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28e dimanche du temps ordinaire

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 12 oct.
  • 3 min de lecture

28e dimanche du temps ordinaire - 12 octobre 2025

Évangile selon saint Luc 17, 11-19

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À croire qu’ils le font exprès ! C’est encore un étranger qui a le beau rôle !

Les chrétiens d’origine juive n’en ont pas cru leurs yeux de voir tant de païens accueillir dans la joie la foi en Jésus Christ. Stupéfaction de la première génération chrétienne : les voies de Dieu ne sont décidément pas celles des hommes.

Émerveillement d’un Lu, le Grec converti, de voir l’Évangile provincial d’un prédicateur galiléen devenir la Bonne Nouvelle accueille par tous : l’Évangile du Ressuscité est cosmopolite et Paul, l’intellectuel de Tarse et le converti de Damas, dont Luc est le chroniquer, pourra s’exclamer : « Il n’y a plus parmi vous des Grecs et des Juifs, des circoncis et des incirconcis « ? Les Actes des Apôtres noteront : « Ils rendirent gloire à Dieu, car les nations païennes avaient reçu la conversion qui mène à la vie.

 

C’est cet étonnement-là qui habite le samaritain du récit de Luc. La joie d’être sauvé l’envahit. Joie du don sans condition.

 

Comment l’Église oubliera-t-elle si vite cet émerveillement et cette joie ? Pourquoi fera-t-elle de Dieu un Dieu réservé ?

 

« Ta foi t’a sauvé « ! Tout l’Évangile est là : un homme s’est tourné vers Jésus qui, loin des exclusivismes – Il est Juif, lui, est samaritain, un schismatique, un faux frère, un renégat – et des barrières sociales ou idéologiques lui demande s’il veut être purifié. Là est le scandale de l’Évangile : Dieu est sans condition. Dieu sort, Dieu s’expose, Dieu se blesse, Dieu s’offre, Dieu mendie. Telle est la singularité chrétienne. Elle tient dans cette affirmation folle : Jésus rend manifeste un Dieu désarmé.

 

Mais l’Église – et les Églises – ont vite fait de reconstruire les murailles et de s’enfermer fièrement dans leur citadelle : formulations dogmatiques, impérialismes moraux, sectarismes rituels ont vite fait de réemprisonner Dieu, de se l’approprier, de se le réserver.

 

« Guéris-moi » ! La demande de sens aujourd’hui se fait urgente et brûlante. Nos contemporains veulent du sens, oui, mais ils refusent la pensée normative et les pratiques sectaires.

L’Église pourra-t-elle donner du sens sans produire des normes ? Pourra-t-elle interroger et s’interroger plutôt que de prétendre épuiser les questions en imposant une réponse ? L’Évangile est proposition : « Veux-tu être sauvé » ?, un sens qui donne de l’air.

Le lieu originel de l’Évangile, ce sont les collines de Galilée où soufflent le vent frais des matins printaniers et la brise brulante de l’été. Ce sont les routes vers Jérusalem, et même celles qui traversent l’hérétique Samarie. L’Évangile du Grand Vent, de l’Esprit de Dieu, qui est vent, haleine et vie.

L’avenir de l’Évangile n’est pas celui de sociétés repliées frileusement sur ce qu’on a dit ce qu’on a fait ce qu’il faut dire, et ce qu’il faut faire. Il est dans le vent et sur les routes de Samarie.

 

Dans une société émiettée, où les repères normatifs restent nombreux, mais disséminés, si on veut éviter le retour de l’autoritarisme ou la dislocation dans l’éparpillement post-moderne, il est essentiel à l’Église de reprendre la route et de sortir des murailles de Jérusalem.

 

Le samaritain, la syrophénicienne, le centurion de Rome, les lépreux, les publicains sont les acteurs de la réussite de l’Évangile. L’Église, aujourd’hui, osera-t-elle relever le défi de l’autre ?

 

Personne ne peut dire, seul, ce qui est juste, ce qui est bon. Personne ne peut revendiquer seul, le fondement de ce qui construit l’homme. Personne ne peut dénoncer, seul, ce qui le trahit ou le détruit. C’est dans la conjugaison que les couleurs se marient pour, en touches affirmées personnelles, mais associées, esquisser la beauté du tableau impressionniste.

L’Église ne sera l’héritière de l’Évangile du Grand Vent qu’en entrant dans l’harmonie à construire par les hommes et pour les hommes.

 

« Ouvrez les fenêtres » ! s’écriait Jean XXIII pour annoncer l’inconcevable : une Église qui voulait s’ouvrir au monde. Comme l’Évangile.

Libertés conjuguées, actions complémentaires, vulnérabilités partagées devraient être les slogans de toute pastorale et de tout discours d’Église.

 

Elle était belle à voir la joie du lépreux purifié ! Lui qui était malhabile à cause de ses plaies, le voici libre de son corps pour se prosterner devant Jésus. Lui qui était rejeté des hymnes d’Israël, le voici dans l’acte de prières le plus fondamental du peuple élu : la reconnaissance. Lui qui, considéré comme un puni de Dieu, ne pourra entrer au Temple, le voici devant Jésus, le vrai Temple ou il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres.

 

Comme elle pourrait être belle à voir la joie de l’Église qui n’existerait pas pour elle-même, qui n’aurait pas peur de l’autre, qui ne trouverait pas son identité dans l’opposition, mais serait dans le monde et pour le monde ! Comme elle pourrait surgir, grâce encore donnée, l’action de grâce de notre communauté si elle acceptait de se perdre sur les chemins de Samarie !

 

 

Michel Teheux



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