33e dimanche du temps ordinaire - 17 novembre 2024
Évangile selon saint Marc 13, 24-32
Chers Frères et Sœurs,
L'Avent approche à grands pas ! Dans deux semaines, nous entrerons dans cette période de préparation, de veille, mais aussi et surtout d'attente joyeuse. Cependant, en cette fin d'année liturgique, les lectures d’aujourd’hui nous confrontent d'abord à un ton grave, apocalyptique, qui semble en décalage avec l'esprit de lumière et d'espérance que l’on associera dans quelques semaines à Noël. Indéniablement, ce contraste saisissant nous invite à l’introspection et à la nécessité de se préparer à quelque chose de grand. Et si la tonalité de ces textes est grave, elle est là pour réveiller notre cœur, pour nous sortir de notre confort spirituel et de nos habitudes.
En effet, afin d’engager nos cœurs à ce réveil intime et personnel, ce réveil de notre foi, l'Église nous invite à contempler deux textes saisissants et mystérieux, l’un tiré du livre de Daniel, l’autre l’Évangile de Marc. Dans ces passages, nous sommes confrontés à des images qui, à première vue, peuvent inspirer la crainte : celle de la fin des temps, des bouleversements cosmiques, des ténèbres et de la venue du Fils de l'Homme dans la gloire. Cette tonalité sombre, qui nous prépare progressivement l'Avent, n'est pourtant pas là pour nous enfermer dans la peur. Bien au contraire, elle est là pour réveiller en nous l'espérance et la confiance. Dieu est à nos côtés. Il nous prépare à accueillir pleinement le Messie, source de notre salut promis, entouré de ses anges qui nous accompagnent dans cette marche vers le Royaume. Bref, c’est l’Avent avant l’heure !
Dans la première lecture, Daniel – dont le nom signifie « Jugement divin » ou « Dieu est mon juge » (entre-nous, il porte bien son nom dans cette circonstance) – nous parle d'un « temps de détresse », un moment où les forces du mal semblent dominer. Mais dès les premiers mots, Dieu nous offre surtout une promesse de délivrance : l'archange Michel se lève pour défendre le peuple de Dieu. Michel, dont le nom signifie « Qui est comme Dieu ? », représente la protection divine elle-même. Dès lors, n’en doutons pas ! Même dans les pires tourments, Dieu ne nous abandonne pas. Parallèlement à l’assurance de cette protection, Daniel prophétise également la résurrection des morts, une promesse d'espérance au-delà de la mort. Les « sages » et ceux « qui enseignent la justice » brilleront « comme des étoiles » pour l’éternité. Cette image lumineuse dans un contexte sombre est le puissant rappel que notre destin n’est pas de rester dans les ténèbres, mais de rejoindre la lumière éternelle de Dieu. Daniel nous rappelle donc deux promesses contrastées : d’une part que les forces du bien, les anges et la puissance de Dieu, agissent en faveur de ceux qui Lui sont fidèles ; d’autre part que l'histoire de notre monde n'est pas une histoire de déclin, mais de salut, car la venue lumineuse et joyeuse du Christ à Noël est garantie et imminente.
Dans l’Évangile de Marc, Jésus nous prépare également à affronter les signes de la fin des temps.
Il décrit précisément des phénomènes bouleversants : le soleil et la lune s'obscurcissant, les étoiles tombant du ciel. De sa bouche inspirée par l’Amour (ne l’oublions jamais), ses paroles, bien qu’effrayantes, sont adoucies et annoncent le prélude de quelque chose d’immensément beau et glorieux : la venue et le retour du Fils de l’Homme « avec grande puissance et gloire ». Ici encore, le Christ nous rappelle que, même dans les plus grandes tribulations, Dieu vient, Dieu se rapproche, Dieu est avec nous… Ou pour le dire en hébreux : « Emmanuel ». Mais ce message ne s'arrête pas à un simple avertissement. Jésus nous enseigne que la fin des temps avec ses bouleversements est avant tout une invitation personnelle à la vigilance, à la préparation et à l’introspection. Comme l'arbre qui bourgeonne au printemps et qui annonce la venue de l'été, les signes annoncés ne sont pas seulement des symboles de fin, mais bien des signes d'une nouvelle naissance, d'une proximité croissante du Royaume.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, retenons ces points d’attention et regardons avec confiance cette lumière s’approcher de nous. Pourquoi ? Car Daniel, dans sa vision, nous montre déjà que ceux qui sont « inscrits dans le livre » seront sauvés et que « les justes resplendiront comme des étoiles. » Car Jésus lui-même, dans Marc, nous appelle à garder confiance, à lever la tête, car dans cette épreuve qui précède la venue de Dieu, il est là, avec nous ; ou pour le dire en hébreux « Emmanuel ». Nous ne sommes ni seuls ni abandonnés à nos angoisses, mais surtout invités à regarder vers Celui qui vient. Bref, soutenus par l’Espérance, nous sommes appelés à préparer nos cœurs à participer activement à sa venue… à l’Avent. Car si le monde vacille, notre espérance, elle, ne vacille pas. Car elle est profondément enracinée dans notre foi, c’est-à-dire enracinée en Dieu et en son Fils qui a déjà vaincu la mort et enverra ses anges pour nous soutenir et nous accompagner.
Alors, malgré la gravité de ces textes, scrutons l’à venir avec sérénité et confiance. Soyons fortifiés par la promesse que Jésus lui-même nous soutient et nous encourage, et que ses anges sont là pour nous aider à persévérer, à tenir bon. Car les ténèbres sont souvent le signe que la lumière approche ; car les épreuves peuvent être des lieux pour nous recentrer sur l'essentiel de l’Amour… celui de vivre en Dieu, par Dieu et pour Dieu.
Amen. Alléluia.
Frédéric Kienen