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32e dimanche du temps ordinaire

Photo du rédacteur: Michel TeheuxMichel Teheux

Dernière mise à jour : 20 nov. 2023

Évangile de Matthieu (Mt 25, 1-13)


Étranges, ces vierges prévoyantes qui refusent de partager avec leurs compagnes l’huile indispensable pour leur marche de nuit !

Ne ressemblent-elles pas à la fourmi de la fable, reprochant à la cigale d’avoir enchanté son entourage pendant la saison où il fallait récolter ? « Charité bien ordonnée, commence par soi-même », prétend la sagesse populaire !


Et puis, de quoi ce fiancé se plaint-il ? Il arrive au beau milieu de la nuit, sans prévenir, sans avoir pris rendez-vous !


Oui, mais voilà, il ne s’agit pas de dictons populaires, ni de compréhension ou d’excuses ! « Le Royaume de Dieu est semblable à… » La parabole déroute toujours, pour éveiller un sens, provoquer une écoute, susciter une « révélation ». Nous sommes chez Dieu, et Dieu veut dévoiler son visage.


Un fiancé, une noce : oui, c’est bien d’amour qu’il s’agit. Ces femmes prévoyantes, qui sont-elles, sinon les chrétiens quand ils se mettent à aimer vraiment ?

La flamme de leur lampe est délicate et fragile comme la tendresse ; seul l’amour peut la faire jaillir, et il faut beaucoup de soins pour l’entretenir. Le drame des jeunes insouciantes, le voici : elles ignorent quelle vigilance de chaque instant suppose l’amour. Elles laissent la flamme mourir et se précipitent alors chez les marchands pour acheter de l’huile ! Comme si on pouvait acheter l’amour ! C’est dans le cœur que l’amour vit, pas dans le commerce : pauvres insouciantes, vous n’aviez d’amour qu’un amour frelaté !


« Veillez » ! Ne vous laissez pas envahir par le lent engourdissement qui paralyse les réflexes d’attention, qui rapetisse les raisons de vivre et dissimule le sérieux de l’existence.

Veillez ! Travaillez, vaille que vaille : c’est quand la nuit dure sans avancer qu’il faut susciter le jour. En tenue de service, vivez selon les exigences du Royaume et préparez la fête et les noces !


« Veillez » ! C’est-à-dire dénoncez les marchands d’illusions, tous ceux qui vous endorment et vous envoûtent. Soyez des serviteurs attendant le retour du Maître.

Qu’il vous trouve vigilants dans le travail, passionnés de sa parole.


« Veillez » ! Mais ne vous laissez pas gagner par la peur !

Combien de vigilances sont devenues des réflexes de défense ?

Plus de place pour l’inattendu ; le jour où on est visité, on oublie l’ami qui vient en ne pensant qu’à tout ce qu’il faut faire ! Nul n’a plus le droit de venir s’il n’a prévenu longtemps à l’avance et il n’y a plus de place pour la joie de la surprise.

Veillez, mais soyez un peu bohèmes : laissez-vous surprendre !


« Veillez et gardez votre lampe allumée » ! Tenez votre foi en éveil en allumant sans cesse votre lampe à nouveau ; faites savoir à la nuit qu’elle ne l’emportera pas avec ses ruses de mort. Votre amour entretiendra votre espérance, car Dieu ne se fatiguera pas de réveiller son Église. Il la tient dans le monde comme un signe ; un signe qui soutient l’espérance et annonce que la nuit n’est pas sans fin. Ne laissez pas le temps s’écouler et s’enrouler sur lui-même !


Veillez et entretenir : ce sont les autres mots qui disent votre espérance : entretenir ce n’est pas conserver, c’est tenir entre deux temps, tenir dans l’espérance !



Michel Teheux




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