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Photo du rédacteurMichel Teheux

26e dimanche du temps ordinaire

Évangile de Matthieu (21, 28-32)


Deux fils sont invités par leur père à travailler à sa vigne.

L’un répond : « Non », et y va quand même ; l’autre lui répond : « Oui », et il n’y va pas.

« Lequel des deux se fait la volonté du père » ?

La réponse va de soi. On se demande même pourquoi Jésus perd son temps à raconter une histoire aussi banale.

Regardez et voyez : les publicains et les prostituées, ceux qui ne respectaient pas


la loi et prenaient des libertés à l’égard de la morale, ceux dont la manière de vivre n’indique pas un grand désir de faire la volonté de Dieu, ceux-là ont entendu l’incroyable nouvelle : « Le Seigneur m’a envoyé » proclamer une année de grâce. Aujourd’hui s’accomplit cette parole ».

Comprenez donc : entreront dans le Royaume ceux qui, découvrant leur pauvreté, accepteront de retourner leur cœur vers le Père des miséricordes. Bienheureux ceux qui se laisseront convertir par l’amour et la grâce.


« Regardez et voyez… » Désormais le Royaume passe par l’annonce que Jésus en fait. Le salut est lié à sa parole. La promesse s’accomplit dans ses gestes. La volonté de Dieu ne se confond pas avec la Loi ; elle consiste à accueillir Jésus et son enseignement.


« Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus ».

Cette adresse, Saint Paul l’a manifestement dictée avec son cœur. L’heure n’est pas aux longs développements dogmatiques ou théologiques, elle n’est pas non plus à de simples recommandations morales. Le ton de Paul est presque lyrique : « Ô frères s’il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si on a de la tendresse et de la pitié, alors… »


Alors quoi ? Une seule conclusion instante, un seul cri : « Ayez en vous les dispositions mêmes du Christ ! Devenez de la race du Christ. Faites-vous naturaliser dans l’Évangile.

Voilà la Bonne Nouvelle : faites-vous naturaliser dans l’Évangile. Chrétiens, vous portez le nom de celui en qui vous êtes sauvés. Il n’y a d’autre condition pour entrer dans le Royaume: appartenir au Christ est la norme du monde nouveau. Faire siens les sentiments du Christ Jésus est la règle vivante de l’Évangile. Entre le vouloir et le faire, dit un dicton italien, il y a l’immensité de la mer.


En Jésus, vouloir et faire s’identifient. La doctrine de Jésus forme une telle unité avec son destin, avec sa vie et sa mort, qu’aucun système ne pourra jamais rendre compte de ce dont il s’agit réellement. Jésus est l’Évangile et devenir les fidèles de ce message c’est modeler son agir, sa pensée été sa prière sur l’action, la parole et la prière de Jésus. Devenir "Jésus", devenir chrétien. C’est ce fait de suivre une personne qui distingue les chrétiens d’autres disciples et adeptes de grands hommes. Il s’agit d’imiter Jésus car, en chrétienté, on ne peut adhérer au message sans se lier à la personne du Sauveur.


« Ayez en vous les dispositions du Christ Jésus ».

C’est un authentique appel à une autre manière de vivre, une véritable grâce qui ne suppose qu’une chose : qu’on la saisisse avec confiance et qu’on y conforme sa vie. Faites vôtre le style de vie de Jésus, avec le « way of life » de Jésus.


Vie consacrée à l’amour, dans les petites et les grandes choses.

Amour qui ne se vante pas, amour tissé d’attentions et de service.

Amour tranquille de celui pour qui aimer est devenu comme un sixième sens.

Amour qui est compassion parce qu’il est connivence avec les petits et les faibles.

Amour qui est justice parce qu’il exerce la non-violence des pacifiques qui luttent pour l’avènement d’un monde fraternel.

Amour qui est pardon parce qu’il sait la force de l’espérance.


« Ayez en vous les dispositions du Christ Jésus »

On vous dira que ce style de vie est utopique. On pensera que vous êtes fous et que, de toute façon, tout cela ne changera rien.

N’en croyez rien : si vous avez pu imiter un tant soit peu celui qui est allé jusqu’à la dérision de la croix, vous êtes sur le chemin qui mène au matin de Pâque.

Car en Christ est la vie.


Michel Teheux






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