances et vivent des mêmes espoirs.

Comme Jonas, ils sont envoyés dans la cité des hommes, convaincus qu’ils seront reçus comme des fous. Mais par grâce, ils sont les fous de Dieu.

L’espérance qui les distingue est de savoir que Dieu depuis le matin de l’univers a appelé l’homme. Et cela encore est grâce.

 

Michel Teheux




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